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Un milliard de personnes en plus sur la planète en 2030 : on les met où ?

Un milliard de personnes en plus sur la planète en 2030 : on les met où ?

La planète comptera 8,5 milliards de personnes d'ici 2030, selon les Nations unies. Et s'il était temps de s'emparer de ce problème de surpopulation pour éviter le pire ? Comment les nourrir ? Quelques pistes avec Jean-Paul Fritz.

Et si la surpopulation mondiale était plus dangereuse que le changement climatique ?

La surpopulation mondiale est-elle un risque plus important pour l'humanité que le changement climatique ? Si l'on en croit les déclarations récentes de Nicolas Sarkozy, ce serait le cas.

Opposer les deux ne doit pas être un moyen bon marché de justifier un quelconque pause dans la lutte contre les changements d'origine humaine sur le climat de la planète. Cependant, il ne faudrait pas non plus ignorer le fait que la croissance démographique est devenue un phénomène sans précédent.

Il va falloir trouver des solutions pour nourrir tout ce monde

Une personne qui atteint aujourd'hui l'âge de la retraite aura vu la population mondiale pratiquement tripler depuis sa naissance. Autour de 7,3 milliards de personnes arpentent aujourd'hui la planète, et ce chiffre n'est pas près de diminuer : les estimations des Nations unies évoquent, dans une hypothèse de croissance médiane, 8,5 milliards de Terriens en 2030, 9,7 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100.

Même s'il n'y avait pas de changement climatique et ses conséquences sur la productivité agricole, les approvisionnements en eau potable et l'habitabilité de certaines régions du globe, on aurait un problème de ressources.

Il va donc falloir trouver des solutions viables pour nourrir tout ce monde. Quelques pistes :

Réduire les naissances. Ce serait la solution logique : puisqu'il n'y a pas assez de ressources, il faudrait prévenir l'augmentation de la population, par exemple en conditionnant certaines aides internationales à la réduction des naissances, ou même en mettant en place au niveau mondial des "allocations familiales à l'envers" récompensant les familles ayant moins d'enfants, surtout dans les pays à forte croissance. Mais l'humanité a rarement fait preuve de logique tout au long de son histoire. Il ne faut pas rêver.

Arrêter le gaspillage alimentaire. Ce n'est peut-être pas une solution sur le très long terme, mais nous produisons des quantités colossales de nourriture sans les consommer. Récemment, on estimait qu'en Europe on pourrait nourrir 200 millions de personnes supplémentaires rien qu'avec les produits ainsi mis au rebut.

Faire évoluer la production agricole. Il faudra de toutes façons s'y atteler du fait du changement climatique, qui va demander une adaptation des cultures. Mais déjà aujourd'hui, on a calculé que le gaspillage des ressources au niveau de la production permettrait de nourrir... trois milliards de personnes supplémentaires. Le chiffre peut sembler ahurissant, mais c'est le résultat d'une étude menée notamment à l'université du Minnesota (USA). Selon ses auteurs, il faudrait commencer par manger davantage de ce que nous produisons, et donc réduire la proportion des cultures consacrées aux biocarburants et à l'alimentation animale. On pourrait aussi améliorer les pratiques agricoles notamment dans les régions où la production est moins importante (Asie, Afrique, Europe de l'est).

Manger du poulet, des insectes... Comme décrit précédemment, réduire la part des cultures consacrées à l'alimentation animale représenterait un gain colossal. Cela voudrait dire manger du poulet et du porc plutôt que du bœuf, qui consomme sept à huit fois plus de calories pour être produit. Et peut-être aussi passer à la consommation de protéines issues d'insectes, qui ont un bien meilleur rendement.

Coloniser Mars, la Lune, et l'espace en général. Ce n'est pas une solution à très court terme, mais on peut préparer l'avenir. Elon Musk souhaiterait établir une colonie martienne d'un million de personnes (le minimum pour qu'elle soit totalement autosuffisante). Son concurrent milliardaire Jeff Bezos rêve de stations spatiales servant d'usines et aussi de colonies, avec là aussi des millions de personnes en orbite. On pourrait ajouter des colonies lunaires, et pourquoi pas, aller au-delà. Mais il est peu probable que ces solutions nous servent d'ici la fin du siècle... trop tard pour régler le problème de la surpopulation.

Des régions pour accueillir l'excédent de population

La répartition géographique des futurs habitants de la planète, tel est l'objet des réflexions de deux chercheurs des universités de Harvard et de l'Arizona, qui ont étudié le problème sous l'angle de la planification urbaine à l'échelle mondiale. Ils remarquent notamment que l'expansion actuelle, notamment dans des régions urbaines denses comme l'Asie et l'Afrique, provoque une dégradation de l'environnement... et même souvent des terres agricoles nécessaires pour nourrir les populations.

Il faudrait donc planifier, à la fois localement et mondialement. Et pour cela, mettre en avant les régions du monde qui pourraient accueillir des populations importantes sans pour autant aggraver la dégradation de l'environnement local et planétaire. Ce qui exclut donc les régions déjà surpeuplées, les zones pauvres en ressources potentielles, ou encore les secteurs à protéger du fait de leur diversité naturelle. Or, nourrir un milliard de personnes supplémentaires dans les quinze années à venir représenterait quelques centaines de millions d'hectares de cultures.

Pour les deux scientifiques, il y a tout de même des régions du monde capables d'accueillir un excédent de population de manière durable. Ils ont ainsi exclu les zones où l'approvisionnement en eau potable pourrait poser problème, les régions arides, glacées, celles qui hébergent des espèces animales ou végétales uniques, ou encore les régions où la densité de population dépasse déjà les 100 personnes au kilomètre carré. Ce qui exclut la plus grande partie de l'Europe, le Moyen-Orient, l'Inde, la Chine et l'ouest des États-Unis. Et ils recommandent de prendre en compte les effets prévisibles du changement climatique.

Que reste-t-il ? "De grandes étendues de l'Amérique du Sud, des zones du sud du Canada et du nord des États-Unis, l'Afrique du centre-sud, des parties de l'Asie au nord de l'Himalaya et de la mer Noire au nord de la Chine, et diverses parties de l'Océanie".  Ces régions pourraient donc fournir les ressources nécessaires pour subvenir aux besoins de leurs nouvelles populations.

Reste que les régions en question, même si elles sont accueillantes en théorie, n'ont pas forcément les attraits que rechercheraient les colons potentiels. L'attrait des villes déjà industrialisées, l'illusion d'y trouver un travail, le désir de rejoindre des proches qui sont déjà installés dans telle ou telle grande ville, sont autant d'incitations individuelles à poursuivre des mouvements de populations existants, ou la croissance de zones à l'urbanisation exponentielle.

Mettre en œuvre une telle solution n'est pas simple, et les auteurs en sont conscients : "Une telle vision exige une coordination à l'échelle mondiale, et requiert des politiques internationales et nationales pour la protection de l'environnement, le développement urbain et les migrations humaines". Ce qui voudrait dire investir pour créer de nouvelles cités, de nouvelles exploitations agricoles. Une planification de la colonisation de très larges zones de notre propre planète, en quelque sorte. Là encore, il faudrait que les gouvernements soient capable d'investir dans des projets d'avenir à long terme. Utopique ?

Le 06 Novembre  2016
SOURCE WEB Par Leplus.Nouvelobs

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