Le FMI expliqué par Abdelilah Benkirane
(Photo MAP)
Avec des métaphores et un vocabulaire simple, Abdelilah Benkirane explique la nécessité de la décompensation et les relations avec le FMI.
Dans les années 80, le Maroc a eu un ministre des Finances qui avaient de grandes qualités didactiques et qui a réalisé une révolution mentale pro-libérale: Mohamed Berrada, ministre des Finances de l’époque.
Actuellement, ce rôle pédagogique est assumé à merveille et peut-être mieux encore, par quelqu’un que rien ne prédestinait à cela: Abdelilah Benkirane. Le contexte n’est pas le même, le public n’est pas le même mais Benkirane explique très bien, avec des mots simples et de tous les jours, des métaphores bien choisies. Il explique des choses censées être complexes et opaques: le budget de l’Etat, la caisse de compensation, la ligne de précaution et les relations avec le FMI.
La prestation de Benkirane le week end dernier, devrait être diffusée à grande échelle, pour démentir tous ceux qui font croire et feignent de croire que le FMI est un ogre qui vient de lui-même affamer les peuples et que les Etat peuvent, sans conséquence aucune, accorder des subventions, distribuer des emplois, augmenter les salaires. Et que tout simplement ils ne le veulent pas, ou bien que le FMI le leur interdit parce qu’il a un compte à régler avec les pauvres et avec les pays en développement.
Benkirane s’exprimait devant les cadres de son parti.
Verbatim:
«Quelques mois après notre arrivée au gouvernement, le pétrole a atteint 117 dollars le baril. Chaque dollar de hausse coûtait à l’Etat 600 MDH par an, soixante-milliards-de-centimes. Nous étions sur le point de devenir incapables de payer cette charge. L’année s’est terminée avec 57 milliards de DH de charges de compensation.
«Que faire? Nous sommes allés voir le FMI.
«Il nous a suggéré un proposé type de crédit, qu’il venait de concevoir, une ligne de précaution. Une sorte de crédit disponible à tout moment, sans autre formalité. Le montant était de 6,2 milliards de dollars, environ 60 milliards de DH. Vous prenez le crédit, et vous l’utilisez en cas de besoin. Il n’est pas décaissé, mais octroyé et vous tirez l’argent en cas de besoin.
«Le FMI vous prête et, pour être tranquille, vient vous voir, il vient faire les comptes, vérifier tes propres comptes.
«Si tu veux que personne ne s’immisce dans tes affaires, que dois-tu faire? Tu ne dois pas aller le voir. Il ne fallait pas le solliciter. Et tu vas consommer ce que tu peux, selon tes moyens.
«Lorsque tu vas voir une banque, tu lui dis stp prêtes moi.
-la banque: comment tu vas me rembourser?
-Sur mon salaire.
-Combien tu gagnes.
-3.000 DH.
-Et combien tu veux emprunter?
-30.000 DH.
-Non, tu ne pourras pas rembourser. Est-ce que tu as d’autres dettes? Je te prête 15.000 DH selon telles et telles conditions. As-tu des garanties, une maison à hypothéquer, un bien???
«Donc, lorsque nous sommes allés voir le FMI, il s’est mis à venir tous les six mois effectuer la visite des lieux, comment sont les indicateurs, le déficit, les grands équilibres, la balance des paiements,…
«Quand je suis arrivé, le cou de l’Etat était étranglé par plusieurs cordes (ou nœuds coulants), essence, fuel électricité, gasoil, fuel industriel, butane…
«Et ceux qui tiennent les cordes, tu ne sais pas quand est-ce qu’ils vont tirer ni s’ils vont tirer
«Ils ne savent même pas qui tu es, les Américains confondent Morocco et Monaco.
«Qui es-tu toi pour eux? Ils ne te connaissent pas.
«Il fallait enlever ces cordes.
«J’y suis arrivé. L’essence, le fuel industriel, le gasoil, le fuel pour l’électricité…
«Nous avons dit à l'ONEE, nous allons vous donner 4,6 ou 4,7 milliards de DH par an jusqu’en 2017 et vous allez vous débrouiller avec. Miracle, la consommation de fuel a baissé et on se met à chercher d'autres sources.
«C’est comme lorsque tu amènes quelqu’un dans un restaurant. Tu lui dis prends le menu et choisis. Il prend du calamar et d’autres choses…. La facture s’élève à 1.000 DH. Tu lui dis : je te donne les 1.000 DH et tu choisis ton resto. Le lendemain, il ira à la mahlaba (laiterie du quartier), prendra un sandwich et économisera 970 DH qu’il gardera dans sa poche…»
12 Janvier 2015
SOURCE WEB Par Medias24
Tags : Mohamed Berrada, ministre des Finances de l’époque des années 80 avaient de grandes qualités didactiques et qui a réalisé une révolution mentale pro-libérale- Benkirane explique très bien, avec des mots simples et de tous les jours, des métaphores bien choisies- Benkirane explique des choses censées être complexes et opaques: le budget de l’Etat, la caisse de compensation, la ligne de précaution et les relations avec le FMI-