Benkirane Je ne combats pas la corruption, c’est la corruption qui me combat
On peut ne pas être d’accord avec Abdelilah Benkirane, mais objectivement, c’est un homme politique redoutable, qui sait défendre son bilan, un orateur hors pair, capable de séduire n’importe quel auditoire ou presque. Démonstration.
Vendredi 24 juillet, il a animé un meeting populaire à Lalla Mimouna, dans le Gharb. Un meeting qui marque cette fois-ci l’entrée du PJD en campagne, après l’adoption mercredi par le secrétariat général du parti, du programme officiel pour les prochaines élections.
Benkirane était certainement heureux, presque jubilatoire. Il aime le contact avec la population et il aime la confrontation, le choc frontal. Ce fut une séquence intéressante, quelque chose entre le bain de foule et la démonstration de force, car la foule était nombreuse, en rangs serrés, enthousiaste. Le PJD présentera des candidats dans 70% à 80% des circonscriptions électorales.
Lalla Mimouna, il connaît. En 2011, les électeurs des législatives y avaient majoritairement voté pour le candidat PJD. Benkirane y avait tenu meeting et vendredi, il a remis le couvert.
Les messages de Benkirane donnent une idée de ce que sera la campagne du PJD dans les circonscriptions communales et régionales à conquérir:
-[Aux habitants qui se plaignent de ne pas avoir de réseau d’assainissement] vous venez vous plaindre, mais ce n’est pas le rôle du chef du gouvernement. C’est le rôle de ceux que vous avez élus en 2009 [précédentes communales]. Vous ne devez vous en prendre qu’à vous-mêmes. Si vous n’êtes pas contents, ne revotez pas pour eux.
-Un parti crédible, maâqoul, qui ne vend pas d’illusions: il reconnaît ses échecs (enseignement, chômage, accidents de la circulation, lutte anti corruption, réforme de la justice non aboutie …)
-Les formules qui fonctionnent :
“Je ne combats pas la corruption, c’est la corruption qui me combat“.
“Ce n’est pas la pauvreté que les Marocains ne supportent pas, c’est l’injustice“.
“Ce gouvernement est un gouvernement d’opposition à la corruption, aux malversations“.
“Le nouveau patron de la DGSN a dit à ses collaborateurs : le temps de bak sahbi [ton père est un ami, allusion au népotisme et aux interventions] est fini. Maintenant, c’est le mérite“.
“50 années de corruption ne peuvent être effacées en 3 ans“.
“Je vous propose une seule voie, la démocratie. Seule la démocratie vous protègera. Ne vendez pas vos voix. Défendez-vous. Vous venez vous plaindre du président de la commune qui n’a rien fait pour vous. Mais c’est vous qui avez voté pour lui. Ne vendez pas vos voix, ce sont elles qui vous protègent“.
-La référence récurrente à l’État et aux institutions :
“Le Maroc est un pays loué par les plus hautes personnalités, dans le monde, pour son évolution, sa stabilité, sa sécurité. Si vous entendiez ce que j’entends tous les jours, vous en seriez fiers comme moi“.
“Nous devons cette évolution aux orientations de Sa Majesté. Vous avez raison de clamer Vive le Roi. Sa Majesté est le garant de la démocratie“.
“ Les hauts responsables étrangers nous citent en exemple, un pays stable, en sécurité, pacifique, un pays où il y a la démocratie, un futur pays émergent, qui va investir en Afrique“.
-La foi, la référence islamique:
“Nous sommes croyants, nous sommes dirigés par Amir al Mouminine, comment pouvons-nous faire de la politique sans citer Dieu? Nous louons Dieu tous les jours pour ses bienfaits et nous le prions tous les jours de nous en donner d’autres. Grâce à Dieu, nous avons les pluies, la baisse du prix du pétrole. Et il faut dire aussi que le gouvernement a bien travaillé, sous les directives de Sa Majesté“.
-Didactique sur les questions économiques, exercice qu’il réussit très bien:
“Nous avons fait des économies sur le pétrole, sur la compensation. On va vous demander ce que Benkirane a fait de cet argent. La question est mal posée. Il n’y a pas d’argent. Ce sont des emprunts que nous n’avons pas faits. Ce sont des dettes en moins. 80 milliards de DH de dettes en moins“.
“Vous voulez des emplois ? Vous devez savoir que l’emploi, c’est l’investissement, ce sont des Marocains ou des étrangers qui investissent et créent des emplois, parce que le Maroc avance. Il y a pas mal d’investisseurs étrangers qui veulent se délocaliser au Maroc“.
-La harangue:
“Dieu m’est témoin, nous ne sommes pas venus pour amasser de l’argent, pour prendre la corruption, les commissions, nous prenons ce que la loi nous donne. Nous sommes ici pour servir le pays.“
“Est-ce que quelqu’un vous a payé pour venir assister à ce meeting? [clameur collective: NOOON], et pourtant c’est ce que font les marchands d’illusions, ils ne voient aucun rôle pour le citoyen, ils vous marginalisent, ils vendent les illusions à tous, en haut et en bas“.
-La fibre sociale:
“Nous avons augmenté la bourse des étudiants, rehaussé les petites retraites. Nous sommes sensibles à ce peuple, nous sommes en empathie, ce qui vous touche nous touche, nous sommes sensibles au pauvre, nous avons augmenté les petits salaires de la fonction publique, accordé des allocations aux veuves démunies [40.000 inscriptions déjà], il y aura une allocation pour tous les Marocains à besoins spécifiques qui sera certes symbolique, mais qui aura le mérite d’exister“.
Il n’y a plus d’interventions pour travailler dans la fonction publique, mais du concours et du mérite".
Le 24 Juillet 2015
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