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La place Jamaâ El-Fna, symbole d’un Maroc multiethnique (Yassir Zenagui)

La place Jamaâ El-Fna, symbole d’un Maroc multiethnique (Yassir Zenagui)

Lundi, 30 Mai 2011 20:59 La place Jamaâ El-Fna, dont le 10-ème anniversaire de sa proclamation par l’UNESCO Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité a été célébré en grande pompe, est « une fierté nationale » et est le symbole d’un Maroc multiethnique, a affirmé le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, M. Yassir Zenagui. Le ministre, qui s’exprimait lundi lors d’une rencontre consacrée à cet événement, a souligné que Jamaâ El-Fna, qui a été frappée au cœur il y a un mois, est considérée comme l’une des dix places les plus mythiques au monde aux côtés de Times Square à New York, la Place Rouge à Moscou et Tienanmen à Pékin. Vitrine et plaque tournante du tourisme au Maroc, la place Jamaâ El-Fna, lieu dynamique et millénaire, a été blessée et notre émotion est grande. Nous ne pouvions rester les bras croisés face à ce drame, a-t-il dit, estimant que Marrakech, bien que blessée, démontre, à travers la célébration de ce 10-ème anniversaire, qu’elle est toujours prête à se renouveler et à continuer sur la voie de l’acceptation de l’autre Témoignage unique de nombreuses cultures du Maroc Symbole de la ville de Marrakech, Jamaâ El-Fna est un témoignage unique de nombreuses traditions et cultures du Maroc qui s’y mêlent et cohabitent depuis des millénaires, a fait observer M. Zenagui pour qui la place a toujours été un carrefour culturel vers lequel convergeaient des populations de toutes origines. «C’est la brassage unique que nous voudrions aujourd’hui, plus que jamais, mettre en valeur. En ce 21-ème siècle marqué notamment par la mondialisation, des hommes et des femmes issus des quatre coins du monde et de toutes les origines viennent s’imprégner de la culture millénaire de ce lieu et d’un brassage culturel multiforme », a affirmé le ministre. Ce lieu est à l’image de notre richesse intangible et multiculturelle. Une richesse qui ne doit à aucun prix disparaître, a-t-il insisté, faisant remarquer qu’aujourd’hui, les conteurs, les acrobates, les cartomanciennes et les charmeurs de serpents, présents depuis des siècles sur la place, se font malheureusement de plus en plus rares et la précarité de leur métier les condamne à la disparition. Cœur battant d’un Maroc ouvert sur l’autre Symbole de paix et vouée à une vocation artistique et touristique, la place Jamaâ El-Fna continuera à vivre dans sa beauté première, une beauté immatérielle, intangible et vivace, a indiqué M. Zenagui qui a avancé qu’elle est le cœur battant d’un Maroc ouvert sur le monde, ouvert sur l’autre. Il a également rappelé que la Fondation des festivals et cultures de tradition, mise en place dans le cadre de la nouvelle stratégie touristique nationale « Vision 2020 », se fixe prioritairement comme objectif de préserver ce patrimoine intangible, aujourd’hui fragilisé, demain enrichi. Culture, authenticité et tourisme ne font qu’un Dans le cadre de cette nouvelle Vision, culture, authenticité et tourisme ne font qu’un et sont indissociables, a-t-il précisé, notant que la place Jamaâ El-Fna est à la fois la porte de l’univers, un régal pour l’œil, l’ouie et l’odorat illustre parfaitement l’histoire d’un Maroc riche de sa culture, son patrimoine et sa magie. Abondant dans le même sens, le ministre de la Culture, M. Bensalem Himmich, a mis en valeur la place pionnière qu’occupe Jamaâ El-Fna dans la littérature populaire et la culture orale Après avoir relevé le rôle de premier plan que joue le tourisme culturel tant dans l’activité économique que dans le rayonnement du Maroc, il a mis l’accent sur la nécessité de revitaliser cette place emblématique qui fait la fierté du Royaume. La culture et le tourisme sont deux créneaux intimement liés de nos jours, a-t-il dit, faisant savoir que son département ne cesse d’œuvrer à la préservation et à la réhabilitation du patrimoine national dans l’optique notamment d’accroître l’attractivité touristique de ce patrimoine. M. Himmich a, dans ce cadre, rappelé les conventions signées, fin novembre dernier à Marrakech lors des 10-èmes Assises nationales du tourisme, entre les deux départements pour le développement du tourisme culturel à travers