TOURISME LA VISION DE HADDAD POUR LAERIEN
IL VA FALLOIR TRIPLER LES DESSERTES! UN FONDS DE CRISE POUR PARER AUX DEPARTS DE COMPAGNIES PLUSIEURS SCENARIOS POUR RAM «De 2008 à 2011, nous nous sommes retrouvés au creux du cycle aérien qui s’étale sur 10 ans», relève Lahcen Haddad LE ministre du Tourisme Lahcen Haddad n’a eu de cesse de le répéter, «l’aérien est un élément fondamental dans l’équation touristique». Invité au club de L’Economiste du 23 janvier, Haddad ne cache pas son intention de «repenser» le secteur en vue de le mettre au service de la stratégie touristique. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui… Sans cette révision, impossible selon lui d’atteindre les 20 millions de touristes ciblés à l’horizon 2020. C’est d’ailleurs aussi l’avis des hôteliers qui ne cessent de revendiquer plus de dessertes aériennes pour remplir leurs hôtels. Haddad n’a pas perdu de temps. Il y a quelques semaines, il a livré une étude sur le secteur qu’il a présentée au ministre des Transports, Abdelaziz Rabbah. Ce dernier serait également partant pour une réforme du secteur aérien au service du tourisme. La prochaine étape sera la présentation de l’étude au chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. D’après Haddad, de 2007 à aujourd’hui, hormis Casablanca et Rabat, l’on est passé de 562 vols hebdomadaires à environ 512. Marrakech, pour sa part, a perdu un tiers de ses vols hebdomadaires, qui sont passés de 300 à 200 vols. Ce qui n’arrange pas les affaires de la cité ocre qui souffre actuellement d’une surcapacité hôtelière faiblement valorisée, avec un taux d’occupation d’à peine 46%. A Agadir, une vingtaine de vols ont été supprimés. Selon la Fédération nationale du tourisme, uniquement durant l’été 2012, l’on a perdu 22% des dessertes aériennes sur le Maroc. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. Pour commencer, l’on aurait un peu trop misé sur les low cost qui représentent près de 49% de l’offre aérienne. Avec la crise, la baisse de la demande en provenance d’Europe et la flambée des prix du fuel, les compagnies à bas coût, pouvant facilement et rapidement redéployer leurs cartes, n’ont pas hésité à abandonner les lignes jugées non rentables. Les charters, eux, ont quasiment disparu! «Par ailleurs, d’après les analyses que nous avons menées, de 2008 à 2011, nous nous sommes retrouvés au creux du cycle aérien qui s’étale sur 10 ans», relève Haddad. Royal Air Maroc aussi a supprimé près d’une vingtaine de routes aériennes depuis la signature du contrat-programme avec l’Etat en 2011. «Il faut souligner que RAM n’a fait que se conformer aux engagements du contrat-programme. Par ailleurs, elle ne représente qu’une partie de la solution», tient à préciser Haddad. «RAM ne peut même pas répondre à 20% de la demande. Et même si l’on fait passer sa flotte à 80 avions, cela n’y changerait rien», poursuit-il. Selon le ministre, la compagnie nationale doit être au service de la stratégie touristique. L’Etat, quant à lui, se doit d’apporter les fonds nécessaires pour qu’elle puisse jouer ce rôle. «Même si, par exemple, un vol Varsovie-Marrakech ne réalise qu’un taux de remplissage de 68%, il reste plus rentable qu’un vol vers l’Afrique qui remplit à plus de 80%. Car il permettra de ramener des touristes qui passent une semaine au Maroc et qui dépensent de l’argent», explique Lahcen Haddad. Selon lui, plusieurs scénarios relatifs à RAM sont actuellement à l’étude. L’un des scénarios serait l’adossement de la compagnie à un opérateur disposant d’une flotte beaucoup plus importante. Par voie de cession ou de prise de participation dans le capital, la question est toujours à l’étude. D’après lui, il va falloir tripler les dessertes aériennes pour pouvoir drainer les 20 millions de touristes tant attendus. Pour y arriver, près de 1.600 vols hebdomadaires sur le Maroc sont nécessaires. Pour Marrakech, un minimum de 500 dessertes par semaine doit être assuré. Il serait également opportun de mettre en place un fonds de crise, permettant de parer aux «départs surprise» de compagnies aériennes du ciel marocain. «Routes essentielles» SELON Lahcen Haddad, il va falloir programmer des vols particuliers selon le type de destination. Par exemple, pour Marrakech, première destination du pays, des vols de low cost et de compagnies régulières seraient plus opportuns. Ce serait aussi le cas de Fès-Meknès et Tanger-Tétouan. Agadir, elle, en tant que destination balnéaire, serait plus concernée par des charters, de même que Saïdia-Nador. Pour les régions éloignées ayant besoin d’être désenclavées, des routes dites «essentielles» pourraient être créées. C’est le cas, par exemple, de Ouarzazate, Dakhla et Errachidia. «Des appels d’offres devront être lancés en vue de choisir les compagnies qui investiront ces routes aériennes», précise le ministre. SOURCE WEB Par Ahlam NAZIH L’Economiste