Les journalistes, ces mal aimés du gouvernement Benkirane
Le ROLMM énumère toute une série d’abus
Les restrictions contre les journalistes marocains se poursuivent de plus belle. C’est ce qui ressort du dernier rapport du Réseau des observateurs de la liberté des médias au Maroc (ROLMM) présenté hier à Rabat. Lequel a enregistré, entre le 1er octobre 2014 et le 30 septembre 2015, 14 cas d’agression contre des journalistes par des individus connus ou non, 10 cas de poursuites judicaires, 7 cas d’enquête suite à la publication d’articles.
En détail, ledit réseau a reçu neuf plaintes des journalistes victimes d’agression de la part d’individus connus et quatre autres contre des individus inconnus. L’ONG a aussi enregistré les plaintes de quatre journalistes qui ont été agressés par les forces de l’ordre au cours de l’exercice de leur profession.
Le
rapport a, par ailleurs, révélé que durant la période observée, il a pris acte
de 10 poursuites judiciaires contre des journalistes dont une grande partie a
été diligentée par des instances gouvernementales et notamment le
ministère de l’Intérieur. Des poursuites qui inquiètent les responsables du
ROLMM puisque les journalistes présumés coupables sont poursuivis selon
des dispositions juridiques et organisationnelles devenues caduques
suite à l’adoption de la Constitution de 2011 et s’exposent à des sanctions qui
peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement.
Le rapport précise aussi que sept journalistes ont été convoqués par les
services sécuritaires suite à la publication d’informations qualifiées de
menaçantes pour la sécurité nationale. Une pratique critiquée par le Réseau
qui estime qu’elle porte atteinte à la liberté d’opinion et d’expression ainsi
qu’à la liberté de la presse. Pis, elle risque de renforcer les mécanismes
d’autocensure qu’engendre la peur des représailles et des
poursuites judiciaires.
Le
Réseau a rapporté également trois cas d’interdiction de reportages et
d’enquêtes de la part des autorités locales. Ces cas ont été enregistrés à
Rabat, Marrakech et Azilal.
Au total, les violations de la loi commises par des personnes, précise le
rapport, arrivent en tête avec 31% suivies par les poursuites judiciaires
(24%) et les enquêtes suite à la publication d’informations (17%). Le Réseau
observe aussi que les médias électroniques sont les plus exposés à ces
violations (60%) suivis par la presse écrite (27%) et l’audiovisuel (13%). A
noter également que les journalistes de sexe féminin en ont été victimes dans
22% des cas contre 78% pour les hommes. « Les médias électroniques paient
le prix de l’absence de lois et de dispositions organisationnelles régissant le
secteur. Et c’est pourquoi, leurs journalistes font l’objet d’abus », a
indiqué Aziz Idmen du ROLMM.
Pour le Réseau, ces pratiques ne sont pas méthodiques et ne s’inscrivent pas dans une politique délibérée de l’Etat. Pourtant, ces restrictions tirent la sonnette d’alarme. « Le risque est de voir ces pratiques se propager davantage et de devenir récurrentes », a lancé Aziz Idmen. D’après ce dernier, les plaintes déposées dépassent de loin les 47 présentées dans ce rapport. « On a reçu des centaines de plaintes et celles présentées ici ne reflètent pas l’ensemble des agressions constatées sur le terrain mais notre souci n’est pas la quantité de plaintes mais leur qualité. Une commission technique est chargée d’en faire le tri », a-t-il indiqué avant de conclure : « Parfois, un seul cas peut susciter notre intérêt vu sa gravité et son incidence négative sur la liberté de la presse au Maroc ».
Le 17 Novembre 2015
SOURCE WEB Par Libération
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