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Loisirs des jeunes Un état des lieux désolant

Loisirs des jeunes   Un état des lieux désolant

Le constat des différentes enquêtes réalisées jusqu’à ce jour est incontestable : les jeunes n’ont pas de lieux de loisirs. De ce qui existe : les structures sont délabrées, les programmes inadaptés et les activités proposées sont dépassés... Zoom sur un douloureux diagnostic. Triste est la réalité des loisirs et des activités de la jeunesse. Les rapports sur les activités et les loisirs des jeunes se suivent et se ressemblent. Tous relèvent des carences quant aux structures et établissements permettant aux jeunes de se divertir et de pratiquer des activités de loisirs. Le dernier rapport en date est établi par le Conseil économique et social (CES) sur le thème : «Lieux de vie et action culturelle». Ce sujet a été choisi suite au rapport publié par le Conseil, au début de l’année en cours, et qui lui avait pour thème : «L’insertion des jeunes par la culture». Ce rapport a mis en évidence les formes de carence dont souffrent les jeunes, de même que les autres catégories sociales, dans les domaines de l’action culturelle. En effet, selon le CES, l’état des lieux relatif à la jeunesse et à la culture ont révélé un déficit de l’action culturelle, marqué par l’insuffisance des structures d’accueil et des équipements et leur répartition inéquitable entre les différentes régions, ainsi que par l’inadéquation de l’offre culturelle publique avec les attentes et aspirations des jeunes. C’est donc dans le but d’établir un diagnostic et de formuler des propositions concrètes à ce sujet, que le CES a récidivé avec un autre rapport, en cours d’élaboration, sur les lieux de vie. «La Commission chargée de la culture et des nouvelles technologies estime qu’il est nécessaire de procéder à une réflexion approfondie et à une recherche ayant pour objet les dimensions culturelles et légales des lieux de vie fréquentés, volontairement ou non, par différentes classes et catégories sociales», explique-t-on auprès du CES. Et de poursuivre : «Il va sans dire que la bonne santé des structures sociales, leur bon fonctionnement ou dysfonctionnement, leur efficience ou inefficacité, dépend de l’existence d’une dialectique entre structure et sens, entre contenant et contenu. En effet, les différents espaces culturels et lieux d’accueil offrent ou produisent une culture et des valeurs qui, pour peu que les conditions soient propices, peuvent participer pour une grande part à l’intégration sociale et à la cohésion nationale». Les objectifs de ce rapport sont donc de faire le diagnostic de l’état des lieux des différents lieux de vie liés de près ou de loin aux affaires culturelles et mettre en évidence leurs rôles dans l’insertion sociale, leurs modes de fonctionnement et de gestion, ainsi que les aspects de carence dont ils souffrent ; et bien sûr formuler et élaborer des propositions pertinentes pour la mise à niveau des lieux de vie et des différents espaces culturels ou non, qui accueillent les enfants, les jeunes et d’autres catégories d’âge. Si le CES multiplie les rapports pour tirer la sonnette d’alarme concernant le déficit des structures culturelles dédiées aux jeunes et leur importance dans la vie de ces derniers, le Haut commissariat au Plan (HCP) n’est pas en reste. En effet, l’organisme a présenté en juin dernier les résultats de l’Enquête nationale sur les jeunes, une enquête, réalisée au cours de l’année 2011 auprès d’un échantillon de 5 000 jeunes et qui a permis, selon le HCP, d’approcher les valeurs et les comportements de cette catégorie de la population ainsi que ses perceptions de son environnement socio-économique et institutionnel. Malheureusement, le moins que l’on puisse dire est que cette dernière met en lumière la triste réalité sur les loisirs et les activités de la jeunesse. Il ressort de cette enquête que plus de 87% des jeunes ne pratiquent aucune activité artistique (musique, danse, théâtre, etc.) et 75,5% n’assistent jamais à ce type d’activité. Côté sports, l’enquête révèle que 55,5% des jeunes ne pratiquent pas de sport. Pour les activités manuelles ou artistiques, les chiffres sont encore plus désolants : seuls 2,7% des jeunes pratiquent régulièrement ce type d’activité. Le seul loisir des jeunes Marocains reste la télévision et la radio (plus de 68% affirment qu’ils regardent la télévision ou écoutent la radio régulièrement). Maisons de jeunes Ces chiffres aussi désolants soient-ils, n’étonnent personne, ou presque, lorsqu’on sait que les seuls lieux publics permettant aux jeunes de pratiquer des activités culturelles et artistiques sont les maisons de jeunes. Or celles-ci souffrent de délabrement depuis le début des