Petits taxis Les usagers dénoncent le trafic de compteurs
● Pour certains chauffeurs, toutes les méthodes sont bonnes pour gonfler les tarifs des courses. ● Les clients doivent vérifier les tarifs affichés et faire une réclamation si cela s’impose. Les compteurs mécaniques sont plus faciles à trafiquer. Le secteur des petits taxis n’a pas fini d’être pointé du doigt. Cette fois, c’est le trafic des compteurs et les tarifs exagérés pratiqués par certains chauffeurs de taxi qui exaspèrent les usagers. Quoique ce constat ne soit pas généralisé, plusieurs citoyens se plaignent de ces méthodes «frauduleuses». «Je fais le même trajet quotidiennement et quatre fois sur six je paie un tarif différent. Le prix habituel est de 7,50 DH, alors que le compteur de certains taxis affiche 10 DH. Pire, ces derniers ne rendent pas la monnaie quand il s’agit d’un ou de deux dirhams, quant aux centimes, n’en parlons pas», nous confie Halima, qui prend le taxi pour quelques centaines de mètres le long du boulevard Ali Yaata au Hay Mohammadi. De plus en plus de Casablancais se plaignent des «combines» plutôt subtiles des chauffeurs de petits taxis. «L’exagération des tarifs ne se limite pas à quelques dirhams. Je paie parfois 50% de plus que le tarif habituel. Récemment, le compteur d’un taxi a affiché vers 19 h, 35 dirhams pour une course entre Hay Mohammadi et 2 Mars, alors que ce montant dépasse le tarif de nuit que je paie habituellement», déplore un usager du petit taxi. Des magouilles courantes Ces «accusations» sont confirmées par certains professionnels du secteur. «Quelques chauffeurs peu scrupuleux allument au cours de la journée discrètement le bouton qui déclenche le tarif de nuit afin d’augmenter leurs gains», nous confie un vieux chauffeur de taxi. Et d’ajouter que la pratique la plus courante est le trafic du taximètre qui permet d’augmenter le tarif de la course et même de le doubler parfois. Selon un spécialiste de l’installation des compteurs de taxi, seuls les anciens compteurs sont faciles à trafiquer : «Il faut savoir que les nouveaux taximètres ne laissent aucune possibilité de combine, alors que sur les anciens, de nature mécanique, le chauffeur peut toujours tenter sa chance en changeant le pignon». Cette pratique révolte les usagers de petits taxis. «Certains chauffeurs profitent de la bonne foi des usagers, surtout les personnes analphabètes, pour augmenter, voire doubler leurs tarifs. Généralement, je demande le prix de la course sans regarder le compteur, mais je constate à plusieurs reprises que le tarif est exagéré», remarque Hajja Fatima, qui a souvent recours à ce moyen de transport pour consulter son médecin au centre-ville. D’autres conducteurs augmentent le tarif en allongeant le trajet et en faisant plusieurs détours exploitant l’ignorance des usagers. «Je dois toujours faire attention au parcours emprunté par le chauffeur de taxi sinon il peut prendre un chemin plus long et quand je lui fais la remarque, il me dit qu’il s’est déjà engagé dans cette route. Néanmoins, il y a certains conducteurs qui respectent le code de leur métier et me demandent le tarif habituel en cas d’erreur ou de courses qui exigent quelques détours», affirme un habitué du petit taxi. Explications des chauffeurs de taxi Le métier de chauffeur de taxi nécessite une confiance mutuelle entre le conducteur et l’usager. «Nous sommes tous obligés de respecter notre permis d’exercice, dit de confiance. Les fraudeurs finiront certainement par être pris en flagrant délit. Néanmoins, il faut que les clients fassent attention aussi et portent plainte en cas d’abus», explique un chauffeur de taxi. Ce dernier nous explique également que la situation financière de certains conducteurs de taxis les pousse à avoir recours à ces combines : «Il faut savoir que la plupart des chauffeurs ne sont pas propriétaires des véhicules et encore moins des agréments de taxis. Après avoir payé les propriétaires des voitures, il ne leur reste que des miettes et parfois ils sont déficitaires». Certes, la situation de certains chauffeurs n’est pas facile, mais ceci n’explique pas les pratiques frauduleuses, d’autant que les contrevenants sont passibles d’une immobilisation du véhicule pour plusieurs jours. Selon des responsables du secteur, les taxis frauduleux sont surtout présents près des stations d’autocars, les gares, les hôpitaux, où convergent bon nombre de passagers. Les clients sont aussi appelés à vérifier les tarifs affichés. Ainsi, si un doute les saisit, ils peuvent toujours faire une réclamation. Encore faut-il avoir la patience de suivre cette procédure qui nécessite plusieurs réunions avec le chauffeur de taxi en question, un représentant du syndicat et un représentant de l’autorité. ________________________________________ Une autre pratique douteuse Les contrôles des taxis portent avant tout sur la licence d’activité, l’installation des équipements et l’état des véhicules. «On peut aussi inspecter les compteurs, mais il y a tellement de choses à vérifier sur certains véhicules. Aussi, le nombre de taxis à inspecter ne facilite pas la tâche, sans compter les pressions qui peuvent se faire sur les contrôleurs», nous confie un chauffeur de taxi. Parmi les pratiques sur lesquelles on ferme les yeux, l’affichage des tarifs du petit taxi. Plusieurs véhicules circulent sans ce document qui devrait être affiché sur le pare-brise de manière à ce que le client puisse le voir et le lire clairement. Cette pratique, frauduleuse aussi, permet aux «brouilleurs» de gonfler le montant total de la course quand ils le veulent. Repères • Tarifs de course en petit taxi : • Montant de départ : 2,00 DH. • La course minimale : 7,50 DH. • Montant de la chute du compteur : 0,20 DH/80 mètres. Publié le : 6 Février 2013 – SOURCE WEB Par Nadia Ouiddar, LE MATIN