Plan Azur nous, qui le disions depuis si longtemps...
Avoir raison n'est pas toujours une bonne chose ; le mythe grec de Cassandre est là pour nous le rappeler. Depuis au bas mot dix ans, la Vie Touristique Africaine n'a eu de cesse de prévenir ses lecteurs de l'inéluctable échec dans lequel c'était engouffré la Vision 2010 en général, et le fameux Plan Azur en particulier. Les raisons qui nous avaient poussés à jouer les prophètes de mauvais augure étaient simples : l’observation attentive de la situation du tourisme marocain et sa comparaison avec ce qui se fait dans les grands pays à vocation touristique du bassin méditerranéen nous permettait d’ores et déjà de dire que le Plan Azur irait droit au mur.
Un produit sans originalité
ni personnalité
En effet, loin de tenir compte de l’expérience de l’Espagne ou de la France, qui après avoir stupidement bétonné leur littoral méditerranéen, ont mis en place des politiques restrictives concernant la construction sur front de mer, la stratégie « Plan Azur », derrière ses beaux atours et son marketing « intelligent »n’était rien de plus que la banale répétition des projets « tout -béton » des années 80. Au menu, tout simplement des lotissements autour d’un golf et la promesse de lendemains qui chantent, avec hôtels de luxe « qui-devraient-arriver-très-vite-mais-pas-tout-de-suite », restaurants virtuels et maintenance inexistante. Bref de la poudre aux yeux. Dans un monde où l’industrie touristique est devenue hyperconcurrentielle et où les différentes destinations ne cessent d’innover pour tirer leurs épingles du jeu, comment voulez-vous que des investisseurs internationaux nous prennent au sérieux ? Des efforts dispersés et une absence totale de contrôle ou de sanction.
Il faut dire, à la décharge de nos responsables chargés du tourisme, que la stratégie « Plan Azur » était difficilement réalisable : lancer six stations balnéaires en même temps, c’était un sacré challenge… d’autant plus difficile à tenir que l’on a choisi des profanes dans le domaine du tourisme pour opérateurs « stratégiques ». Ajouter à cela une absence totale de contrôle de la part des autorités, qui ont laissé faire ce qu’ils voulaient aux opérateurs et, quand il était désormais évident que le Plan Azur s’achemine vers un fiasco, n’ont pas voulu prendre la moindre petite sanction envers les contrevenants (bien au contraire, l’état, via la CDG, s’est porté au secours, à grand coup d’argent public, d’un Addoha qui venait de pitoyablement gâcher Saidia). Qu’on se le dise : on a le tourisme que l’on mérite.
Résultat des courses : au mieux, des produits médiocres et bâclés (Saidia fait figure « d’HLM sur front de mer) qui nuisent à l’image de marque du pays et qui tournent en ridicule la volonté politique de développer notre tourisme ; au pire, rien du tout ou presque rien du tout (Plage Blanche et Taghazout).
Aujourd’hui, las d’être tournés en dérision et soucieux de réellement assurer un avenir pérenne au secteur, les pouvoirs publics, via la cour des comptes, ont décidé d’un audit… Gageons qu’ils devraient trouver de quoi se régaler…
Le 27 Décembre 2015
SOURCE WEB Par La Vie Touristique
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