La régionalisation avancée, fer de lance de la lutte contre les disparités
Les quatre phases d’une longue mutation
La
régionalisation avancée représente l’aboutissement d’un
long processus de réformes structurelles visant l’instauration des régions au
rang de collectivités locales autonomes, placées au cœur de la dynamique de
démocratisation et de décentralisation menée par le Maroc.
Pour bien prendre en compte toute la mesure de cette mutation, il faut la
scinder en quatre phases :
La première a trait à la régionalisation de crise (1912-1956). La vision
que portaient les autorités du Protectorat sur le Maroc était purement duelle,
les analyses régionales mettant l’accent sur les oppositions. Les villes se
démarquaient de la campagne et le Maroc «utile» était implicitement
opposé à un Maroc «inutile» réservé aux «indigènes». Bled Siba face au Bled
Al Makhzen, en quelque sorte. Cette vision dichotomique avait influencé les
découpages régionaux.
A
cette époque, la régionalisation ne faisait que répondre à des impératifs de
sécurisation et de planification tendant à contrôler les espaces territoriaux
réfractaires à l’autorité française.
La seconde phase a été celle de la régionalisation économique
(1971-1996). La prise en compte des déséquilibres spatiaux et la nécessité de
restructurer le territoire sur des bases régionales amènent le législateur marocain
à créer, par le Dahir du 16 juin 1971, sept régions économiques (Sud,
Tensift, Centre, Centre-Nord, Centre-Sud, Centre-Ouest, Oriental).
L’objectif étant de créer un cadre de référence et d’action économique en mesure d’infléchir les tendances au développement inégal ; de corriger les excès de la centralisation administrative et de remplacer les provinces et les préfectures jugées inadaptées aux exigences du développement économique et à la planification spatiale.
Durant la réforme constitutionnelle de 1992 et 1996, l’Etat va reconnaîre la région en tant que collectivité locale décentralisée et déconcertée. Quant à la phase de la régionalisation administrative (de 1997), elle a eu pour trait le plus marquant, l’officialisation de 16 régions qui sont devenues de véritables sous-ensembles de la nation dotés de pouvoirs et de gestion autonomes. Avec cette réforme, un pas concret vers une vraie régionalisation a été franchi.
Pour ce qui concerne de la quatrième phase, à savoir celle de la régionalisation avancée, force est de constater que malgré les changements qui ont été introduits par les Constitutions de 1992 et 1996, les disparités régionales persistant et croissant fortement, l’une des manières de lutter efficacement contre elle n’est autre que le processus de régionalisation avancée actuellement en cours.
Selon l’analyse qui en a été faite par la plateforme électorale de l’USFP, la situation existant dans chacune des 16 régions du pays démontre que les disparités territoriales sont fortes entre les différentes régions du Royaume.
Tout d’abord, s’agissant du PIB régional, l’USFP rappelle que la région du Grand Casablanca représente 19,4% du PIB national avec un PIB de 150 milliards de dirhams environ. La région de Rabat-Zemmour-Zaer arrive en seconde position avec un PIB de près de 100 milliards de dirhams (12,6% du PIB total). La région la plus pauvre est celle de Taza-Al Hoceima avec un PIB de 22 milliards de dirhams. S’agissant des inégalités en termes de niveau de vie mesuré par le PIB/habitant, il y a de très fortes disparités régionales puisque le PIB par habitant atteint 187.000 dirham pour la région de Lagouira-Oued Dahab, alors qu’il est à peine de 12.000 dirhams pour la région Taza-Al Hoceima. Les régions du Grand Casablanca et Rabat Zemmour-Zaër se situent autour de la moyenne nationale qui est de 40.000 dirhams environ.
S’agissant ensuite de l’environnement des affaires, qui est un élément important de la compétitivité des territoires, il apparaît selon les classements effectués par la Banque mondiale, que la région de Souss-Massa-Draâ arrive en tête des régions où il est le plus commode de faire des affaires. L’octroi de permis de construire ainsi que l’exécution des contrats sont des points forts de la région. Curieusement, la région du Grand Casablanca, premier pôle économique du pays, n’est classée que 6ème en termes de facilité des affaires sur un total de 8 villes évaluées. Quant à la région de Tanger-Tétouan, 3ème pôle économique du pays, elle occupe le dernier rang en termes d’environnement des affaires avec deux grands points noirs, à savoir la création d’entreprise et le transfert de propriété.
S’agissant ensuite des infrastructures éducatives, le nombre d’établissements primaires est inégal d’une région à l’autre puisque la région de Souss-Massa-Draâ accapare 13,2% du nombre total d’établissements (1322), suivie de la région du Grand Casablanca avec 10,5% (près de 1000 établissements), alors que les régions situées dans les provinces du Sud représentent seulement entre 0,3% et 1% du nombre total d’établissements. Cependant, de manière générale, nous constatons une certaine cohérence entre la part du nombre d’établissements dans une région donnée par rapport au nombre total d’établissements et la part du nombre d’élèves dans la région par rapport au total national.
En
ce qui concerne le nombre de collèges et lycées, la tendance est la même
puisque la région de Casablanca se taille la part du lion avec 15,4% du total
avec près de 400 collèges suivie de près par la région de Souss-Massa- Draâ
avec 13,2% du total. Sans surprise, la proportion la plus faible de lycées et
collèges se trouve au niveau des régions Sud, mais cela est à mettre en
parallèle avec la part du nombre des élèves dans ces régions dans le total
national qui demeure faible.
Concernant le taux d’encadrement des étudiants (nombre d’étudiants par
professeur permanent) dans l’enseignement supérieur, celui-ci est très inégal
entre les régions puisqu’il varie de 0,53 dans la région de Fès-Boulmane à plus
de 26 au niveau de la région du Grand Casablanca ; la moyenne nationale étant
de 6,22.
S’agissant
ensuite du secteur de la santé, le nombre d’infrastructures sanitaires
publiques dans une région donnée n’est pas corrélé avec la population. En
effet, la région du Grand Casablanca ne compte que 148 établissements de santé
public pour une population de près de 4 millions d’habitants, alors que la
région de Marrakech-Tensift Al Haouz en compte 362 (plus du double) pour
une population de 3.300.000 habitants, alors que la région de Souss-Massa-Draâ
compte 400 établissements pour une population de 3.500.000 habitants. Le nombre
de médecins par habitant montre également des disparités spatiales puisque ce
sont les régions du Grand Casablanca et de Rabat-Zemmour-Zaër qui comptent le
plus de médecins par habitant, alors que ce taux est le plus faible dans les
régions de l’Est (Taza-Al Hoceima-Taounate), Centre (Tadla-Azilal) et Sud
(Souss-Massa-Draâ et Oued Dahab-Lagouira). La moyenne nationale est d’1 médecin
pour 2.433 habitants.
Néanmoins, c’est au sujet de l’emploi que les disparités sont les plus fortes.
En effet, la région de l’Oriental enregistre le taux de chômage le plus élevé
avec 17,7%, alors que la moyenne nationale est de 9%, suivie des provinces du
Sud où le taux de chômage moyen est de 15,2%. La région de Rabat-Zemmour- Zaër
enregistre également un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale avec
12,8%. En revanche, c’est la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz qui
enregistre le taux de chômage le plus faible avec 4,5%, ainsi que la région de
Fès-Boulmane (6,5%).
SOURCE WEB Par Médias 24
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