COP 21/Climat Paris balise le terrain pour Marrakech
La France met tous les atouts de son côté pour un consensus
Paris propose 100 milliards de dollars/an à partir de 2020
Face aux contraintes de la conjoncture économique, la question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique reste préoccupante. Paris espère décrocher des engagements concrets lors de la COP 21
A J-5 du lancement des travaux de la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP 21), Paris active tous les leviers de sa diplomatie économique pour décrocher du concret. Les enjeux sont multiples. Ils ont été rappelés hier, mardi 24 novembre, par Jean-François Girault, l’ambassadeur de France à Rabat. Considéré comme le sommet de la dernière chance, Paris mise sur un consensus, le plus large possible, sur la question du climat. Une «alliance sur le climat» qui devrait permettre de maintenir la température moyenne de la planète au-dessous de 1,5 °C ou 2 °C, par rapport aux niveaux pré-industriels.
Le consensus recherché se décline en 4 objectifs. Il s’agit d’abord de «la négociation d’un accord universel» qui fixera des règles et mécanismes incitatifs, visant le relèvement progressif de l’ambition de respecter la limite de 1,5 ou 2 degrés. «Sur ce volet, quelques signaux positifs sont déjà affichés par les pays les plus industrialisés», explique Marjorie Thomas, 2e conseiller en charge des questions climatiques.
L’experte fait notamment allusion au dernier sommet franco-chinois Economie et Climat, tenu en début de ce mois, en préparation à la COP 21. L’empire du Milieu, un géant industriel qui pèse à lui seul 22% des émissions de GES, s’est en effet déclaré favorable au principe du maintien - ou, mieux, du renforcement - des engagements de la communauté internationale sur la lutte contre le réchauffement climatique. «L’enjeu sera d’avoir absolument la Chine, et les Etats-Unis (ndlr: 13,5% des émissions de GES dans le monde), dans la même cause. Nous ne pouvons pas avoir 35% des émissions en dehors des négociations. C’est tout un travail de conviction à mener», explique Jean-François Girault. Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, vient d’ailleurs de boucler une importante tournée auprès de trois grands pays émergents - l’Afrique du Sud, l’Inde et le Brésil - pour sécuriser leur appui. L’ «Appel de Tanger», lancé en commun le 20 septembre dernier par le Maroc (0,19% des émissions de GES) et la France (1% des émissions de GES), rentrait aussi dans ce cadre. Le Royaume devrait d’ailleurs accueillir la COP 22, l’année prochaine, à Marrakech. La réalisation des objectifs de la rencontre de Paris facilitera bien la tâche au Maroc.
Le 2e enjeu majeur de la COP 21 sera la présentation par tous les pays de leurs contributions nationales (INDC). 167 Etats ont déjà déposé leurs contributions nationales (INDC), soit 91% des émissions de gaz à effet de serre (GES). «Il y aura normalement dans les jours qui viennent d’autres contributions. C’est un score qui est déjà très remarquable», estime Jean-François Girault. «Nous avons souhaité mettre tous les atouts de notre côté et créer un effet d’entraînement pour aboutir à un accord contraignant», poursuit-il. Le Maroc a annoncé l’ambition de réduire ses émissions à hauteur de 13% d’ici 2030. Lundi dernier, Hakima El Haite, la ministre déléguée chargée de l’Environnement, a présidé une réunion de coordination de la délégation marocaine à la COP 21. Histoire de fixer les derniers réglages de la participation du Maroc aux négociations de Paris.
Le 3e volet porte sur le nerf de la guerre: le financement. L’un des objectifs à Paris sera en effet d’arriver à mobiliser quelque 100 milliards de dollars par an (près de 78 milliards d’euros), à partir de 2020, auprès des Etats, organisations internationales et acteurs privés. Cette enveloppe devrait permettre de soutenir les efforts des pays en développement dans leur lutte contre les changements climatiques, et d’autres pays en transition énergétique.
Ajustements sécuritaires
Le contexte sécuritaire international fait aussi de cette COP 21 un gros challenge organisationnel. Après les attentats de Paris du 13 novembre dernier, les conditions de sécurité seront évidemment adaptées aux circonstances. Au total, 150.000 agents des forces de sécurité et militaires devraient être mobilisés pour cet événement. 138 chefs d’Etat et de gouvernement devraient assister à la rencontre de Paris, le 30 novembre. 20.000 délégués internationaux sont attendus et presque autant de représentants d’ONG et de la société civile internationale. Pour des raisons de sécurité, plusieurs évènements traditionnellement organisés par la société civile, en marge de la conférence, ont été annulés.
Le 24 Novembre 2015
SOURCE WEB Par L’économiste
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