Une RAM plus performante, plus réactive et avec des coûts en baisse
Entretien avec Abderrafia Zouitene, directeur général exécutif de Royal Air Maroc La compagnie aérienne nationale agit pour réduire ses coûts, restaurer sa compétitivité et booster ses performances. Parmi les mesures phares menant à cet objectif, l’homogénéisation de la flotte, la restructuration du réseau et l’amélioration de la qualité du service au client. Terminal 2 de l’aéroport Mohammed V de Casablanca. Le Terminal 1 sera, lui, réservé en traitement de la clientièle RAM et sera prêt fin 2013. Le Matin : Royal Air Maroc a pris part à la 3e édition du Salon d’Air Show de Marrakech comme elle l’a fait lors des précédentes éditions. Qu’est-ce que cela rapporte pour la compagnie ? Abderrafia Zouitene : L’intérêt de la participation de la RAM à ce salon est évident. La compagnie a un long passé dans l’aéronautique avec des compétences reconnues dans le domaine de la maintenance, de la formation des pilotes et des opérations aériennes en général. La RAM est aux meilleures normes de certification avec un ensemble de labels et de reconnaissances internationales. La certification IOSA (IATA International Safety Audit) obtenue en 2005 constitue le référentiel commun de l’association internationale du transport aérien. Notre centre industriel aéronautique bénéficie quant à lui des agréments américains et européens les plus rigoureux. D’ailleurs, grâce à cette maîtrise des métiers aéronautiques et de l’expertise de son personnel, la RAM a, quelque part, contribué à travers son propre développement, à faire du Maroc une plateforme industrielle des métiers de l’aéronautique. SMES et MATIS Aerospace sont nées de la volonté commune de la compagnie et de partenaires internationaux comme Boeing ou encore SNECMA. Le salon Marrakech Air Show est également une bonne opportunité de partager notre expérience avec les différents prestataires et intervenants, aussi bien américains, européens ou asiatiques, présents à Marrakech. C’est également l’occasion pour notre compagnie d’organiser des rencontres avec des autorités aéronautiques de pays amis. Ainsi, l’année dernière, ce fut le cas avec certains pays africains. Cette année, sous l’égide du ministre du Transport et de l’Equipement, ce sont les pays du Maghreb qui étaient à l’honneur avec la présence de fortes délégations et plus particulièrement des ministres du Transport tunisien et mauritanien. Quel bilan pouvez-vous faire du contrat-programme signé entre la RAM et l’Etat, depuis septembre 2011 ? La compagnie a pris des engagements dans le cadre d’un programme Etat-Royal Air Maroc qui fixe les objectifs à atteindre par notre compagnie, mais également les mesures d’accompagnement de la part de l’État. Des réformes en profondeur et des actions de rupture ont déjà été menées : réduction des effectifs d’environ 1.500 départs, retrait de 10 avions afin d’homogénéiser la flotte... Ainsi, à partir d’avril 2012, la flotte moyen-courrier de la compagnie sera composée uniquement de B737 NG, c’est-à-dire des B737-800 et 700. Ceci permet de réduire les coûts d’exploitation et de simplifier les process opérationnels. La restructuration du réseau a également été entamée en fermant les lignes structurellement déficitaires et en recentrant notre activité sur la plateforme de Casablanca. La refonte de notre implantation commerciale et le recours aux nouvelles techniques pour la commercialisation ont été renforcés. Tous ces chantiers, qui sont très structurants, ont été réalisés en un laps de temps très court avec le souci de préserver et d’améliorer la satisfaction des clients. La ponctualité, à titre d’exemple, a été nettement améliorée sur les cinq derniers mois avec 10 points de mieux. Aujourd’hui, pour les quatre premiers mois de l’exercice en cours, les résultats de notre compagnie sont en avance par rapport aux engagements souscrits dans le cadre du contrat-programme, et ce, malgré un environnement dégradé : baisse de la demande touristique, envolée du prix carburant, etc. Donc, des résultats en nette amélioration sur ces quatre premiers mois. Cependant, nous restons très vigilants par rapport à la hausse du prix du carburant. Vous vous préparez à lancer une étude visant l’homogénéisation de la flotte. Est-ce une action à part ou est-ce qu’elle fait partie du contrat-programme ? Parmi les engagements souscrits et les actions fortes à mener par notre compagnie, l’homogénéisation de la flotte est, justement, un facteur très important. Cette opération figurait déjà parmi nos objectifs, mais l’ouverture du ciel aérien et l’évolution des paramètres exogènes, plus particulièrement la hausse du prix du carburant, ont fait que notre compagnie a accéléré ce processus d’homogénéisation de la flotte moyen-courrier. C’est aujourd’hui chose faite avec, à partir d’avril 2012, une flotte composée uniquement de B737 NG. Par ailleurs, et dans le but d’anticiper et de préparer l’avenir, l’élaboration d’un plan stratégique est en cours de lancement. En effet, il est important pour notre compagnie de mener une réflexion à l’horizon 2025 sur ses perspectives en termes de trafic, de développement du réseau, de choix du module avion approprié. Un cabinet international accompagnera notre compagnie dans cette réflexion qui, bien entendu, sera présentée au conseil d’administration pour validation et approbation. Pouvez-vous nous faire une estimation concernant le coût de cette étude ? Je ne peux pas vous donner d’estimation dans l’immédiat, et vous le comprenez, les process et les dispositions étant en cours... La RAM cherche à avoir sa propre aérogare à Casablanca. Cela fait-il aussi partie du contrat-programme signé avec l’Etat ? Effectivement, c’est un point qui est prévu dans le cadre du contrat-programme. Avec l’ouverture du ciel aérien, la RAM a été dans l’obligation d’aller chercher et de développer un autre type de trafic. C’est le cas du trafic de continuation, notamment sur les pays africains, ainsi que sur les pays du Moyen-Orient et des destinations d’Amérique du Nord. A ce jour, plus de 40 % de notre trafic sur Casablanca sont en continuation et environ 1 million de passagers sont transportés sur l’Afrique. Il est donc important de mettre en place tout un dispositif de traitement sur notre hub de Casablanca afin d’assurer les meilleurs standards de qualité à cette clientèle. Aujourd’hui, comme le prévoit le contrat-programme Etat-Royal Air Maroc, et avec nos collègues de l’Office national des aéroports, cette action a été lancée. Le Terminal 1 sera réservé au traitement de la clientèle RAM et celle de ses compagnies assistées. Ce Terminal devrait être prêt pour la fin de 2013. Le fait de doter la RAM de sa propre aérogare contribuera-t-il à réduire les charges de la compagnie ? Nous l’espérons. Le fait de ne plus être éparpillés, comme nous l’étions sur trois terminaux, va certainement contribuer à réduire nos coûts. Mais cela permettra surtout d’améliorer la qualité du service rendu à notre clientèle. Repères • ■ A partir d’avril 2012, la flotte moyen-courrier sera composée uniquement de B737 800 et 700. • ■ A ce jour, plus de 40 % du trafic de la compagnie sur Casablanca est en continuation et environ 1 million de passagers sont transportés annuellement sur l’Afrique. • ■ Des actions de rupture ont déjà été menées, notamment la réduction des effectifs d’environ 1.500 départs et le retrait de 10 avions en vue d’homogénéiser la flotte. Publié le : 8 Avril 2012 – SOURCE WEB Par Brahim Mokhliss, LE MATIN