Les banques marocaines financent les petites et moyennes entreprises à hauteur de 99%
Forum de la PME et de ses partenaires à Casablanca
La conférence organisée par le Groupe Le Matin sur l’accès de la PME au financement et à laquelle a pris part le PDG Mohammed Haïtami aux côtés de représentants d'Attijariwafa bank, CIH Bank et Maroc Factoring.
Mohammed Haïtami :
«Le secteur bancaire fait partie de la solution et non du problème»
Hassan Bertal : «L’entrepreneur doit transmettre ses convictions au
banquier»
La problématique du financement des PME ne se pose pas en termes d’offre, mais plutôt d'utilisation. Ce qui nécessite un important effort de communication entre banques et entreprises. Les PME doivent également faire preuve de plus de rigueur et de transparence, selon les intervenants lors d’une conférence organisée par le Groupe Le Matin en marge du Forum de la PME à Casablanca.
Au moment où le Maroc s’engage résolument dans un ambitieux plan d’accélération industrielle, la PME profite d’un regain d’intérêt bien visible. Celle-ci étant en effet appelée à jouer un rôle essentiel dans ce nouveau plan. Le Forum de la PME et de ses partenaires, organisé par Epitaphe les 11 et 12 décembre à la Foire internationale de Casablanca, en est une preuve. Cette rencontre a en effet attiré différents intervenants et mobilisé des acteurs aussi bien publics que privés. En plus de la présentation des offres destinées à ce tissu de petites structures économiques, ces acteurs ont profité de l'occasion pour débattre de la PME sous toutes ses coutures. Et c’est à l'évidence la problématique du financement qui a focalisé l'attention des participants et visiteurs à ce forum, du moins en sa première journée. Ainsi, une conférence organisée par le groupe Le Matin sur l’accès de la PME au financement, à laquelle a pris part Mohammed Haïtami, président-directeur général du groupe, a fait salle comble. La rencontre a été marquée par un débat animé entre notamment les représentants du secteur bancaire et des chefs de PME. Un échange qui a permis de recadrer la relation entre cette population d'entreprises et les banques, en soulignant que tout est en grande partie affaire d’information et de communication.
Car, si les PME souffrent d’un manque de financement, soutiennent les banquiers, ce n’est pas par manque d’offres. Pour étayer leurs propos, ils ont avancé des chiffres éloquents. Ainsi, Hassan Bertal, directeur général adjoint d'Attijariwafa bank, en charge du marché de l'entreprise, a rappelé les résultats d’une étude de la Banque mondiale qui montrent que la part de la PME dans les crédits est de 28% au Maroc, soit presque le double de la moyenne observée dans la région MENA (15%). Un autre indicateur important a été mis en avant par Mohammed Haïtami : les banques sont presque les seules à financer les PME (à hauteur de 99%). Et même lorsque l’on ajoute les autres catégories d’entreprises, la part des banques dans leur financement reste prépondérante, avec 93%, contre 5 à 6% pour la Bourse et 2% pour le capital-risque.
Ce qui s'est traduit par une pression qui ne cesse de s’exercer sur le secteur bancaire, notamment avec le recours fréquent du Trésor aux banques pour se financer dans un contexte marqué par un important déficit budgétaire. Une telle situation a donné lieu à un effet d’éviction touchant les entreprises qui se voient obligées de partager les ressources bancaires domestiques avec le Trésor et à un déficit de liquidités qui met à rude épreuve le secteur bancaire, détaille M. Haïtami. De ce fait, le ratio crédits/dépôts est inférieur à 1, souligne le PDG du groupe Le Matin. Et si l'on ajoute les créances en souffrance qui sont sur un trend haussier, la marge de manœuvre du secteur bancaire se rétrécit davantage, précise-t-il. Ce qui l’amène à conclure que le secteur bancaire fait partie de la solution et non du problème. Toutefois, vu la dynamique que connait le Maroc, avec un accroissement important du tissu des entreprises, la pression risque de s’exercer davantage sur le secteur bancaire. Une situation qui appelle des solutions.
Lotfi Sekkat, directeur général délégué chez CIH Bank, soutient aussi que l’offre de financement pour les PME existe et cite la Caisse centrale de garantie (CCG) et les lignes de refinancement accordées par Bank Al-Maghrib aux banques pour encourager le financement des PME. Le problème est que ces financements sont sous-utilisés, tout comme d’autres outils tels le factoring, le leasing, note pour sa part Salma Tazi, présidente du directoire de Maroc Factoring.
Une situation que les intervenants attribuent notamment au manque d’information et de communication. Ce qui nécessite plus de proximité et de dialogue entre les deux parties, estiment-ils. Mais ils appellent également les PME à plus de rigueur et de transparence pour présenter des projets bancables. Et pour cela, elles ont besoin de plus d’accompagnement. Aux banques, le PDG du groupe Le Matin a suggéré de développer un savoir-faire dans les nouveaux métiers d’avenir, quitte à créer des départements dédiés.
Questions à Hassan Bertal, directeur général adjoint d'Attijariwafa bank, en charge du marché de l'entreprise
«L’entrepreneur doit transmettre ses convictions au banquier»
Le groupe Attijariwafa bank fait du financement de la PME un choix stratégique. Que prévoit-il pour renforcer cette orientation ?
Notre stratégie réserve une place de choix au financement de la PME et de la TPE. Rien qu’en 2014, nous sommes arrivés à leur réserver des fonds de 15 milliards de DH. Pour l’avenir, nous allons rester sur cette lancée. En fait, à côté du financement sur lequel nous sommes mobilisés, il y a aussi d’autres paramètres : de la proximité, du conseil et de l’accompagnement. Ainsi, le sujet de 2015 sera l’export et l’ouverture à l’international. Il s’agit d’encourager les entreprises, même si elles sont petites, à ne pas hésiter à aller chercher des marchés petits ou grands à l’extérieur du Maroc. C’est le saut qualitatif que nous cherchons, notamment vers l’Afrique où le Maroc dispose d’un réseau de banques marocaines très étoffé qui permet d’assister, d’apporter de l’aide et de l’accompagnement à nos entreprises.
Les banquiers soutiennent que les PME présentent souvent des dossiers qui ne sont pas bien ficelés. Peut-on parler d’une amélioration à ce niveau ?
Une amélioration a été observée, mais elle n’est pas générale. Le financement des PME aurait pu s’améliorer beaucoup plus si les choses étaient plus structurées du côté des entreprises comme des banques.
Que faire donc pour aller plus avant ?
Il faut une complicité. Les entreprises doivent savoir qu’il faut tout dire et expliquer à leurs banquiers. Elles doivent les considérer comme des partenaires. Plus on est transparent, plus on transmet ses propres convictions et mieux ça avance.
Car souvent l’entrepreneur est convaincu de son projet, il voit l’avenir, mais il n’arrive pas à transmettre ses convictions aux autres.
11 décembre 2014 –
SOURCE WEB Par Lahcen Oudoud, LE MATIN
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