LA CONFÉDÉRATION DU TOURISME AU CLUB DE L’ECONOMISTE «SANS LA HAUTE AUTORITÉ, LE SECTEUR TOURNERA EN ROND»
BESOIN URGENT DE REVOIR LA GOUVERNANCE LE BUDGET DE LA PROMOTION ANORMALEMENT BAS LE PLAN AZUR DOIT ÊTRE REVU ET CORRIGÉ
«La structure des agences de développement touristique (ADT) sera revue et corrigée en 2015. En attendant, la gouvernance locale sera assurée avec la consolidation des pouvoirs des conseils régionaux du tourisme (CRT)», annonce Ali Ghannam, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT)
- L’Economiste: Les dernières Assises du tourisme ont suscité plusieurs critiques. Pensez-vous qu’elles soient fondées?
- Ali Ghannam: Les Assises de 2014 ont fait couler beaucoup d’encre. Après une longue période d’attentisme qui dure depuis 2010, il fallait organiser des Assises. Nous avons pratiquement taclé le ministère pour accélérer l’organisation. Cet événement est important pour fédérer et remobiliser tous les acteurs. Le principal acquis est d’avoir établi un diagnostic et s’être engagé sur plusieurs points. Après plusieurs années d’attente, le comité stratégique du tourisme s’est réuni sous la tutelle du chef du gouvernement juste avant les Assises. D’un point de vue organisationnel, il faut avouer que ce n’était pas la même version que les autres éditions.
- Quels sont les points sur lesquels le secteur est en retard par rapport à la vision 2020 ?
- Nous sommes en retard de 2 millions par rapport au nombre d’arrivées prévues. C’est le cas également pour les nuitées et les investissements. Le plus important est que nous avons pu prendre plusieurs engagements mutuels entre privé et public pour 2015 lors des Assises. Si la Haute autorité n’est pas mise en place dès l’année prochaine, nous allons continuer à tourner en rond. Elle permettra de prendre plusieurs décisions notamment en matière de fiscalité. Nous sommes le seul secteur qui est taxé 17 fois avec une très grande complexité de la fiscalité locale. Ce qui est un véritable frein à l’investissement. Nous demandons une harmonisation et une simplification de cette fiscalité.
- Avec 350 millions de DH pour la promotion, l’on s’éloigne des recommandations de l’OMT?
- Nous sommes à 0,5% des recettes touristiques contre les 3% recommandés. Ce niveau est anormalement bas. Le chef du gouvernement s’est engagé sur une augmentation de ce budget sans que cela ne soit opérationnalisé. La vision 2020 prévoit de passer de 500 millions à 1 milliard de DH pour la promotion. Lors des Assises, nous avons acté une augmentation des budgets sans arrêter de chiffres. Justement, la Haute autorité pourra faire des benchmarks au niveau international et demander l’augmentation des budgets de la promotion. Une quinzaine de ministres dont celui des Finances vont siéger au niveau de son conseil.
- Au sein du gouvernement, il n’y a pas une seule vision pour régler le problème de l’aérien?
- Effectivement, il y a plusieurs sièges qui ne se remplissent pas. C’est le cas également au niveau des hôtels avec des taux d’occupation autour de 53%. Par contre, il y a des pics d’activité qui nécessitent plus d’aérien. Les routes touristiques utilisées par la compagnie nationale ne sont pas nécessairement celles demandées par les professionnels du secteur. Elles sont beaucoup plus dirigées vers des créneaux comme l’Afrique. Ce qui est cohérent avec le contrat-programme de RAM mais ne va pas de pair avec la vision du secteur. C’est pour cela que nous demandons au sein de la Confédération d’accélérer la mise en place de la Haute autorité comme arbitre entre les intérêts d’une compagnie ou ceux de tout un secteur qui emploie 500.000 personnes, pèse 9% du PIB pour 60 milliards de DH de rentrée de devises et 110 milliards de DH de chiffre d’affaires. Cette autorité est indispensable pour toute l’équation touristique.
- Où en est aujourd’hui le plan Azur?
- Au lancement, il était question de 6 stations qui sont devenues 11 avec l’engouement pour ce plan. L’investissement n’est pas quelque chose qui se décrète mais vient avec la rentabilité. Des stations ont émergé mais connaissent beaucoup de difficultés comme Saïdia ou Mogador. Si d’autres Assises se tiennent en 2015, elles porteront sur le plan Azur. Maintenant, il est question d’encourager l’émergence d’au moins 3 stations: Saïdia, Lixus et Taghazout. Une réflexion doit être menée pour revoir le modèle des autres stations.
- Est-ce que le problème de sous-déclaration dans l’hôtellerie persiste encore?
- Ce genre de mauvaise pratique existe mais nous demandons à la tutelle et aux autorités locales de faire leur travail. Les opérateurs qui sous-déclarent sont connus mais ne sont pas directement contrôlés. Nous sommes disposés à donner des noms aux autorités. La plupart des hôteliers sont en règle et dotés d’un système informatique qui ne permet même pas d’avoir recours à ce genre de pratiques. Le problème touche surtout les hôtels non classés et les structures non organisées.
Fin de mandat
L’ACTUEL bureau de la CNT arrive en fin de mandat. Une assemblée générale élective se réunira le 23 décembre prochain. Les candidatures ne sont pas encore connues. Ali Ghannam a à son actif la réorganisation de la fédération en confédération pour en faire l’interlocuteur privilégié dans le secteur. Un travail important a été entrepris pour l’amélioration des normes de classement des hôtels avec une meilleure visibilité au sein du secteur. La CNT a également signé des conventions avec les cinq plus importants syndicats du secteur pour la mise en place de conventions collectives.
10 Novembre 2014
SOURCE WEB par Ilham BOUMNADE L’ECONOMISTE
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