Il y a trop de pauvres dans mon joli pays : La vérité crue des chiffres du HCP
Le Haut commissariat au plan peaufine son modèle de ciblage géographique pour la réduction de la pauvreté
Mercredi 17 à Rabat, le Haut commissariat au plan (HCP) a présenté les principales conclusions de l’étude relative à la pauvreté, la vulnérabilité et l’inégalité selon l’approche monétaire ainsi qu’un modèle de ciblage géographique de lutte pour leur réduction.
Les travaux dont les experts du HCP ont, tour à tour, exposé les grandes conclusions devant un parterre d’invités, visent à mettre à la disposition des décideurs une cartographie de la pauvreté au niveau de toutes les unités territoriales leur permettant « de fonder, sur des données objectives, les arbitrages requis dans l’affectation géographique et sociale des ressources budgétaires destinées à la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité et, d’une façon plus générale, aux programmes sociaux », a indiqué le Haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami.
Comme l’a souligné Khalid Soudi, la nouvelle cartographie de la pauvreté monétaire a été élaborée par les experts de l’Observatoire des conditions de vie de la population (OCVP) dont il est le directeur, sur la base d’un couplage des données issues en 2014 de l'Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages (ENCDM) et du Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH).
De la nouvelle cartographie de la pauvreté, il ressort ainsi qu’à l’échelle communale, sur un total de 1.683 communes et centres urbains, 39,2% ont un taux de pauvreté monétaire inférieur à 5%, 29,8% un taux entre 5% et 10%, 23,8% un taux entre 10% et 20%, 5,1% entre 20% et 30% et 2,2% un taux supérieur à 30%.
La nouvelle étude montre qu’en milieu rural, « sur les 1279 communes, le taux de pauvreté monétaire est inférieur à 5% dans 28,5% des communes, et se situe entre 5% et 10% dans 34,4%. Il oscille dans une fourchette comprise entre 10% et 20% dans 28,2% des communes, entre 20% et 30% dans 6,0%, et est supérieur à 30% dans 2,9% des communes», ont relevé les experts du HCP.
A l’échelle urbaine, le constat est que sur les 404 communes et centres urbains, 73,3% ont un taux de pauvreté inférieur à 5%, 15,1% un taux de pauvreté entre 5% et 10%, 9,7% un taux entre 10% et 20%, et 2,0% un taux supérieur à 20%, ont-ils souligné.
Revenant sur l’intérêt de ces travaux, Ahmed Lahlimi Alami estime que dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, les politiques publiques sont restées, en général, adeptes du système de transfert des ressources budgétaires à l'ensemble de la population, d’une manière forfaitaire.
Si ce mode de transfert forfaitaire a contribué au net recul des taux de pauvreté et de vulnérabilité, à l’échelle nationale et plus nettement en milieu urbain, le Haut commissaire au plan est persuadé qu’« il n’a pas su, en comparaison avec les ressources qui lui ont été affectées, capitaliser en potentialisant l’approche apportée par l’INDH en ciblant des catégories sociales et des espaces géographiques qui en avaient le plus besoin ni assurer la durabilité de sa reproduction encore moins atténuer les distorsions sociales et territoriales dont il est par nature porteur ».
Soulignant les distorsions dues à ce mode, Ahmed Lahlimi Alami a relevé que les travaux à partir de l’ENCDM ont montré, à cet égard, qu’en 2014, près de 30% des subventions budgétaires destinées au soutien des produits alimentaires et de butane ont profité aux 20% des ménages ayant le niveau de vie le plus élevé, contre 13% aux 20% les plus défavorisés, avec un rapport de plus de 2 fois au profit des premiers. « Ce rapport est de 2,4 fois dans le cas de la farine nationale de blé tendre, 3,4 fois dans celui du sucre et de 1,9 fois dans celui du gaz butane », a-t-il ajouté.
