Sécurité alimentaire Des systèmes agricoles en danger
● Un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pointe du doigt les défaillances des politiques agricoles. L’alimentation, un des défis majeurs pour les populations de l’hémisphère sud. Le rapport sur «L’état des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde», publié en 2011 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) n’a pas été tendre envers les responsables chargés des stratégies agricoles dans le monde. «Les politiques de développement agricole ont eu tendance à privilégier les investissements dans les zones à fort potentiel et dans l’irrigation, la mécanisation et la spécialisation des cultures (monocultures) aux fins de la production des matières premières commerciales et de culture d’exportation», indiquent les auteurs. Toujours selon eux, si cette politique a profité aux agriculteurs dotés de terres productives et d’un accès à l’eau, à la mécanisation et aux capitaux, elle n’a pas été de même pour la majorité des petits agriculteurs qui, eux, sont connus pour exploiter des sols généralement pauvres dans le cadre de systèmes caractérisés par une mauvaise gestion et une faible consommation d’intrants. À l’horizon 2050, l’augmentation de la population devrait se traduire par une demande mondiale de produits alimentaires de 70% supérieure à celle de 2009, un accroissement de production qui devra même atteindre 100% dans les pays en développement. La demande croissante des produits alimentaires et la détérioration des ressources en terres et en eau menacent la sécurité alimentaire mondiale. Pour trouver une solution à cette crise qui se profile, certains États font une course pour l’achat de vastes surfaces de terres en Afrique, Asie et Amérique latine, où les ressources en terres et en eau sont abondantes et disponibles. «Bien que cette pratique ouvre des perspectives de développement, il n’est pas exclu que les ruraux pauvres soient chassés ou perdent leur accès à la terre, à l’eau et aux autres ressources naturelles», ajoutent les auteurs de ce rapport. L’acquisition des nouvelles terres n’est pas vraiment la solution si rien n’est fait pour inverser la tendance actuelle. Pour relever les défis à venir tels que la fourniture d’au moins 70% des produits alimentaires d’ici à 2050, le rapport recommande de changer les politiques agricoles. Il appelle les États à opter notamment pour des pratiques agricoles durables, adopter l’approche participative, accroître les investissements pour améliorer les infrastructures publiques liées à l’ensemble de la filière commerciale, depuis le producteur jusqu’au consommateur. Pour ce qui est de l’investissement mondial dans la gestion de la terre et de l’eau, le rapport de la FAO préconise que les besoins d’investissements bruts entre 2007 et 2050 ont été estimés à près d’un billion de dollars. Pour ce qui est du Maroc, parmi les solutions proposées entre autres pour contrer les pratiques agricoles non durables, les Systèmes ingénieux du patrimoine agricole d’importance mondiale (SIPAM). «Au Maroc, nous devons encourager la mise en œuvre des SIPAM dans les oasis et dans les montagnes, jugées zones fragiles», a souligné Seddik Saidi, chef du département de l’Amélioration et de la conservation des ressources génétiques à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) à Rabat. ________________________________________ Terres irriguées La surface des terres cultivées dans le monde a augmenté de 12% au cours des 50 dernières années. Quant aux terres irriguées, leur surface a doublé pendant la même période, assurant la majeure partie de l’augmentation nette de la surface cultivée. Pendant le même temps, la production agricole a été multipliée par un facteur compris entre 2,5 et 3, grâce à une amélioration substantielle des rendements des principales cultures, a indiqué le rapport «L’état des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde», publié par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2011. Repères • ■ Climat • Le changement va probablement altérer les cycles de température, le régime des précipitations et les débits fluviaux dont dépendent les systèmes de production agricole. • ■ Irrigation • Les systèmes d’irrigation actuels fonctionnent en deçà de leurs capacités, il sera important de les renforcer tout en investissant dans les savoirs locaux, les technologies modernes, etc. • ■ Impacts • Les systèmes intégrés agriculture-élevage et les systèmes intégrés irrigation-aquaculture promettent d‘accroître efficacement la production tout en limitant les impacts sur les écosystèmes. Publié le : 8 Avril 2012 – SOURCE WEB Par Rachid Tarik, LE MATIN