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Régionalisation, les CRI calent

Régionalisation, les CRI  calent

Depuis que la commission consultative a rendu son rapport, ce sujet pourtant crucial semble avoir perdu en intensité. Rien ou presque ne filtre plus sur les prochaines étapes de ce chantier fondamental pour le royaume. Pour trouver la dernière sortie des responsables sur la question, il faut en fait remonter à la déclaration de politique générale de Abdelilah Benkirane devant les représentants de la nation. Ce jour là, le chef de l’Exécutif défendait, sans broncher, que la consécration de la régionalisation avancée constituait un des leviers majeurs pour le renforcement de la démocratie, de la modernisation des structures de l’État et du développement économique et social intégré. Excusez du peu ! Toutefois, le chef du gouvernement, qui s’était vu reprocher le caractère «trop général» de sa déclaration, n’avait pas évoqué de calendrier précis dans l’avancement de ce projet. Pas de calendrier donc, mais surtout pas d’orientation claire. Aussi, les organes régionaux préexistants demeurent ainsi dans le flou quant à la place qu’ils joueront dans ce chantier. C’est notamment le cas des centres régionaux d’investissement. Ceux-ci étaient érigés jusque là en véritable outils majeurs dans l’économie des régions, à travers leur double rôle de guichets uniques de la création d’entreprises et de promoteurs des investissements. Qu’en sera-t-il dans le cadre de la régionalisation avancée ? Chevauchement des prérogatives Là aussi, l’orientation peine à se décanter, surtout que le projet de loi de finances a expliqué que «la région sera dotée d’un organe exécutif fort, bénéficiant d’attributions élargies et de ressources financières et humaines adéquates». C’est dire s’il y a risque de chevauchement dans les prérogatives de cet organe exécutif et de celles des CRI respectifs de chaque région. Pour l’instant, le gouvernement avance la carte législative, en signifiant que «les efforts seront déployés pour l’élaboration d’une loi organique, instituant une gestion démocratique des affaires de la région et des autres collectivités territoriales et renforçant leurs pouvoirs, tout en assurant un transfert progressif des responsabilités vers les régions, encadré par la loi et sur une base contractuelle». En clair, la prochaine étape de ce chantier se matérialise dans l’élaboration d’une loi organique encadrant la question. À partir de là, la délimitation des prérogatives pourra être clarifiée. En attendant, il est évident que les CRI devront revoir leur positionnement stratégique. Ce projet est bien évidemment conduit par le ministère de l’Intérieur. Ce département a d’ailleurs décidé de mettre en place un Project Manager Office (PMO) qui sera chargé du déploiement, du suivi et de l’évaluation des chantiers du programme de transformation dans le réseau des CRI. Ce PMO animé, par un ancien directeur de CRI, dont l’identité n’a pas encore été révélée, devrait en fait s’occuper de la maîtrise d’ouvrage de ce repositionnement stratégique. 12 régions, 16 CRI Il pourra notamment bénéficier de l’appui méthodologique et technique d’un prestataire dans ce projet, qui se conçoit sur un horizon minimal de 2 ans. Encore faut-il que les choses se clarifient du coté du gouvernement. En effet, même pour des questions préliminaires comme celle du nombre de régions ou encore de leurs frontières, rien n’est encore tranché. La commission consultative de la régionalisation a rendu sa copie, en présentant un découpage idoine. Toutefois, celui-ci n’a pas manqué de susciter les protestations. Invité des Echos, Ali Belhaj, président de la région de l’Oriental, expliquait il y a quelques semaines que ce découpage n’avait pas respecté ni l’histoire ni les cultures régionales et que de ce fait, il ne serait de toute façon pas viable. De leur côté, les membres de la commission pour la régionalisation ont défendu ce découpage, par le truchement des ressources et de la viabilité économique. Toujours est-il que cette question doit être tranchée pour donner de la visibilité au repositionnement stratégique des CRI. Ceux-ci sont aujourd’hui au nombre de 16. Or, si le nombre des régions devait être confiné à 12, cela induirait le regroupement de certains CRI. Plus encore, les CRI devront trouver leur place, en termes de prérogatives, au côté, comme nous l’avons expliqué, des nouveaux organes exécutifs de chaque région, mais aussi au côté des agences de développement régional. CRI version digitale La première étape du repositionnement stratégique des CRI passe donc par la formulation de la vision stratégique relative aux missions et au statut cible du centre régional d’investissement, à terme. Ces CRI 2.0 sont appelés à participer pleinement à la vie économique des régions, tout comme l’ont fait jusque là les CRI dans leur ancienne formule, tout en améliorant leur organisation et en effectuant une refonte de leur plateforme IT et interfaces administrés. Aussi, ce repositionnement stratégique devrait d’abord passer par une mise en œuvre dans 3 régions pilotes. Ces dernières, qui accueilleront le déploiement des initiatives prioritaires dans une sorte de test grandeur nature, seront choisies sur la base de critères de taille, d’importance et de motivation du management à accompagner le changement. En attendant, le gouvernement est appelé à clarifier les choses en ce qui concerne la concrétisation du projet de régionalisation, pour trouver les gisements de croissance qui sont nécessaires et plus encore, pour impulser factuellement le repositionnement des CRI... 2.0.