Le développement des zones minières débattu à Zagora Une première
ils étaient nombreux ce week-end à avoir fait le déplacement à Zagora. Pour la première fois, le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), le Groupe d'exploitation minière et industrielle Managem et le Collectif associatif pour le développement et la démocratie de Zagora (RAZDED) s'y sont réunis autour d'une même table ronde pour débattre d'un thème posé sous forme d'interrogation : «Quelle stratégie pour un développement durable dans les régions minières du Sud-est ?». La question résonne encore… et la réponse reste en suspens. Les 21 et 22 avril, les échanges se sont enfin ouverts. Depuis les années 1970, amorce des exploitations dans la région Sud-est, Managem, est resté «fermé» au débat avec la population locale, première à subir les répercutions de l'installation du géant minier sur son territoire. Ce que désirent les associations, c'est avant tout un partage plus équitable des richesses. «Notre objectif c'est de construire une stratégie à long terme et durable. L'erreur à ne pas commettre serait de conclure sur le champ des conventions. Il faut laisser les acteurs régionaux exprimer leurs revendications, leurs besoins et surtout leurs points de vue sur cette stratégie. Pas de précipitation mais un discours construit et réfléchi », explique Ahmed Chahid, président du RAZDED. Les ateliers proposés tout au long du week-end devaient servir ce propos. Au programme : état des lieux de la situation socioéconomique, environnementale et culturelle dans les zones minières et environnantes, définition des partenariats entre les différents acteurs, identification des grands axes de réflexions, etc. Les associations espèrent que ce processus sera un déclic pour autrui : «L'idée c'est aussi de transposer le débat dans d'autres régions concernées par les mêmes problématiques. Qu'il puisse servir de modèle. Toutes les régions concernées par l'exploitation de Managem ne sont pas dans le Sud-est. En ce sens, Tata est invitée à titre d'observateur. Des tensions perdurent dans d'autres zones d'exploitations minières comme celles de phosphate. Là-bas, le débat a été engagé d'une autre manière. Cette rencontre permettra aussi de savoir quelle est la meilleure façon de communiquer», ajoute A. Chahid Et elle ne se dessine pas d'un trait. Le débat à Zagora n'a pu voir le jour qu'après un long processus de communication et prise de contacts entre les trois parties, le RAZDED et le FMAS jouissant de la confiance des acteurs locaux. De tous bords, on évoquait la méfiance. D'un côté, le géant minier craignait de s'engager avec des acteurs sociaux et associatifs inconnus, de l'autre les associations, aux exigences accrues, n'avaient pas foi en Managem. «Aujourd'hui, personne ne peut se permettre de rester en marge de la discussion, tout le monde a à y gagner. Il y a une crise, des tensions qui peuvent dégénérer et se propager à d'autres régions. On ne traite pas directement de Imiter, en crise depuis un an, mais on espère que cette rencontre pourra apaiser les esprits et ouvrir la voix à des solutions», insiste Houria Es-Slami, présidente du FMAS. Dans cette partie du Maroc, les mouvements sociaux très violents ont rendu la situation explosive. Aux tensions qui opposent travailleurs et employeurs, s'ajoute une crise sociale. Le décrochage scolaire est une thématique redondante dans les problèmes marocains. Les enfants ne vont plus à l’école en raison d’un manque de structures d’accueil, de transport et d’actions éducatives. Si le Forum de Zagora n’a pour le moment rien clarifié sur ces termes, c’est pourtant là qu’il faut agir : réaliser des études et établir un plan précis d’action en fonction des besoins spécifiques de chaque secteur. Les avancées verront le jour à force de rigueur. Les associations ont donc tout intérêt à clarifier, préciser et fixer leurs besoins. Et là encore, des progrès sont attendus. Le caractère général de cette rencontre n’aura échappé à personne. Pas de grande déclaration donc, mais des «pistes». L’initiative mérite d’être saluée pour sa primeur et la volonté d’impliquer les régions du Sud-est dans leurs perspectives d’avenir. C’est une première et tous les acteurs confondus espèrent que des stratégies viables aboutiront. Mais si Managem est ouvert à la discussion, selon les dires du FMAS, rien n’est encore gravé dans le marbre. Tout reste à construire. Et aucune date n’a encore été annoncée pour des rendez-vous ultérieurs. Expérience singulière ? La forte communication dont a bénéficiée cet évènement ne doit pas retomber aussi sec dans les oubliettes. Ce serait là une erreur. Maintenant que l’exploitant minier s’est affiché dans le débat public, il est certain que l’affaire sera suivie de près et les retombées de cette rencontre scrutées à la loupe. A qui entre en scène doit anticiper les répliques. Légende : Ahmed Chahid, président du RAZDED estime que le projet doit servir de modèle à d'autres régions. (Crédit Photo : Elodie Cabrera). Lundi 23 Avril 2012 SOURCE WEB Par DNES : Elodie Cabrera Libération