Les décharges publiques menacent les sols
Pour un stockage efficace des déchets L’absence de cadres juridiques et le renforcement des capacités ont été au centre d’un atelier consacré à la protection des eaux souterraines. Lors de la mise en place des membranes, il faut veiller au contrôle et la certification de toutes les étapes pour identifier les responsabilités de chaque intervenant. Équiper les sites de stocks des déchets en produits synthétiques efficaces pour prévenir la pollution des eaux souterraines par le «Lixiviat», produit dangereux généré par la fermentation des déchets, a été le thème central de l’atelier : «Fiabilité des produits géosynthétiques, facteur garant de l’efficacité et du bon fonctionnement des décharges et des stations d’épuration des eaux usées». Un rendez-vous, organisé à Rabat par le ministère de l’Intérieur en collaboration avec l’Association marocaine des experts en gestion des déchets et en environnement (AMEDE) et la société Riegonor. Lors de cette rencontre, il a été aussi question du choix des entreprises chargées de Déposer des membranes pour protéger les sols. «Lors de la mise en place des membranes, il faut veiller au contrôle et la certification de toutes les étapes pour identifier les responsabilités de chaque intervenant. Grâce à cette méthode, nous pouvons garantir l’efficacité du travail fait sur place», a noté Yves Gérard, spécialiste international en contrôle et expertise géosynthétique. Cet atelier vient renforcer la mise en œuvre du Programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM), doté d’un budget de 40 milliards de DH et qui vise, entre autres, à mettre en place 350 décharges contrôlées à l’horizon 2020. Dans le cadre de ce programme, plusieurs villes se sont vues accorder des moyens financiers pour réaliser cet objectif. Toutefois sur le terrain, des obstacles d’ordres techniques, organisationnels et financiers subsistent encore «Les critères du choix des géotextiles, leur pose, le contrôle des travaux et de la fiabilité de leur fonctionnement sont autant de points qu´il convient de sécuriser d’un point de vue juridique. Le décret sur les décharges contrôlées ne précise pas tous les aspects techniques. À ce niveau par exemple, les caractéristiques de la barrière géologique de sécurité formant le sous-sol du site de la décharge devront être définies par arrêté qui tarde de voir le jour », a indiqué Hassan Chouaouta, président de l’AMEDE. Vide juridique et déficit en entreprises spécialisées Face à ce vide juridique et le manque d’entreprises spécialisées dans ce domaine, des participants à cette rencontre ont fait part de leurs inquiétudes relatives à des dysfonctionnements relevés dans le passé dans certains sites comme celui d’Oum Azza, près de Rabat. Des représentants de la société chargée de ce site ont justifié ces erreurs par le manque, à l’époque, du réseau de drainage des eaux. Il leur a été rétorqué qu’en France comme en Allemagne, par exemple, ils ne pouvaient lancer un projet sans être sûrs d’avoir un système de drainage des eaux de pluie. Autre sujet polémique soulevé lors de cet atelier, l’intention du département de l’Environnement, qui souhaite réaliser des décharges contrôlées, alors que cela relève des prérogatives des communes. « L’idéal pour le département de l’Environnement c’est de se retirer de ce projet et de confier la construction des décharges contrôlées aux bureaux d’études certifiés en leur imposant un cahier de charges, afin d’éviter à chaque intervenant (concepteur, exécuteur et exploitant) de fuir ses responsabilités en cas de problème», a répondu M. Chouaouta. Si les participants ont soulevé le manque de contrôle au cours des travaux, l’absence de renforcement des capacités et le retard juridique, plusieurs interrogations restent suspendues et en voici une. Comme les décharges publiques continuent de recevoir déchets domestiques et industriels, il y a risque de détruire les membranes géosynthétiques avec les bidons de produits chimiques tels que les solvants chlorés utilisés dans les peintures et le traitement des surfaces. Pour éviter l’échec du PNDM, les industriels devront s’occuper du traitement de leurs déchets. Le Programme national d’assainissement (PNA) liquide dont l’objectif notamment est de traiter 100% des eaux usées en 2030 est également concerné par la protection des sols. Il devra lui aussi penser à équiper les Stations d’épuration des eaux usées (STEP) en membranes efficaces. _______________________________________ Programme national de gestion des déchets Le Maroc a lancé le Programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM) qui vise à assurer la collecte des déchets ménagers et atteindre, à l’horizon 2020, un taux de collecte d’au moins de 90%, à mettre en place 350 décharges contrôlées pour les villes et les centres urbains. Ce programme vise également à fermer et à réhabiliter toutes les décharges sauvages existantes et à organiser et développer la filière de «trirecyclage-valorisation» pour atteindre le taux de 20% de récupération et de recyclage des déchets générés, avec des actions pilotes de tri à la source. Par ailleurs, le Programme national d’assainissement (PNA) liquide vise, lui, à atteindre un taux de raccordement global au réseau d’assainissement de 80% en 2020 et 90% en milieu urbain en 2030 et à traiter 100% des eaux usées collectées en 2030 avec leur réutilisation de manière efficiente et rentable. Publié le : 4 Mars 2012 – SOURCE WEB Par Rachid Tarik, LE MATIN