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Mohamed Boussaïd : Les raisons du limogeage royal enfin connues !

Mohamed Boussaïd : Les raisons du limogeage royal enfin connues !

Derrière cette éviction surprise subsistaient des interrogations. « Le principe de reddition des comptes » étant un motif beaucoup trop vague, il semblerait que le désormais ancien ministre de l’Économie et des Finances ait payé comptant plusieurs « erreurs de parcours ». Explications.

Le limogeage du ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Boussaïd, a été la surprise de ce mercredi 1er août. En effet, à l’issue du discours royal de dimanche soir n'enregistrant aucun séisme politique, comme le présageaient pourtant nombre d’analystes, le carton rouge infligé à Mohamed Boussaïd a pris de court tant l’opinion publique que les membres de l’Exécutif, qui n’étaient visiblement pas au courant à en croire les indiscrétions relayées par certains médias.

Si le cabinet royal, par le biais d’un communiqué, a expliqué sans donner davantage de détails que « conformément aux dispositions de l’article 47 de la Constitution, le roi Mohammed VI a décidé, après avoir consulté le Chef du gouvernement, de mettre fin aux fonctions de Mohamed Boussaïd », et que cette décision a été prise en suivant le principe de « reddition des comptes », la principale interrogation qui subsistait était de comprendre les raisons concrètes de cette éviction trois jours après le discours de la fête du trône.

Hirak, hydrocarbures en trame de fond

Ce sont nos confrères du 360, journal réputé pour sa proximité avec le pouvoir, qui semblent détenir les réponses. De sources concordantes, le média explique que plusieurs motifs seraient derrière le limogeage du ministre. Le premier étant visiblement les retards pris dans le déblocage des fonds prévus dans le cadre du programme Al Hoceima « Manarate Al Moutawassit ». D’ailleurs ce projet, qui accuse plusieurs retards et qui ont été la cause principale du soulèvement du Rif, avait été à l’origine du séisme politique d’octobre 2017 au cours duquel le roi avait limogé trois ministres et banni définitivement cinq autres de toute responsabilité officielle.

L’autre motif serait la gestion du dossier de libéralisation des prix des hydrocarbures. Un dossier qui constitue l’un des pivots de la campagne de Boycott amorcée en avril dernier et qui vise Afriquia parmi les entreprises locales boudées par les Marocains. Le ministre de l’Économie et des Finances était censé faire jouer les règles du marché en faveur du consommateur et indexer les prix à l’international, mais il a manqué d’anticipation et de réactivité rendant la situation du marché incontrôlable. De ce fait, c’est le contraire qui s’est produit avec des prix qui flambent à répétition et des consommateurs qui trinquent.

La cession de Saham assurances fait tâche

La troisième raison de ce limogeage et pas des moindres est le dossier de cession de SAHAM assurance au sud-africain Sanlam. En effet, Mohamed Boussaïd aurait fait preuve de légèreté dans le traitement fiscal de cette vente. Issu du même parti politique (RNI) que le patron de Saham, Moulay Hafid Elalamy, le désormais ancien ministre de l’Économie et des Finances aurait fait une fleur à son ami en le faisant profiter d’une mesure fiscale dérogatoire instaurant le principe d’exonération des droits d’enregistrement sur les cessions de parts d’actions ou de parts sociales et introduite dans le dernier projet de Loi de finances 2018. Un tour de passe-passe qui a provoqué un manque à gagner aux caisses de l’État à hauteur de 420 millions de dirhams. Un conflit d’intérêt, comme le martèlent plusieurs observateurs et médias depuis l’annonce de la vente de la boite d’assurances, alors même que l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS-indépendante) n’a pas donné son feu vert à l’opératin et que les délais requis pour se prononcer sur la recevabilité du dossier ont été dépassés. Le Code des assurances (article 172) stipule que «toute prise de contrôle direct ou indirect supérieur à 30% du capital social (d'une société d'assurance, ndlr) doit recueillir l'accord préalable de l'ACAPS» et que «la réponse de cette dernière doit intervenir dans les 30 jours à compter de la date de réception de la demande présentée à cet effet». Des mois après l’annonce de cette opération, dont le montant s’élève à 1 milliard de dollars, le verdict de l’ACAPS se faisait toujours attendre.

Mais, coup de théâtre ou hasard de calendrier, Saham a procédé – selon nos confrères du journal Tel Quel - ce même mercredi à une opération de change sous forme d’achat à terme pour l’opération de vente de son pôle assurance au groupe sud-africain Sanlam. Selon des sources citées par le journal, cette opération de change laisse penser que l’opération a finalement été validée par l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS).

Si l’annonce du limogeage de Mohamed Boussaïd a été accueillie positivement par l’opinion publique, cette dernière se demande si un séisme politique n’est pas en cours et s’il n’emportera pas le ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Économie numérique. Une « cohérence » qui serait de mise, comme le soulignent plusieurs observateurs depuis mercredi.

Le 01 Août 2018

Source web par : Les Infos

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