années 2000, sachant que le budget qui leur est alloué, chaque année, dépasse les 100 MDH. D’ailleurs, le Forum de la citoyenneté avait tenté d’alarmer les responsables sur l’état de lieux de ces structures, en 2008, en élaborant un programme pour la réhabilitation des maisons de jeunes en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et des sports, l’Agence du développement social. Ce programme visait également à convaincre l’ensemble des intervenants à investir dans ces espaces à même de leur permettre de jouer le rôle d’intermédiaire entre les différents intervenants et les jeunes. Cette initiative socioculturelle des jeunes pour le développement, dont la principale mission est le renforcement du rôle de la maison des jeunes en tant qu’institution de développement. Rappelons que le Maroc dispose de près de 500 maisons de jeunes, dont 40% se trouvant en dehors des villes. «La répartition des maisons de jeunes veille bien à assurer notre présence dans les zones urbaines et dans les régions rurales», indique Younes El Jaouhari, directeur de la Jeunesse, de l’enfance et des affaires féminines auprès du ministère de la Jeunesse et des sports. Durant la même année (2008), le ministère de la Jeunesse et des sports avait mis en place un programme 2008-2012 visant le renforcement des festivals et évènements dédiés aux jeunes pour que ces activités soient accessibles à cette tranche de la population afin de concrétiser la politique de proximité et le principe de citoyenneté participative. Aujourd’hui, l’action sur les maisons de jeunes s’articule autour de deux principaux axes : l’infrastructure et les contenus. «Nous avons entamé depuis quelque temps un grand programme de mise à niveau de l’infrastructure. Notre objectif est de réaménager la totalité des maisons de jeunes à l’horizon 2016. Nous sommes, aujourd’hui, à plus de 300 établissements ce qui constitue 60% de l’ensemble de ces maisons», souligne M. El Jaouhari et d’ajouter : «Plusieurs ressources sont mises à la disposition des maisons de jeunes pour assurer un fonctionnement convenable. La principale demeure, cependant, les animateurs, hommes et femmes, qui œuvrent quotidiennement pour offrir un service adéquat aux jeunes. Nous avons un certain manque à ce niveau. C’est pourquoi il devient urgent d’imaginer des façons innovantes de gérer ces établissements». Par ailleurs, le ministère travaille sur une étude qui permettra de mieux construire la répartition géographique des maisons de jeunes, d’élaborer des programmes qui répondent de façon directe aux préoccupations de ces derniers, notamment en terme d’emploi, d’éducation, de loisirs… et d’adopter de nouveaux modes de gouvernance impliquant encore plus les jeunes et les acteurs associatifs. ______________________________________ Questions à : Younes El Jaouhari, directeur de la Jeunesse, de l’enfance et des affaires féminines auprès du ministère de la Jeunesse et des sports «Les maisons sont appelées à jouer un rôle plus important en terme d’accompagnement» Quel est l’état actuel des maisons des jeunes au Maroc ? Jouent-elles toujours le même rôle ? Les maisons de jeunes constituent un pivot central au niveau de l’action jeunesse du ministère de la Jeunesse et des sports. Elles permettent, en effet, de développer un contenu que nous arrivons à offrir aux jeunes dans un cadre de proximité avancée. Ces maisons nécessitent, toutefois, une petite mise à niveau essentiellement en ce qui concerne certaines installations vétustes et quelques programmes non adaptés. Ces maisons sont aussi appelées à jouer un rôle plus important en terme d’accompagnement des jeunes. Pour cela, nous avons élaboré un plan de travail ambitieux qui vise à satisfaire les besoins des jeunes. Quelles sont les autres structures dédiées aux jeunes ? Le ministère de la Jeunesse et des sports dispose de plusieurs autres types d’établissements dédiés à la jeunesse. Je cite à ce titre les centres d’accueil et les colonies de vacances dont la mission est d’assurer un service de voyage, les centres de formation professionnelle qui disposent des cursus d’apprentissage, les centres socio-sportifs de proximité ainsi qu’une infrastructure sportive fort appréciée. Je tiens à préciser à ce niveau que l’ensemble de ces établissements a un rôle important d’éducation de notre jeunesse. Quel est le plan d’action du ministère en faveur des jeunes ? Nous travaillons depuis quelque temps sur la Stratégie nationale intégrée de la jeunesse 2020 qui est actuellement à ses phases finales. 2013 sera l’année de la mise en œuvre. Deux actions phares sont prévues : le lancement du Programme national d’auto-emploi des jeunes et celui de la Carte jeunes. Publié le : 16 Décembre 2012 – SOURCE WEB Par Hafsa Sakhi, LE MATIN