Pays émergents La classe moyenne comptera 200 millions de foyers en 2022
Lors de la conférence-débat, les participants ont été unanimes à prédire la progression de la classe moyenne marocaine dans les années à venir. Ph. Saouri
Les classes pauvres auront tendance à devenir de plus en plus minoritaires dans le monde dans les années à venir au profit d’une classe moyenne, surtout dans les pays émergents. Le pronostic est de Mohamed Mabrouk, associé chez le prestigieux cabinet international, Ernst & Young, lors d’une conférence-débat organisée le 13 novembre à Casablanca par la Fondation Attijariwafa bank sur le thème «Classe moyenne et croissance durable partagée : quels outils pour mieux répartir la richesse nationale et relancer l’ascenseur social au Maroc ?» Selon les projections de M. Mabrouk, dans moins de dix ans, les pays émergents compteront 200 millions de foyers dont les revenus annuels dépasseront les 35.000 dollars US. Rien qu’en Chine, le nombre de ménages disposant d'un tel revenu va tripler pour frôler les 80 millions en 2022. Le Brésil et la Russie compteront chacun 15 millions de foyers à ce même niveau, tandis que le Mexique, la Turquie et l’Inde en abriteront plus de 10 millions chacun.
Dans son intervention, l’expert s’interroge sur l’équation classe moyenne-croissance. «Je pense que c’est une question essentielle à se poser : est-ce la classe moyenne qui génère la croissance ou est-ce l’inverse qui se produit ?» L’associé d’Ernst & Young tente de répondre à la question en affirmant que l’équation est quelque peu complexe du fait que la croissance favorise l’émergence de la classe moyenne et que cette dernière génère à son tour de la croissance. «L’effet boosteur de la croissance que produit la classe moyenne apparaît à partir d’un stade que l’on appelle moment idéal», développe M. Mabrouk. Pour lui, l’émergence de la classe moyenne passe par une forte croissance, laquelle se traduit par une hausse des salaires et une amélioration de la qualité des services publics. Sauf que ce processus n’est pas toujours automatique, à l'en croire. Son explication : parfois les fruits de la croissance ne sont pas équitablement répartis. Résultats des courses : des déséquilibres économiques au sein de la société.
Pour sa part, l’économiste Youssef Saâdani s’est intéressé à l’évolution de la classe moyenne au Maroc. M. Saâdani a tenu à exposer ses propres critères de classification. «Pour moi, la classe moyenne dans notre pays n’est pas composée de gens qui touchent un salaire entre 2.800 et 6.763 dirhams, comme le soutient le Haut Commissariat au Plan (HCP), mais de ceux qui perçoivent une rémunération comprise entre 10.000 et 40.000 DH», affirme l’économiste. À en croire son pronostic, la classe moyenne marocaine autonome (célibataire) devrait peser, en 2050, quelque 2,2 millions de personnes et celle comptant des couples 2,8 millions. Les personnes en âge de travailler devront représenter 19% de la population.
Selon M. Saâdani, il faut trois conditions sine qua non pour qu’émerge une classe moyenne au Maroc. D’abord, une hausse importante du taux d’emploi avec des rémunérations importantes, ensuite des services publics d’une meilleure qualité pour faire baisser le seuil d’accès à l’éducation, la santé et le transport, et enfin une meilleure planification urbaine. Pour l'économiste, le Maroc doit relever plusieurs défis s'il veut développer sa classe moyenne. Exemples : veiller au non-déclassement des diplômes et faire face au risque d’attente dans l’emploi. Il ajoute, par ailleurs, que les prix de l’immobilier dans le pays devront continuer à augmenter dans les années à venir et que la tendance à la stagnation constatée actuellement est tout simplement conjoncturelle. À ses yeux, l’évolution de la classe moyenne dans le Royaume devrait connaître le même processus de formation constaté dans les années 1960 dans plusieurs pays européens comme la France et l’Allemagne, mais à un rythme moins important.
14 novembre 2014 –
SOURCE WEB Par Saïd Naoumi, LE MATIN
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