Entretien avec Carlos Ghosn, Pdg du Groupe Renault
«L’usine de Tanger est la première unité de production construite par Renault au 21e siècle» Présent au Maroc à l’occasion de l’inauguration, aujourd’hui jeudi 09 février, de la nouvelle usine de Renault à Tanger, Carlos Ghosn, charismatique président-directeur général du groupe français, nous livre, en exclusivité, ses sentiments. Point essentiel, Carlos Ghosn salue l’esprit pionnier et l’enthousiasme de tous ceux qui ont contribué à la mise en route de cette usine. Carlos Ghosn. Le Matin : Après une longue période de réalisation, l’usine de Renault à Tanger démarre. Qu’est-ce qu’un jour pareil représente pour le groupe Renault et pour vous personnellement ? CARLOS GHOSN : L’inauguration d’une nouvelle usine est toujours un moment d’émotion. L’usine de Tanger est la première unité construite par Renault au 21e siècle ! 4 ans de travaux ont été nécessaires pour déplacer des millions de mètres cubes de terre nécessaires au terrassement du site, puis pour la construction de l’usine elle-même. Je voudrais saluer ici l’esprit pionnier et l’enthousiasme de tous ceux qui ont contribué à la mise en route de cette usine. Quelles sont les particularités de cette usine et quelles en sont vos ambitions ? L’usine de Tanger va assembler nos modèles d’entrée de gamme, qui rencontrent un succès très important, non seulement au Maroc, mais aussi partout où nous les commercialisons. Tanger va permettre de relayer notre usine roumaine de Pitesti arrivée à saturation, et d’élargir l’offre de notre plateforme d’entrée de gamme, à commencer par le monospace Lodgy. L’année 2012 s’annonce difficile pour les constructeurs automobiles. Quel sera l’apport de cette usine pour les ventes du groupe Renault, sachant que le premier véhicule produit dans cette usine, Lodgy, devrait connaître, tout comme Duster, un grand succès? L’année 2012 va être difficile en Europe, où nous prévoyons une baisse du marché. Mais les autres régions du monde devraient continuer à croître et pour bénéficier de cette croissance, il faut avoir l’outil industriel et les produits adaptés aux marchés émergents. Tanger et Lodgy rentrent parfaitement dans cette logique. Lodgy, le nouveau monospace de Dacia, sera un véhicule de conquête pour le groupe : je ne doute pas de son succès au Maroc où sa taille, sa robustesse et son prix devraient séduire de nombreux clients y compris ceux qui, jusqu’à maintenant, achetaient des véhicules d’occasion. Quelles sont les grandes lignes de la stratégie de développement de cette infrastructure pour passer de la phase de démarrage aux 350.000 véhicules produits, le volume qui représente la capacité de production de l’usine ? Les travaux sont en cours pour ouvrir la deuxième ligne de montage de l’usine. Celle-ci sera opérationnelle l’année prochaine. Au-delà de Lodgy, deux autres véhicules seront produits dans l’usine cette année, et davantage l’année prochaine. Nous poursuivons en parallèle le recrutement du personnel avec déjà près de 2500 personnes recrutées en 2011. Plus de 300.000 heures de formation ont été réalisées l’année dernière ! À terme, l’usine devrait employer 6000 salariés et assurer un emploi indirect chez nos fournisseurs de pièces et de services pour 30.000 personnes dans la région de Tanger. Le groupe Renault Maroc (Renault + Dacia) vient de réaliser une bonne année 2011 en termes de ventes sur le marché marocain (plus de 37% de parts de marché, un record !). Le démarrage de la production à l’usine de Tanger contribuera-t-il à rehausser, encore plus, cette performance ? Le taux de 37% correspond à une part de marché historique pour le groupe au Maroc, c’est également l’une des meilleures performances du groupe dans le monde. Tanger et Lodgy seront certainement des atouts pour maintenir, voire augmenter le niveau de performance. Vous avez beaucoup misé sur les véhicules électriques. Y a-t-il une stratégie pour développer ce genre de véhicules dans les pays émergents ? Le choix du véhicule électrique est une réponse aux défis environnementaux et énergétiques que connaît la planète. Et ces défis touchent tous les pays. Mais pour se développer, le véhicule électrique doit pouvoir s’appuyer sur une infrastructure de recharge et des aides à l’achat qui nécessitent une implication forte des pouvoirs publics. L’Alliance Renault Nissan est en discussion avec beaucoup de gouvernements, partout dans le monde, pour rendre possible l’essor de cette mobilité zéro-émission. À ce jour, plus de 120 accords ont été signés, y compris dans des pays émergents comme la Colombie, la Turquie ou la Roumanie. Présentation du groupe Renault Constructeur automobile depuis 1898, le groupe Renault conçoit, fabrique et commercialise des véhicules sous trois marques : Renault, Dacia et Renault Samsung Motors. Présent dans 115 pays avec 38 sites industriels et 13 300 points de vente, Renault offre une large gamme de véhicules innovants, sûrs et plus respectueux de l’environnement. Sa filiale de crédit, RCI Banque, finance les véhicules pour les clients et les concessionnaires des marques de l’Alliance. Pour répondre aux grands défis technologiques de la voiture du futur, en particulier le véhicule électrique, et poursuivre sa stratégie de croissance rentable avec ses marques Renault, Dacia et Renault Samsung Motors, le groupe mise sur les compétences de ses 128 300 collaborateurs dans le monde, son alliance avec Nissan, le partenariat avec Avtovaz et plus récemment l’accord de coopération stratégique entre l’Alliance Renault-Nissan et Daimler AG. Publié le : 8 Février 2012 SOURCE WEB- par Mohamed Akisra, LE MATIN