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Le FIDADOC d’Agadir, un grand pôle du documentaire au Maroc

Le FIDADOC d’Agadir, un grand pôle du documentaire au Maroc

L’évènement a acquis une place de choix parmi les festivals les plus importants au Maroc

Le Festival international du  documentaire à  Agadir (FIDADOC), première manifestation dédiée depuis 8 ans, exclusivement au film documentaire au Maroc, accueille au fil des éditions des  dizaines de professionnels marocains et étrangers, producteurs, responsables de formation et de festivals, et s’impose désormais,  comme une vraie plateforme d’échanges au carrefour de l’Afrique, du monde arabe et de l’espace euro-méditerranéen.

Le créneau du documentaire, pour lequel ont opté les organisateurs revêt de nos jours  un  intérêt et un enjeu cruciaux. Comme l’a dit la présidente du festival : « Le documentaire est un formidable outil de réflexion et de création. Il représente une alternative dans un monde où nous sommes devenus les témoins passifs d’abattages médiatiques en tous genres, pour traiter de montées de l’obscurantisme, de la violence, et de l’ignorance. Plus que jamais, nous devons soutenir l’entreprise de la connaissance ».

A l’instar des années précédentes, la programmation de la 8 ème édition qui a  eu lieu du 2 au 7 mai 2016 a été riche, intéressante et diversifiée. 30 films représentant  25 nationalités ont été projetés. L’émotion et la confrontation au réel  ont été au rendez-vous avec des films qui ont donné à voir des expériences humaines qui interpellent notre humanité comme  notre  intelligence en nous rappelant les principales questions de l’heure.

La compétition internationale a comporté   10 longs métrages  inédits au Maroc ou en première mondiale. Quoique l’ensemble des œuvres présentées n’ait pas démérité, les plus réussies et les plus  fortes  ont été distinguées.

Le Grand prix Nouzha Drissi est allé à  Alisa in Warland de Liubov Durakova et Alisa Kovalenko (Pologne, Ukraine) : «  Mêler à ce point l’intime et le politique par la force du cinéma pour nous entraîner à vivre la guerre dans des scènes hallucinantes qui rappellent les grands films de fiction »   a impressionné et enthousiasmé le Jury.

Le Prix spécial du jury  a été attribué à  Fi Rassi Rond-point de Hassen Ferhani (France, Algérie). « A travers le lieu et les personnages qui y travaillent, le film parvient à décrire toute une société algérienne, son quotidien, ses aspirations, ses espoirs et sa détresse  avec humanité et finesse. »

Callshop Istanbul de Hind Benchekroun et Sami Mermer (Canada, Maroc, Tunisie) a reçu le Prix des droits humains et le Prix coup de cœur de TV2M. Le film « a retracé avec délicatesse les combats de vie tout en, mêlant une réalité sociale et politique d’une grande violence dans un dispositif ambitieux ».

Quand au Prix du public Noureddine Kachti, il a été décerné à A Present from the Past de Kawthar Younis (Egypte). Le film  mêle harmonieusement le road-movie au portrait intime d’une relation père-fille, décrit avec humour et tendresse.

Le film marocain, Ba Smina de Omar Tajamouti,  aurait mérité quelque attention, mais figurer parmi cette sélection de films de grande qualité est en soi une distinction

Les films illustrant le thème de l’édition « Liens de famille et de parenté » ont été tout aussi bien faits et intéressants. Nous avons été bouleversés par le film d’ouverture, qui a été notre coup de cœur,  In the darknesss (Dans l’ombre) de la Belgo-Marocaine Rachida El Garani, native de Taroudant. Relation poignante de la vie d’une famille comportant 11 membres,  tous aveugles ou en passe de le devenir. La réalisatrice arrive, comme miraculeusement, mais avec certainement un immense effort  et une grande patience,   à gagner la confiance de cette famille, plongée dans la précarité et la détresse, et à créer un rapport privilégié avec ses membres, qui finissent par s’exprimer par-delà les réserves, les tabous et la pression sociale. Il est étonnant qu’une telle maîtrise soit  le fait d’une étudiante, dans une première œuvre. En revanche, il n’est pas étonnant que depuis son passage au Festival international  du documentaire d’Amsterdam (IDFA) et dans des Festivals de Belgique (Doc Ville, Louvain, Moov Festival),  le film soit déjà demandé par un  grand nombre de manifestations  internationales (Il sera en compétition à Los Angeles).

Nous avons également apprécié  Tisseuses de rêves de la Marocaine Ithri Iroudane (France –Maroc). Des femmes du Moyen Atlas tentent de s’arracher à leur condition en créant une coopérative. Servi par de belles images et une mise en scène tout en fluidité,  enthousiaste, tonique et didactique, le film tire son originalité de la place qu’il accorde au patrimoine culturel marocain, amazigh particulièrement.

L’une des rubriques les plus importantes de la programmation, parce que hautement rentable est « La ruche documentaire » à laquelle ont participé cette année une cinquantaine de réalisateurs en herbe. En plus des conférences, des rencontres avec un jury de  professionnels qui  ouvre  des débats avec des porteurs de projets de documentaires  en font de véritables laboratoires de formation,  les projets sélectionnés bénéficiant d’accompagnement  et de soutien. Comme l’a dit Hicham Falah, le directeur artistique et délégué général du festival : « Les jeunes Marocains donnent à entendre et à voir des paroles brutes et des visages inoubliables. Ils constituent les premiers fruits de la démarche volontariste du FIDADOC et de ses partenaires naturels, la chaîne TV2M, les écoles et les professionnels du cinéma pour structurer une véritable filière documentaire ».

Les autres activités programmées ont  aussi un impact certain, comme les projections dans les établissements éducatifs et culturels et les localités de la région (Taroudant, Tiznit, Aït Melloul, Inzegane, Amskroud, Chtouka et Biougra) ou les échanges entre les artistes locaux et les  artistes invités. Cette année, les rencontres avec le groupe sénégalais de rap Keur Gui et le danseur palestinien Maher Shawamra ont constitué des dialogues inédits entre cinéma et arts de la scène.

Le FIDADOC a  assurément acquis, de haute main,  une place de choix parmi les festivals les plus importants au Maroc, du fait de son niveau d’organisation et son envergure au diapason des manifestations internationales,  et parce qu’il est devenu la vitrine du documentaire mondial au Maroc, ainsi qu’un  laboratoire actif du documentaire national, ce  qui n’est pas sans contribuer  au regain actuel d’intérêt pour le documentaire et à sa renaissance tant espérée.

Le 20 Juin 2016
SOURCE WEB Par Libération

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