APRÈS LE BAC, LE CHOIX DÉCISIF DE NOUVEAUX MÉTIERS ÉMERGENT, RESTE À FAIRE UN BON CIBLAGE
LA PRESSION NE FAIBLIT PAS SUR LES FILIÈRES UNIVERSITAIRES
LES ÉCOLES DE MANAGEMENT REFONDENT LEURS PROGRAMMES
Les facultés constituent encore largement la première option pour les bacheliers. Les universités ont entamé une stratégie de diversification de leurs cursus en les professionnalisant afin d’accroître l’employabilité de leurs lauréats. Pour l’instant, les résultats ne sont pas assez probants
Des milliers de jeunes bacheliers qui vont entamer les études supérieures à la rentrée de septembre prochain auront à faire un choix décisif pour leur avenir. Comme tous les ans, la majorité sera tentée par les établissements dits à accès ouvert. Pour faire simple, il s’agit de facs de droit et des sciences économiques, de facultés des lettres ainsi que de facultés des sciences. Ces filières concentrent en effet le plus gros des effectifs à l’université et concentrent, à elles seules, toutes les difficultés de l’enseignement, voire l’incapacité du système à bouger.
Fort heureusement, le choix ne se limite pas à ces «filières à chômage».
De l’automobile à l’hôtellerie, en passant par la communication, le cinéma et l’audiovisuel, de nouveaux métiers émergent en face desquels une offre de formation s’est développée, mais pas encore assez connue des jeunes. Certaines de ces filières constituent pratiquement une assurance contre le chômage tant leur potentiel en emplois est élevé sur le marché. De nos investigations, il ressort une pénurie de profils dans des métiers liés au cinéma, dans l’hôtellerie et le tourisme. Des spécialistes de l’optimisation des revenus (yield management) pourtant très demandés, sont très rares. Même constat pour la conciergerie dans l’hôtellerie haut de gamme. La difficulté des diplômés du supérieur (et pas seulement du public, quoi qu’ils soient les plus visibles du fait de leur nombre) à s’intégrer sur le marché de l’emploi tient aussi au décalage entre l’offre et la demande du travail. On en arrive à ce paradoxe où, d’un côté, des milliers de postes ne sont pas pourvus dans l’économie, et de l’autre, des milliers de jeunes diplômés qui se retrouvent sur la touche car «inadaptés».
Multiplication des partenariats avec le secteur privé
La méfiance frappe surtout ceux qui sortent des facs à forte densité démographique (droit, économie, sciences, lettres). Ce n’est jamais le premier choix de l’employeur dans les entreprises structurées. Pressées par la concurrence, les entreprises cherchent avant tout des candidats ayant des qualités intrinsèques pour s’adapter au poste de travail. Elles préfèrent souvent adapter leurs compétences techniques à leur métier. Les écoles de management et certaines écoles d’ingénieurs ont d’ailleurs révisé de fond en comble leurs programmes et leur approche pédagogique. Les enseignements insistent autant sur les capacités techniques que sur les compétences transversales.
Le péché originel dans le système public tient à une politique trop centrée sur l’approche production et pas assez sur le client. Elle en est arrivée à oublier le client en plaçant l’étudiant, qui est le principal client, au second rang. Ce sont les responsables qui font eux-mêmes ce constat: les cursus sont souvent configurés à partir des thématiques qui correspondent aux spécialités du corps enseignant et très peu aux besoins du marché. En gros, c’est l’enseignant qui dispense son savoir, peu importe que ce dernier soit en phase ou pas avec la demande du marché de l’emploi.
La formation d’ingénieurs est symptomatique de ce statu quo. Alors que le marché exige des ingénieurs polyvalents, dotés de compétences techniques, mais aussi capables de suivre l’évolution technologique, les grands établissements «historiques» ont du mal à changer de logiciel. Le résultat est l’apparition du phénomène nouveau de chômage de lauréats des écoles d’ingénieurs. Les entreprises attendent surtout de l’ingénieur qu’il crée de la valeur, cela implique que le système éducatif se rapproche le plus possible du monde économique.
La dynamique engagée par la multiplication des partenariats avec un certain nombre de fédérations métiers dans le cadre des plans sectoriels n’est pas encore assez forte pour qu’elle produise un impact décisif sur l’ensemble. «Si l’on veut faire évoluer le système, c’est cette équation qu’il va falloir inverser», relève un directeur d’établissement. Se pose inévitablement la question sensible de la mise à jour des connaissances et de la formation continue des profs. Mais aussi celle de la révision de fond en comble des méthodes pédagogiques. Or, sur ces deux points, il y a beaucoup de conservatisme, voire un immobilisme alimenté par la consanguinité entre ceux qui assurent la régulation et les enseignants. Résultat, lorsqu’on parle de réforme, le confort du corps enseignant semble prendre le pas sur la future employabilité des étudiants.
26 Avril 2015
SOURCE WEB Par A.S. L’ECONOMISTE
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