Marrakech/Tourisme: Victimes de la surcapacité, des hôtels à l’abandon

Fermés pour travaux depuis plusieurs années, ils sont laissés à l’abandon
Victimes de la crise, mais aussi de l’augmentation de la capacité litière
L’hôtel Impérial Borj, sis dans le quartier de l’Hivernage de Marrakech, est fermé depuis plus de 6 ans après avoir été racheté par un investisseur du Qatar (Ph. Mokhtari)
Impérial Borj, Kenza, Koutoubia, Tafilalet…, la liste des hôtels fermés est longue. Pas moins d’une douzaine d’établissements d’hébergement de Marrakech -fleurons de l’industrie hôtelière dans les années 1990 et 2000- tombent en décrépitude aujourd’hui. Certains sont même devenus le refuge des SDF. Il faut dire que ces dernières années ont été difficiles pour le secteur du tourisme, davantage pour les établissements qui ne sont pas adossés à des enseignes.
La ville a connu «un effet de ciseaux» avec une capacité litière qui a presque doublé en moins de 10 ans au moment où les arrivées touristiques se sont stabilisées. Et il était prévisible que plusieurs établissements allaient en pâtir. Certains hôteliers avaient tiré la sonnette d’alarme en 2010 et avaient proposé une pause quinquennale des investissements dans un souci de rétablissement de la rentabilité du secteur. Sur le terrain, l’introduction d’une nouvelle offre hôtelière de luxe plus moderne et design adossée à la baisse du régime a particulièrement achevé ces établissements individuels, vieux de 25 ans. On compte ainsi quelque 5.000 lits de perdus pour la ville de Marrakech.
En 10 ans, Marrakech a doublé sa capacité litière et il était prévisible que la nouvelle offre litière, plus moderne, allait mettre à mal les anciens hôtels. Certains hôteliers avaient tiré la sonnette d’alarme en 2010 et avaient proposé une pause quinquennale des investissements dans un souci de rétablissement de la rentabilité du secteur
Pour cet hôtelier de la place, la baisse de régime dans l’activité touristique a poussé par ailleurs certains hôtels à baisser leurs tarifs. «Les 5 étoiles vendent au prix des 4 étoiles qui eux-mêmes vendent au prix d’un 3 étoiles. Une dégringolade jamais vue qui contribue à mettre à plat les trésoreries des établissements». Pour Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière, il existe trois explications à ces fermetures. La première est une absence d’accompagnement du secteur de la part de l’Etat. «Par accompagnement, nous entendons une meilleure politique de promotion et l’augmentation de l’offre aérienne pour permettre aux hôtels de remplir leurs lits».
Le même leitmotiv revient à chaque fois chez les opérateurs: c’est l’aérien qui fait défaut. L’autre raison à l’origine de ces fermetures est liée à une mauvaise gestion de l’exploitation. Un hôtel a besoin d’une mise à niveau tous les 6 ans, malheureusement, un grand nombre d’établissements marocains n’entament des travaux que lorsqu’ils perdent des étoiles», estime Zelmat. «En bout de course, ils se retrouvent face à de lourds investissements». Comment faire face à une telle dépense quand ceux qui ont
Après avoir perdu une étoile, l’hôtel Kenza (3 étoiles), situé en plein Guéliz, a fermé ses portes en 2012. Sur place, aucune trace de travaux et l’hôtel semble à l’abandon (Ph. Mokhtari)
le plus besoin de lifting sont en difficulté financière et ont du mal à assumer leurs charges?
La formule Rénovotel, qui pourrait les assister dans leur mise à niveau, ne peut financer que 50% des travaux. Elle est estimée contraignante à cause de critères d’éligibilité sévères. «Il faudrait réfléchir à des allégements ou à d’autres mesures pour encourager les hôteliers à rénover leur établissement», soulignent les professionnels. Le troisième facteur qui contribue à cette dégringolade est l’informel.
Une étude de l’observatoire du tourisme avait indiqué qu’à peine 50% des touristes individuels qui arrivent à Marrakech vont dans les hôtels. L’informel et les maisons d’hôtes captent en effet les 50% restants. Avec la montée en puissance de l’hébergement collaboratif de type Airbnb, les risques de mettre en péril les entreprises touristiques sont encore plus grands, estime le président de la FNIH.
Le 24 Mars 2017
SOURCE WEB Par L’économiste
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