Redouane Mrabet Le marché du travail est friand de profils pointus
Redouane Mrabet, président de l’Université Mohammed V-Souissi Libé : Vous en êtes à votre deuxième forum de l’emploi. Quoi de neuf ? Redouane Mrabet : Je tiens à rappeler tout d’abord les deux objectifs majeurs de ce forum, à savoir rapprocher les employeurs des lauréats ou des futurs lauréats et communiquer sur le large éventail de formations dispensées. 73 filières dont 50 masters sont proposées par la faculté des sciences de l’éducation et les deux facultés des sciences juridiques, économiques et sociales, Souissi Rabat-Salé. Ce qui est un record pour des établissements qui, quelques années auparavant, n’offraient qu’un nombre limité de formations. Saluons au passage le travail énorme effectué par l’équipe pédagogique pour atteindre ces résultats. Cet événement est une occasion pour l’université de se vendre. Bien entendu, les facultés n’ont pas cette tradition, ce réflexe de communiquer autour du travail effectué. Souvent on parle de l’université pour énumérer ses dysfonctionnements mais pas pour apprécier son côté positif. Il faut souligner que ce forum est fait par et pour les étudiants. Une équipe de 50 personnes s’est investie à fond dans l’organisation de cet événement. L’administration est là juste pour les encadrer et leur donner un coup de main. Une façon de les responsabiliser et de les valoriser. C’est à eux donc de convaincre les entreprises de participer, d’aller vers les officiels. Après une première expérience, ils ont atteint leur rythme de croisière. Le programme prévu pour cette année est plus étoffé. Leur critère de performance se traduira sans doute par le nombre de visiteurs qu’ils auront réussi à attirer. Ce genre d’initiatives s’inscrit-il dans la démarche visant à redorer le blason de l’université ? Le changement ne se fera pas d’un seul coup. On ne dispose malheureusement pas d’une baguette magique. On s’y attelle et dans quelques années le résultat sera probant. Quid de l’insertion professionnelle des lauréats de votre université ? Une enquête d’insertion professionnelle des lauréats est initiée par notre université. Elle a démarré il y a quatre mois déjà et les résultats sont attendus pour le mois de mai prochain. C’est une enquête en ligne qui porte sur un panel de 3000 lauréats. Il y a eu d’abord une pré-enquête afin de rassembler les coordonnées des étudiants. C’est un travail de fourmi. Nous n’avons fait appel à aucun cabinet extérieur. On évaluera les résultats obtenus et on avisera en conséquence pour les prochaines enquêtes. Sans vouloir anticiper sur les résultats, à combien estimez-vous la période de recherche d’emploi par vos lauréats? Les divers échos qui me parviennent sont très positifs. Cela se passe plutôt bien. Il faut dire qu’avec les formations spécialisées que nous dispensons, nous ciblons des niches afin de mieux répondre aux demandes spécifiques des entreprises. Ainsi et à titre d’exemple, un juriste du transport ferroviaire, aérien ou terrestre trouvera facilement preneur sur le marché de l’emploi. Les profils pointus sont très demandés. Est-ce que les autres universités suivent le mouvement ? Les autres universités déploient d’énormes efforts pour être en phase avec l’évolution constante du marché. Les responsables des universités sont conscients des enjeux et font de leur mieux avec les ressources humaines dont ils disposent en termes de professeurs. Parfois le milieu socio-économique peut aider également. Il faut dire qu’à Rabat, nous sommes privilégiés par rapport aux autres établissements. Pensez-vous que le chômage est juste une question de formation ? Notre université tient à répondre aux besoins des acteurs mais ces besoins ne sont pas toujours connus ou pas valablement exprimés. Très souvent, on est à l’écoute à travers la presse. Sachant que la réponse ne peut être immédiate car il faut compter avec le facteur temps. Ainsi, il faut commencer par préparer la formation, l’accréditer par le ministère avant de l’enseigner. Ce n’est que deux ou trois ans après que le diplôme arrive. On ne peut faire autrement. C’est un processus à suivre. Nous essayons d’être plus réactifs. Quand les besoins sont connus, on fournit les compétences demandées. A ce propos, les facultés de médecine et de pharmacie ont déployé d’énormes efforts en termes d’étudiants inscrits qui ont atteint 6000. Le déficit en médecins étant très accentué au Maroc. Les lauréats ne coupent-ils pas les ponts avec l’université une fois diplômés ? On essaie de les récupérer à travers la création d’associations. Les étudiants à la faculté n’ont pas cette culture d’appartenance qu’on retrouve au niveau des écoles d’ingénieurs. On essaie d’encourager ce genre d’initiative. On a déjà réussi avec une première association des lauréats qui vient juste de constituer son bureau. L’objectif étant d’aider par la suite les étudiants. On essaie d’agir en amont, c’est-à-dire que les étudiants devraient avoir l’idée de créer des associations, des clubs. Qu’en est-il du partenariat public-privé ? Il faut avouer que c’est encore assez timide. On a déjà établi un partenariat avec le Centre régional d’investissement (CRI) de Rabat et l’ANAPEC. Nous avons été approchés récemment par l’Administration des douanes pour d’éventuels stages pour nos étudiants et peut-être même des recrutements. Samedi 14 Avril 2012 SOURCE WEB Par Nezha Mouni Libération