Mobilisation du Réseau Euro Méditerranéen autour de l’écotourisme
L’écotourisme en Méditerranée n’est pas qu’une question de moyens. La crise économique ne doit pas être un alibi pour reléguer au second plan les actions à mettre en œuvre. « Ce sont les comportements qui doivent changer » rappellent les participants aux 13èmes Assises Jeunes et Méditerranée qui se sont déroulées à Nice. Pour le docteur Marie Abboud-Abi Saab du CNRS au Liban : il faut changer la vision des riverains sur leur patrimoine méditerranéen (photo Ch. Navas) MÉDITERRANÉE. « Être un agitateur d’idées » telle est la raison d’être du Réseau Euro-Méditerranéen. Initié et animé par le Centre de découverte du monde de marin, basé à Nice, le réseau dispose de peu de moyens, mais de grandes ambitions. Ce n’est pas un « machin » de plus, car son président, Richard Chemla, a eu l’intelligence de miser sur les jeunes générations, « il faut changer les comportements, c’est pourquoi nous avons choisi de travailler avec les jeunes ». Une dizaine de délégations venues des rives sud et nord de la Méditerranée ont travaillé ensemble pendant trois jours à Nice, du 25 au 27 septembre, sur le thème de l’écotourisme à l’occasion des treizièmes assises « Jeunes et Méditerranée » avec pour objectif de partager des expériences et échanger des bonnes pratiques. « Le tourisme est essentiel au développement des pays méditerranéens, il contribue à une homogénéisation du niveau de vie, préserver son potentiel passe par une démarche de développement durable » rappelle Richard Chemla. Spéculation immobilière, bétonisation du littoral, pollutions ravageuses, nécessité de préserver les écosystèmes et de mieux valoriser le patrimoine culturel, les problématiques demeurent identiques tout autour du bassin méditerranéen comme le mettent en évidence les différents témoignages durant ces trois journées. Les réponses et les moyens divergent. « Benidorm est l’exemple à ne pas suivre » dénoncent les jeunes Catalans qui fustigent « l’uniformisation du littoral sous la pression immobilière » alors qu’il faudrait en valoriser les richesses singulières. Destination en vogue, la Croatie prend conscience qu’elle risque de perdre son âme en s'ouvrant sans précaution au tourisme de masse. L'Algérie commence à s’attaquer au fléau de la pollution, les communes se regroupent pour investir dans des stations d’épuration, mais souvent manquent ensuite les techniciens pour en assurer le bon fonctionnement et la maintenance. Changer les comportements « Il faut surtout changer la vision des riverains sur leur patrimoine méditerranéen » insiste le docteur Marie Abboud-Abi Saab, chercheur au CNRS au Liban, pays invité d’honneur, de ces assises. « Il existe d’immenses potentialités autour de l’éco-tourisme marin au Liban, nous avons 220 km de côtes, une biodiversité d’une extraordinaire richesse, des grottes et des sources sous-marines, deux réserves naturelles mais cela suppose une vision stratégique de l'aménagement des côtes au niveau de l’état, vision qui fait défaut aujourd’hui » regrette la scientifique. « L’éco-tourisme n’est pas encore une priorité dans notre pays car nous sommes confrontés à des lourdes difficultés économiques et les tensions géopolitiques de la région ont entraîné une baisse très importante de la fréquentation touristique » poursuit Marie Abboud-Abi Saab qui s’investit dans des actions de sensibilisation auprès des jeunes, préalable nécessaire pour faire évoluer les comportements. La crise n'épargne pas les pays de la rive nord de la Méditerranée, Grèce, Espagne, Italie en tête. Les budgets revus à la baisse et les enjeux de l’éco-tourisme ne pèsent pas lourds face aux difficultés économiques. Pas question pour les jeunes du Réseau Euro-Méditerranéen d’en rester là. La question essentielle à poser pour préparer demain, insistent-ils, reste plutôt « de quelle façon peut-on être écotouriste aujourd’hui en Méditerranée ? ». SOURCE WEB Par Econostrum