RAM: La réouverture de l’école de formation de pilotes est-elle la solution? Voici le pour et le contre

Après la fermeture de son centre de formation de pilotes en 2014, la RAM a dû envoyer des étudiants à l’ENAC de Toulouse et également embaucher des étrangers pour assurer son programme croissant de vols. L’AMPL propose une réouverture de cette école pour surmonter la crise du sous-effectif. Une source sûre rétorque que cette proposition n’a aucune chance de se réaliser sachant qu’une 1ère promotion de pilotes coûtera au moins 300 millions de DH soit 3 MDH par étudiant.
Face au bras-de-fer qui s’éternise entre la direction de la RAM et les membres de l’Association marocaine des pilotes de ligne, la question de la réouverture de l’école de formation refait surface.
En 2018, la RAM emploie 540 commandants de bord et copilotes mais ce chiffre est, de l’aveu-même du transporteur et de l’AMPL, insuffisant pour assurer tous ses vols domestiques, moyen et long-courriers qui ne cessent de s'accroitre avec des nouvelles ouvertures de ligne.
Lors d’une conférence de presse le président de l’AMPL a affirmé que la crise actuelle s’expliquait par un problème de sous-effectif dû à la fermeture de l’école de formation de pilotes qui était gérée et financée par la RAM.
Former des pilotes au Maroc pour mettre fin au sous-effectif ?
Si sa réouverture ne fait pas partie des 4 principales exigences du syndicat des pilotes, il n’en demeure pas moins que l’AMPL explique, en partie, la crise actuelle par un manque de structure de formation.
Ainsi, Amine Mkinsi, président de l'association AMPL a affirmé qu’il manque, au moins, une centaine de pilotes pour éviter les annulations et les retards de vols qui se multiplient depuis le mercredi 18 juillet. Se disant débordé par la très forte pression de la compagnie pour couvrir le programme de vols, il a révélé que les pilotes syndiqués devaient désormais cumuler 76 heures de vols par mois contre 64 auparavant.
"Sa réouverture est une nécessité car même sur le marché international, les pilotes sont devenus une denrée rare et donc chère. La preuve est qu’en 2017, la RAM a voulu embaucher 86 étrangers et que seuls 26 d’entre eux ont répondu présents. Il y a eu un turnover rapide dans ces embauches car certains ont préféré rejoindre Etihad ou Turkish qui offrent de meilleurs salaires et conditions de travail", a précisé Mkinsi.
La situation de ce marché de l’emploi a en effet totalement changé entre 2014, début de la crise pour toutes les compagnies internationales du fait du début des attentats qui se multipliaient dans le monde, et les années 2017-2018 qui correspondent au retour de la forte croissance du tourisme et d’ouvertures de lignes.
En 2014, la RAM avait signé un contrat-programme avec l’Etat qui l’avait obligé à fermer ses centres de formation jugés trop chers pour ses finances (75 MDH/an) sachant qu’elle était une des dernières compagnies au monde à prendre en charge la formation de ses futurs pilotes.
Selon une source ministérielle de l’époque qui a requis l'anonymat, le gouvernement avait proposé qu’elle devienne une école publique dépendante de l’aviation civile avant de se rétracter devant l’énormité des frais à engager.
300 Millions de DH pour une 1ère promotion de 100 pilotes
Après 2 ans de flou, la RAM avait donc dû revendre tous les actifs de l’école (avion, simulateurs …) en optant pour un partenariat avec l’Ecole nationale de l’aviation civile de Toulouse dans laquelle elle envoyait 40 étudiants chaque année.
Interrogé sur la proposition de l’AMPL de rouvrir l’école en divisant les énormes frais de scolarité de chaque étudiant (1,5 MDH sur 3 ans) entre la RAM (1/3), l’Etat (1/3) et l’étudiant (1/3), notre source n’hésite pas à parler "d’hérésie économique sachant qu'une école de pilotage est hors de prix pour le secteur public ».
"Aucun étudiant au Maroc ne coûte aussi cher en même temps à l’Etat (500.000 DH par an) et à une compagnie publique (500.000 DH). De plus, il faut préciser que les transporteurs (privé ou public) qui disposent de leur propre école sont rares dans le monde que le budget d’une école publique d’ingénieurs coûte au maximum 30 MDH pour des promotions de 200 étudiants et pas 100 lauréats comme pour celle pilotage", assure notre interlocuteur qui juge peu probable l’adoption de ce financement dans le cadre du futur contrat-programme RAM-Etat.
Selon lui, cette option est inenvisageable pour une raison très simple que ne manquera pas d’exploiter "notre économe" ministre des Finances auprès de son Chef de gouvernement.
"Même si le besoin de pilotes est une vraie urgence par rapport à 2014 et que le sous-effectif est une réalité à la RAM, il faudra attendre 3 ans avant d’obtenir un 1er contingent d’étudiants-pilotes opérationnels.
"Cela veut dire qu’en comptant (au bas mot) 75 MDH de budget de fonctionnement annuel (chiffre de l’ancienne école) auxquels il faudra ajouter 75 MDH d’investissement (avion-école, simulateurs …), on obtient une facture totale de 300 MDH pour former les 100 premiers pilotes de cette école", conclut notre source qui exclut qu’en cette période de croissance atone, Elotmani et Boussaid puissent donner leur accord à ce qui s’apparente plus à une création onéreuse d’école qu’à une réouverture sans frais supplémentaires (avions école, simulateurs, locaux …).
Pour mettre fin au sous-effectif de son personnel naviguant, le salut pourrait venir de l’installation au Maroc d’une école privée étrangère mais d’ici là, la RAM n’aura d’autre choix que d’attendre la fin du cycle de formation des étudiants qu’elle a envoyés à Toulouse ou de recruter des pilotes étrangers.
Le 24 Juillet 2018
Source Web : Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation

