Transport de voyageurs 11.000 agréments en circulation
70% sont loués par les rentiers à des exploitants 30% seulement sont exploités directement par leur détenteur Aziz Rabbah, ministre de l’Equipement et du Transport, a promis d’en faire une priorité. Après la suppression des agréments de transport de marchandises en 2003, le ministre devra s’atteler à la réforme du transport routier de voyageurs. «Dès le départ, le système était basé sur l’économie de rente», a rappelé Rabbah lors des Escales sectorielles de la CGEM. En fait, au début, l’attribution des agréments avaient pour but de réguler le transport routier de voyageurs. Mais la rareté de ces autorisations a contribué à générer un système de rente et une forte atomisation du système. Ces agréments sont loués moyennant un «pas de porte» qui peut atteindre plusieurs millions de DH et un loyer mensuel pouvant aller jusqu’à 150.000 DH en fonction de la longueur de la ligne. La location et la transmission par héritage des agréments sont des aberrations non prévues par le dahir de 1963. Au total, l’on estime à 11.000 le nombre d’agréments en circulation. Ce nombre est réparti entre le transport routier de voyageurs, le transport de personnel, le transport touristique et le transport mixte. Près de 70% des agréments sont loués par les rentiers tandis qu’à peine 30% sont exploités par leur détenteur. Sur les 3.681 autorisations de transport de voyageurs interurbain, 24% ne sont pas du tout exploités à cause, en partie, du transport modal vers le rail, le bus, le taxi et l’informel. La rareté des agréments a contribué à une forte atomisation du secteur. En effet, près de 83% des 1.478 transporteurs exploitent une à deux autorisations. Des opérateurs qui effectuent les deux tiers des kilomètres parcourus sur le réseau national. L’essentiel des opérateurs exercent dans l’informel puisque 73% des transporteurs sont des personnes physiques. Dysfonctionnements En raison de leur incompétence, ces opérateurs n’ont pas su anticiper l’évolution du marché. D’où une forte baisse de la qualité de service, une augmentation de la sinistralité, due justement aux horaires d’arrivée et de sortie des gares routières et à l’état défectueux des véhicules. Autre dysfonctionnement, le vieillissement du parc d’autocars puisque plus de 50% des véhicules ont plus de 13 ans d’âge. L’activité connaît un certain repli en termes de rentabilité. En effet, les tarifs n’ont pas été augmentés depuis 1996, malgré la hausse du prix des intrants. Or, selon les professionnels, la modernisation du secteur passe par la mise à niveau tarifaire. Certaines lignes sont plus rentables que d’autres. Ce qui pousse les transporteurs à déserter certaines villes pour se concentrer dans l’axe compris entre Taza et Agadir, en passant par Rabat, Casablanca et Marrakech. L’économie de rente administrée par le ministère du Transport ne tardera pas être concurrencée par celle du ministère de l’Intérieur, qui gère le transport par taxi et autobus. Ainsi, la part du transport de voyageurs par autocar est passée de 57% en 1976 à 52% en 1988 et enfin à 35% en 2006. Comment s’explique donc ce transfert de voyageurs? Conçus à l’origine pour assurer les déplacements à l’intérieur des agglomérations, les taxis et les autobus ont été progressivement autorisés à assurer le transport interurbain. Une aberration qui n’existe qu’au Maroc! A l’occasion des fêtes, les taxis, par exemple, étaient exceptionnellement autorisés à transporter les voyageurs d’une ville à l’autre. Aujourd’hui, l’exception est devenue la règle. Les taxis s’accaparent 15% du transport interurbain. Le transport clandestin est un autre facteur qui explique la baisse de la part du transport par autocar dans le déplacement des voyageurs. Les rentiers Dans la liste des bénéficiaires d’agréments que Aziz Rabbah vient de publier, l’on trouve des sportifs comme Bassir, Naybet ou encore Chippo. Des footballeurs qui ne sont pas forcément dans le besoin. La liste comprend également des officiers supérieurs de l’armée, des chanteurs, des descendants d’anciens résistants… Pis encore, certains bénéficiaires détiennent plus d’un agrément. SOURCE WEB Par Hassan EL ARIF L’Economiste