Lutte contre le cancer Bientôt des médicaments made in Morocco
Après une plainte adressée à l’OMS, le Maroc peut fabriquer et commercialiser lui-même ce produit. Il sera vendu à 3.000 dirhams et très probablement remboursé par les assurances maladie.
C’est officiel. A partir du 10 décembre prochain, les Marocains souffrant d’hépatite virale C pourront bénéficier d’un nouveau médicament plus efficace, avec moins d’effets secondaires et à moindre coût. Le produit, dont le principe actif est le Sophosbuvir, présente un taux de guérison dépassant les 90%. C’est ce qu’a annoncé le ministre de la santé hier, mercredi, lors d’une conférence de presse.
Il faut dire que l’annonce n’est pas nouvelle. En juin dernier, lors d’une rencontre bilan, le ministre de la santé, El Houssaine Louardi, avait affirmé être en pleine bataille juridique contre un laboratoire américain s’occupant de la fabrication et la commercialisation de ce produit à l’international. Le laboratoire en question avait refusé d’inclure le Maroc dans la liste de pays où le médicament sera disponible à moindre coût. Le prix fixé était alors de plus de 80.000 dirhams. «Ce qui est inimaginable pour un malade marocain», note le ministre. Cinq mois plus tard, et après une plainte adressée à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Maroc peut fabriquer et commercialiser lui-même ce produit. Il sera vendu à 3.000 dirhams et très probablement remboursé par les assurances maladie. Le 5 novembre dernier, le médicament a pu décrocher son Autorisation de mise sur le marché (AMM). Selon le directeur général de l’Agence nationale des assurances maladie (ANAM), Jilali Hazim, le comité de la transparence de l’agence se réunira aujourd’hui pour examiner le dossier de ce traitement contre l’hépatite C.
L’optimisme du ministre et du directeur de l’ANAM fait espérer une inclusion très prochaine du traitement dans la liste des médicaments remboursables. Cette annonce est d’autant plus importante qu’au Maroc, plus de 625.000 personnes souffrent de cette maladie «....dont une grande partie sont des personnes pauvres et vulnérables», précise Louardi.
Seul hic, alors que le médicament ne fera actuellement l’objet d’aucune concurrence, il semblerait que le laboratoire américain a démarré la procédure de demande de mise sur le marché marocain. «Sur ce volet, je suis intransigeant », a martelé le ministre, «il est inadmissible qu’après tout cela, ils viennent concurrencer un produit typiquement marocain», a-t-il ajouté. La fabrication nationale est, selon Louardi, un acquis à défendre à tout prix.
La fabrication de ce médicament «made in Morocco » est la première d’une série de mesures prévues par le ministère de tutelle pour rendre accessible aux Marocains une série de traitements de nouvelle génération pour la lutte contre l’hépatite C. «L’objectif est un Maroc sans hépatite C à l’horizon 2020», a noté Louardi. Le Maroc sera ainsi l’un des rares pays à avoir mis en place une stratégie nationale en vue de l’éradication définitive de cette maladie, comme le prévoient les recommandations de l’OMS.
Toujours selon le ministre, plusieurs autres médicaments destinés au traitement de maladies chroniques, notamment le cancer, seront prochainement fabriqués au Maroc. La production au niveau national devra, comme c’était le cas pour le traitement de l’hépatite C, impacter significativement le coût de ces médicaments.
L’énième bataille de Louardi
A peine les étudiants en médecine ont-ils repris les bancs des cours, que le ministre de la santé s’est retrouvé face à une nouvelle vague de contestation, celle des médecins internes et résidents. Le ministre, El Houssaine Louardi, a affirmé mercredi avoir rencontré les jeunes médecins fin octobre dernier. Une rencontre qui, selon lui, aurait débouché sur un accord. Parmi les points finalisés dans ce document signé par les deux parties figurent la répartition des concours, le paiement des gardes, le droit de choix de la spécialité pour les internes ou encore la vaccination des médecins. «Mais il semblerait qu’à chaque fois que l’on se met d’accord, ils relèvent le plafond des revendications», a déclaré le ministre.
Car, selon lui, il n’était pas question d’une hausse des salaires lors des premières négociations. Aujourd’hui, les médecins internes demandent une hausse de 3.000 dirhams, et les résidents de 4.000 dirhams. D’après la version du ministre, si l’on considère le statut des fonctionnaires de l’Etat dont disposent les résidents contractuels, cette hausse aura comme conséquence une hausse des salaires de l’ensemble des médecins, puis, par la suite, de l’ensemble du personnel médical. «Je sais parfaitement qu’ils méritent cette augmentation, mais ce genre de mesures demande du temps et un travail horizontal avec le ministère des finances et celui de l’emploi», a-t-il expliqué, critiquant par la même occasion le tour de force qu’essayent de faire les jeunes médecins. «Les revendications sont légitimes, mais la manière n’est pas la bonne. Il faudrait qu’ils pensent aux malades qui ont besoin d’eux...», a-t-il conclu.
Le 26 Novembre 2015
SOURCE WEB Par Aujourdhui.ma
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