notamment la création de la Fondation des festivals de tradition et la mise sur place de la Société de revalorisation touristique des Ksours et Casbahs. Pour sa part, le directeur général adjoint de l’UNESCO pour la Culture, M. Francesco Bandarin, a fait part d’emblée de la profonde tristesse de l’Organisation onusienne après l’attentat terroriste qui a frappé le 28 avril dernier Marrakech, « ville du patrimoine mondial et donc de la culture et du dialogue ». La place Jamaâ El-Fna, inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, incarne parfaitement ce foisonnement des cultures que l’Organisation promeut et encourage inlassablement, a-t-il relevé, notant que cette place n’a cessé, au fil des temps, de captiver artistes, écrivains et chercheurs du monde entier, devenant ainsi un espace de rencontres et d’échanges culturels ainsi que le symbole de l’identité urbaine marocaine. Il a, d’autre part, salué « le rôle précurseur » du Maroc en matière de sauvegarde, de promotion de transmission du patrimoine culturel immatériel, soulignant à cet égard que la Place Jamaâ El-Fna bénéficie d’une protection depuis 1922 au titre de patrimoine artistique du Royaume, a été proclamée en 2001 par l’UNESCO chef d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité et intégrée en 2003 la Liste représentative du Patrimoine culturel et immatériel de l’Humanité. M. Bandarin a enfin exhorté l’ensemble des décideurs politiques, acteurs associatifs, communauté des artistes et des amoureux de la place à redoubler d’efforts afin que ce patrimoine continue à exister, à être transmis et à être célébré. Dans le même ordre d’idées, le président du Conseil de la région Marrakech-Tensift-Al Haouz, M. Hamid Narjisse, a fait savoir que la ville de Marrakech est pleinement consciente de l’impératif de préserver ce patrimoine immatériel. Pour ce faire, a-t-il dit, notre action doit se montrer plus que jamais subtile et discrète sur le site. Nous nous devons en effet d’assurer une protection des diverses manifestations culturelles présentes sur la place, dont les contes, les musiques, les chants et danses, la cuisine populaire et d’agir également en amont avec une politique volontaristes de soutien pour la pérennisation de toutes les formes d’arts populaires encore très vivantes dans leur diversité à travers le Royaume, a-t-il ajouté. Face aux effets de la mondialisation, de lourdes interrogations pèsent aujourd’hui sur l’avenir de notre diversité culturelle, a relevé M. Narjisse pour qui la place Jamaâ El-Fna demeure la réponse retenue par le Maroc en vue de montrer au monde entier comment il préserve au quotidien son identité culturelle ancestrale. Initiée par l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT) et la Royal Air Maroc (RAM), cette rencontre, tenue sous la thématique « Retour aux sources et regard sur l’avenir », s’est déroulée en présence notamment de MM. Frédéric Mitterrand et Bruno Joubert, respectivement ministre français de la Culture et ambassadeur de France à Rabat, Mohamed Addou, directeur de l’ONMT, Abderrafie Zouiten, directeur général adjoint commercial de la RAM, et la doyenne de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Marrakech, Mme Ouidad Tebbaa, des principaux opérateurs du tourisme européens et d’une foultitude de journalistes étrangers représentant nombre de supports médiatiques (presse écrite et audiovisuelle). Au terme de cette rencontre, l’assistance s’est rendue à la Place Jamaâ El-Fna où elle a notamment visité une exposition de photographies anciennes de Daniel Fauchon consacrée à cette place mythique et une œuvre collective réalisée par les artistes peintres les plus emblématiques de Marrakech comme elle a tenu à contribuer à l’opération « Tous autour d’un jus d’orange », mise en place par le Conseil régional du tourisme (CRT) au lendemain de l’acte criminel pour rassurer les touristes. Il convient de signaler que la délégation des T.O et des hommes de médias avait assisté, dimanche soir à Marrakech, au grand concert « Voix de la Paix » organisé par l’Association « Maroc-Culture » en hommage à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste du 28 avril dernier avec la participation d’artistes de renom, tels Lionel Richie, Quincy Jones, Sapho et la troupe indienne « Bharati ». SOURCE WEB Correspondance Marrakech : Mokhtar GRIOUTE