Tourisme interne : La région bien lotie mais aspire à mieux
Oujda est facilement accessible depuis Casablanca puisqu’elle est reliée par autoroute. La distance séparant les deux villes est de 615 km. Une double voie ...

La RAM et l'AMPL scellent enfin un accord
Enfin un accord entre la Royal air Maroc (RAM) et l'Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL). Mardi soir, la compagnie nationale a annoncé la conc...

La RAM et l’ONMT concrétisent leur partenariat
- La Royal Air Maroc et l’Office National Marocain du Tourisme entrent de plain-pied dans une nouvelle ère de collaboration pour faire rayonner la marque Mar...

Abdelhamid Addou s’est installé dans les locaux de la RAM
La cérémonie de passation de pouvoir entre Driss Benhima et Abdelhamid Addou s’est déroulée ce lundi 8 février à 11 heures au siège de la RAM à Rabat....

La RAM se met au service du tourisme
Grande nouveauté, la Royal Air Maroc vient de lancer un portail proposant des milliers d’hôtels en ligne avec paiement. Une belle initiative qui va permettr...

Codeshare : Alliance russe pour Royal Air Maroc
Les compagnies aériennes Royal Air Maroc et S7 Airlines ont annoncé un accord de partage de codes entre Casablanca et Moscou, portant en outre pour les client...

L’Algérie a-t-elle gagné le bras de fer face au Maroc ?
C’est la fin d’un bras de fer entre le Maroc et l’Algérie, deux pays en froid depuis des années. Alors que le doute planait sur la participation des Lio...

Fret aérien : Royal Air Maroc Cargo récompense ses meilleurs partenaires nationaux
Royal Air Maroc a organisé, jeudi soir à Casablanca, une cérémonie de remise de prix pour récompenser ses meilleurs partenaires nationaux dans le domaine d...

Zouitene est-il intègre ?
La saison estivale est propice à toutes les surprises, bonnes ou mauvaises, révélatrices ou calomnieuses, véridiques ou carton-pâte. Habitués à toutes...

Maroc : Nouvel aéroport et TGV pour 80M passagers d'ici 2030
Le Maroc vise une capacité aéroportuaire de 80 millions de passagers d’ici 2030, selon le ministre des Transports et de la Logistique, Abdessamad Kayouh. Ce...

Montpellier: alerte à la bombe sur un vol de la RAM
Les services de la gendarmerie française ont empêché ce lundi 29 mai à la mi-journée un avion de Royal Air Maroc de décoller de l'aéroport de Montpel...