16e congrès de l’Association africaine de l’eau à Marrakech
En quête de financements novateurs Le prélèvement d’une taxe de 1% sur l’eau représente une des solutions pour combler le retard de l’Afrique en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. La Sud-Africaine, Dudizile Myeni, nouvellement élue présidente de l’Association africaine de l’eau prononçant le discours de clôture au 16e congrès de l’association. Rechercher des mécanismes nouveaux de financement pour l’accès à l’eau et repenser la gestion de l’eau ont été les principaux sujets soulevés, lors du 16e congrès de l’Association africaine de l’eau (AAE) qui s’est déroulé du 20 au 23 février à Marrakech. Ce rendez-vous africain, organisé sur le thème : «Mécanismes et initiatives novateurs de coopération pour le développement durable du secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique», a été initié par l’AAE en partenariat avec l’Association marocaine de l’eau potable et de l’assainissement (AMEPA) et l’Office national de l’eau potable (Onep). S’agissant de la quête de nouveaux instruments financiers, le prélèvement d’une taxe de 1% sur l’eau a fait l’objet de discussions. Ces mécanismes solidaires sont déjà opérationnels dans certains pays européens comme la France, la Suisse, la Belgique, etc. «Le prélèvement d’une taxe de 1% sur l’eau représente une des solutions innovantes pour permettre l’accès à l’eau et à l’assainissement pour les populations démunies», a indiqué Jean-Philippe Boyon, du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Sur ce registre, le Sénégal est en train de réfléchir à cette solution. Après les révélations des conclusions du rapport «L’eau pour la croissance et le développement en Afrique», commandé par la France, indiquant qu’en moyenne 0,48% du produit intérieur brut (PIB) africain est consacré à l’eau et à l’assainissement, la taxe de 1% sur l’eau sera l’un des principaux thèmes débattus, lors du prochain Forum mondial de l’eau de mars prochain à Marseille. Il faut savoir que l’absence de politique d’accès à l’eau et d’assainissement fait perdre à l’Afrique 5% de son produit intérieur brut (PIB). «L’objectif principal de ce rapport sur l’eau est de trouver de nouveaux investissements pour répondre aux défis du continent noir», a noté Olivier Bürki, du Conseil mondial de l’eau, venu présenter les grandes lignes de ce rapport à ce congrès. L’irrigation par les eaux usées À Marrakech, les participants ont aussi traité de l’utilisation des eaux usées dans l’agriculture avec la présentation de la plateforme onusienne (UN WAIS +). L’utilisation des eaux usées figure parmi les ressources non conventionnelles sur lesquelles est basée la nouvelle stratégie nationale de l’eau à l’horizon 2030. Au Maroc, l’accès à l’eau en milieu rural n’a pas été accompagné par un programme d’assainissement. Cet état de fait risque d’annuler tout l’effort national enregistré dans ce domaine. Pour remédier à cette situation, un projet pilote d’assainissement écologique à Dayet Ifrah dans la province d’Ifrane a été réalisé. Financé par la coopération technique allemande (GIZ), ce projet propose d’équiper chaque foyer d’un urinoir, d’un lavabo et d’un dispositif de séparation (urine et matières fécales). Ce congrès a été marqué par la signature d’un accord de partenariat entre AgroParisTech et l’AAE pour la mise en place de parcours de formation au niveau africain dans le cadre du programme «International Executive Masters OpT Water for all». Autre signature, un protocole d’accord de partenariat entre l’Association africaine de l’eau (AAE) et l’Eau et assainissement pour l’Afrique (EAA) pour la création et l’animation de plateformes d’échanges, la valorisation des travaux de recherche et développement (R&D), le renforcement des capacités, la mutualisation des efforts pour la mise en place de financement et pour la mise en œuvre effective des engagements politiques en matière d’hygiène, d’assainissement et d’eau potable. Le congrès s’est achevé par le discours de clôture de la nouvelle présidente de l’AAE, la Sud-Africaine Dudizile Myeni, première femme élue à ce poste pour un mandat de deux ans. Elle remplace le Sénégalais Mamadou Dia. Le prochain congrès de l’AAE se déroulera en 2014 en Côte d’Ivoire. ________________________________________ Défis gigantesques En Afrique, la question démographique constitue une problématique importante. Véritable bombe à retardement, l’augmentation de la population est intimement liée à la gestion de l’eau et de l’assainissement en Afrique. Sur ce registre, une étude récente de l’Organisation des Nations unies (ONU) a souligné que l’essor des centres urbains est plus rapide en Afrique que dans le reste du monde. Le résultat de cette croissance urbaine est que le continent africain est confronté à de gigantesques défis en matière d’approvisionnement en eau potable et d’accès aux services d’assainissement. Selon cette étude, 40% d’Africains, soit 400 millions d’habitants, vivent dans les zones urbaines, dont 60% dans des bidonvilles, avec tous les risques liés à l’assainissement et à l’eau potable. Publié le : 26 Février 2012 – SOURCE WEB Par Rachid Tarik, LE MATIN