Des distorsions auxquelles n’auraient pas échappé le Ramed et l’accès de la population au système public d’éducation et de formation. Ainsi, afin de canaliser les ressources publiques au profit maximum des populations qui en ont le plus besoin, une meilleure formule de ciblage s’est dès lors avérée nécessaire.
Par ce travail de cartographie de la pauvreté monétaire, Ahmed Lahlimi Alami a dit espéré mettre à la disposition des pouvoirs publics, sur le plan national et régional, comme au niveau des collectivités élues, un outil permettant de mieux cibler les objectifs en matière de développement humain et de maximiser le rendement des ressources qui leur sont affectées à cet effet.
« La baisse remarquable de l’ordre de 21 points des taux de pauvreté que révèlent nos travaux dans les communes rurales ciblées par l’INDH, depuis 2005, sont de nature à interpeller sur la pertinence d’une extension du modèle opératoire de cette initiative en termes de ciblage et de pratique participative de réalisation des projets», a-t-il lancé. Avant de conclure : le pays gagnera en amélioration de ses indicateurs sociaux et ses budgets en rendement de leurs dépenses.
Le 19 Mai 2017
SOURCE WEB Par Libération
Les tags en relation
Les articles en relation
Statistiques de l’emploi. Le HCP répond à Moulay Hafid Elalamy
Le HCP annonce via un communiqué l'organisation d'une rencontre qui s'articulera autour de l'Enquête nationale sur l'emploi. Les chiffres ...
Le CNDH lance une campagne de sensibilisation contre le mariage des mineures
Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) lance une campagne nationale sous le thème: «Mariage des mineures: suspendre l’exception…consolider la ...
Recensement général de la population : les nouveautés pour 2024 présentées par Ahmed Lahlimi
Le recensement général de la population et de l’habitat de 2024 connaîtra une véritable rupture technologique. La collecte des données sera réalisée su...
Croissance : Le pessimisme persiste
Après 0,5% au 2e trimestre dernier, l'économie marocaine poursuit son évolution à un petit rythme. La croissance se serait établie à seulement 1% au 3...
Taux de chômage de 10% à fin septembre 2018, à peine 19.000 emplois industriels créés
De septembre 2017 à septembre 2018, le Maroc a créé 122.000 postes d’emploi. Le chômage a reculé, passant de 10,6% au troisième trimestre 2017 à 10% en...
L'économie informelle pèse plus de 20% du PIB, selon la CGEM
ÉCONOMIE - “L’économie informelle pèse plus de 20% du PIB, hors secteur primaire et 10% des importations formelles”, selon une étude présentée jeudi...
Symposium international L’université apporte sa contribution à la réflexion sur le modèle de d
Cette séance inaugurale a été l'occasion pour l'assistance de se faire une idée de la vision du nouveau modèle économique et social. Ph. Seddik ...
Le besoin de financement s’accroît fortement
L’épargne nationale a baissé de 1% en 2018, alors que l’investissement brut et la consommation nationale ont augmenté respectivement de 6,6% et 4,8%, en ...
Le résumé de l’information touristique nationale et internationale sur le Net
Pourquoi les voyages n'ont que des avantages 81% des personnes interrogées affirment avoir constaté une amélioration de leur état de santé et de...
Des jeunes en mal d’emploi, d’éducation et de formation
Près de huit actifs occupés sur dix ne bénéficient pas de couverture médicale au Maroc, selon le HCP La part des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui ne so...
Tourisme: La revanche des résidents
Les dépenses progressent de 6,8% à 32,7 milliards de DH en 2015 La baisse des prix et l’étalement des vacances expliquent le phénomène Sur les cinq...
Industrie : L’optimisme de retour au 3e trimestre
Les entreprises sont confiantes quant au bon comportement de leur activité au 3e trimestre. Celles opérant dans l’industrie manufacturière s’attendent en...


samedi 20 mai 2017
0 
















Découvrir notre région