Femmes Maroc Quelle place dans la société
Depuis la nomination du nouveau gouvernement, un sujet fait couler beaucoup d'encre: la présence d'une seule femme ministre. Publié le : 24.01.2012 | 17h27 Bassima Hakkaoui, un nom qui n'est pas prêt de passer inaperçu et pour cause, elle est la seule femme dans le nouveau gouvernement. Cette unique représentativité de la gent féminine a fait polémique et a remis sur le tapis un sujet, celui la place qu'occupent les femmes dans la société marocaine et leur accès aux postes de décision. Un sujet auquel tiennent particulièrement les différentes associations féminines et qui se sont montrées très déçues à l'annonce du gouvernement Benkirane. «Que ce soit au niveau de la forte régression qu'a connu le nombre de femmes ministres (une sur 31), ou la nature du portefeuille ministériel qui a été confié à la seule femme du gouvernement (ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social), nous avons été très déçues. Les réformes constitutionnelles n'ont pas été appliquées», affirme dans un communiqué, la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes. Une prise de position partagée par la grande majorité des associations qui militent pour les droits des femmes et qui soulève ce qu'elles jugent, le non-respect de la nouvelle Constitution. «Nous étions sûres que les choses allaient changer et que la situation des femmes allait s'améliorer, parce que nous avions la Constitution comme garantie. Celle-ci ayant mis l'accent sur le respect des droits de femmes, en prévalant la parité, l'égalité et la non-discrimination, nous étions certaines que les femmes allaient être mieux représentées», affirme Zahra Ouardi, membre de l'Union pour l'action féminine. Le gouvernement n'est pas le seul domaine dans lequel la femme a du mal à s'intégrer, le monde des affaires est tout aussi compliqué. Ahmed Reda Chami, ancien ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, avait rappelé le 9 octobre 2011à l'occasion de la journée nationale de la femme, que près de 9.000 entreprises sont gérées par des femmes. Soit 10 % des unités. Un chiffre plus que significatif. Les femmes-chefs d'entreprises éprouvent beaucoup de difficultés à s'imposer dans le monde du travail même si les mentalités changent. Tous ces obstacles constituent cependant un paradoxe, dés lors que l'on a à l'esprit que 19,1% des ménages marocains sont gérés par des femmes. En effet, dans une enquête réalisée en 2011, par le Haut commissariat au plan (HCP), la proportion des ménages ayant une femme à leur tête s'est établie, en 2010, à 20,8% dans le milieu urbain et à 16,1% dans le milieu rural. En l'espace de dix ans (de 2000 à 2010), le taux de féminisation d'activité du segment de la population âgée de 15 ans et plus a progressé. Cette augmentation a concerné les catégories des actifs, des actifs occupés, des chômeurs et des inactifs. Et même si les veuves constituent 55% des femmes-chefs de ménages et les divorcés 10,1%, le taux de femmes mariées et célibataires-chefs de ménages s'élève à 34, 8%. Quant aux femmes non diplômées, elles constituent 86,3%. Ces chiffres révélés par le HCP démontrent à quel point la femme joue un rôle essentiel dans la société marocaine. «La situation de la femme a énormément évolué et ceci a directement influencé le développement du pays. Le Maroc es,t en effet, aujourd'hui considéré comme un exemple dans la région. Et nous devons remercier toutes les femmes qui participent chaque jour à ce développement dans tous les domaines. Elles ont démontré leurs compétences et leur savoir-faire», souligne Mme Ouardi. Difficile de convaincre les femmes ! Après la polémique qu'a suscitée la nomination d'une seule femme au sein du gouvernement, ce dernier a essayé de se rattraper dans la déclaration qu'il a faite, mais les femmes ne sont pas dupes. En effet, les associations féminines sont encore montées au créneau pour dire ce qu'elles pensaient, tout en restant les plus objectives possible. La Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes a, par exemple, publié un communiqué pour mettre le point sur les côtés positifs et négatifs de la fameuse déclaration. Repères Enquête Selon une enquête du Haut commissariat au plan, réalisée en 2010 et publiée en 2011, les ménages marocains dirigés par des femmes ont atteint 6,916 millions en 2010, soit 19,1% de l'effectif global des ménages. Prise de position Les associations féminines dénoncent le non-respect total de certains principes mis en vigueur par la nouvelle Constitution, relatifs aux droits des femmes et à la non-discrimination. SOURCE WEB Par Hafsa SAKHI | LE MATIN