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TOURISME FINANCEMENT BANCAIRE DES PROJETS TOURISTIQUES, LES VÉRITÉS DE MOHAMED EL KETTANI

TOURISME    FINANCEMENT BANCAIRE DES PROJETS TOURISTIQUES, LES VÉRITÉS DE MOHAMED EL KETTANI

 La problématique de financement du secteur touristique par les banques a été l’un des thèmes centraux des 11èmes Assises du Tourisme : «Quels enjeux pour le financement et l’investissement dans le secteur du tourisme». Ce fut l’occasion pour Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa bank et Vice-président du GPBM, d’asséner quelques vérités sur la «frilosité» supposée des banquiers à financer le tourisme.
 
Les banques sont-elles frileuses quand il s’agit de financer le secteur touristique en général et hôtelier en particulier ? Pour la majeure partie des professionnels de l’industrie du tourisme, les banques ne financent que marginalement cette activité. Et souvent, ils avancent comme argument le fait que le secteur touristique qui pèse actuellement environ 8,5 % du PIB marocain ne pèse que 2,8% de l’encours global des crédits bancaires à l’économie nationale.
L’intervention très remarquée de Kettani a été riche d’enseignements. D’emblée, et au détour de quelques phrases, le patron de la première banque du Royaume a remis les pendules à l’heure : «le secteur bancaire a de tout temps accompagné tous les professionnels du secteur touristique. Toute l’infrastructure afférente est l’œuvre de grands professionnels et du secteur bancaire marocain».
 
Aucun refus de financement non justifié
Et en ce qui concerne la prétendue frilosité des banquiers à financer le secteur touristique marocain, Kettani a expliqué que cette question a été discutée et élucidée avec les 4 derniers ministres du Tourisme qui avaient tous fait part aux banquiers, regroupés au sein du GPBM, des revendications des professionnels du secteur.
«Nous avons toujours répondu aux ministres successifs du Tourisme que nous, banquiers, sommes très pragmatiques. Nous traitons au cas par cas. Nous ne pouvons pas émettre un jugement unique sur le secteur hôtelier. Dans cette salle (faisant allusion aux participantes), il y a des clients hôteliers qui ont un rating A et il y a une bagarre incroyable entre les banques pour avoir ce type de clients dans leur portefeuille. Nous avons également des clients notés B. Mais, il faut le préciser, nous avons aussi dans la salle des hôteliers ayant un rating E et F, c’est à dire des hôteliers classés à risque avec des contentieux et dont les créances sont provisionnées. En conséquence, nous avons demandé aux représentants du secteur hôtelier de dévoiler à Bank Al-Maghrib ne serait-ce qu’un cas d’hôtelier n’ayant pu obtenir le financement de son projet alors qu’il remplit les conditions nécessaires. Et la profession est prête à disséquer tout refus».
Or, poursuit le Vice-président du GPBM, «Jusqu’ à présent, aucun cas de refus n’a été soumis au secteur bancaire par les professionnels». En clair, pour les banquiers, tous les hôteliers qui ont des dossiers d’investissement bien ficelés avec un business plan et une étude de rentabilité claire bénéficient des concours du secteur bancaire.
En outre, revenant sur les chiffres avancés par les professionnels pour justifier la marginalisation du secteur touristique qui ne concentre que 19 milliards de dirhams d’encours de crédits bancaires, soit 2,8 % de l’encours global des crédits, M. Kettani a tenu aussi à apporter des précisions. Pour lui, «l’encours des crédits au secteur touristique doit être rapporté à celui de l’encours des crédits d’équipement et non à l’encours global des crédits à l’économie».
 
Protéger l’épargne des clients
Et selon cette méthode de calcul prônée par les banquiers, les crédits accordés au secteur représentent plus de 12 % des crédits d’investissement. Seulement, poursuit le banquier, «au niveau du secteur bancaire, dès que la concentration des crédits au niveau d’un secteur dépasse les 5 %, les voyants s’allument en orange. Ce ne sont pas les banquiers qui le veulent. En clair, nous devons protéger les dépôts de nos épargnants». Mieux encore, explique t-il, «je tiens à rappeler, tout de même, que nous avons signé une convention de financement portant sur 24 milliards de dirhams au profit du secteur touristique sur 15 ans dont 3 années de grâce. Nous dépassons ainsi les limites de la transformation raisonnable d’une situation actif/passif d’un bilan bancaire».
Face à cette situation et afin de mieux accompagner le secteur touristique, tous les acteurs pensent qu’il faut innover en matière de financement des investissements touristiques en pensant à d’autres canaux de financement supplémentaires. «C’est ce que nous avons réalisé avec le fonds Wessal. Est-ce que ce fonds a rencontré des difficultés à lever des fonds auprès du secteur bancaire marocain ?», s’est interrogé Kettani avant de souligner que «ce sont plusieurs milliards de dirhams qui ont été levés dans les différents projets supportés par Wessal».
 
Un méga-fonds d’investissement
Seulement, si ces levées ont été rendues possibles, c’est pace que certains écueils ont été dépassés. Et parmi ces problèmes à régler, selon les banquiers, il y a celui fondamental des fonds propres. «Vous ne pouvez pas demander à des banques responsables d’engager dans une industrie fortement capitalistique des fonds importants engageant des risques à très long terme, avec la transformation de l’épargne à très court terme en engagement à très long terme s’il n’y a pas, à côté, des fonds propres engagés par l’investisseur lui-même pour servir d’amortisseur en cas de retournement de conjoncture», a expliqué le PDG du groupe Attijariwafa bank. C’est dans cet esprit d’ailleurs que la convention signée entre les banques, les professionnels et le ministère du Tourisme stipule un engagement en fonds propres à hauteur de 40% et des financements bancaires à hauteur de 60% de l’investissement. Dans certains projets, cet engagement a été respecté. C’est notamment le cas des programmes ayant bénéficié du concours des fonds d’investissement dédiés au secteur touristique (HPartners, T-Capital, Alif, Madaef, etc.), promus et soutenus par les banques. Ces fonds ont permis de lever 12 milliards de dirhams contribuant au financement de projets hôteliers dont des financements indirects assumés par le secteur bancaire. Ainsi, «grâce à ces fonds d’investissement, les banques se trouvent fortement engagées en fonds propres en plus des dettes accordées directement au secteur et dont l’encours est de 19 milliards de dirhams», a souligné Kettani.
Face à cette équation complexe pour le secteur bancaire, «nous avons sollicité au régulateur et au ministère la création d’un «méga-fonds d’investissement» qui regroupera l’ensemble des actifs des fonds d’investissement dédiés au secteur touristique et qui mobilisera des fonds auprès d’organismes collectant de l’épargne longue (caisses de retraite, compagnies d’assurance, fonds de pension, etc.), des fonds souverains, des institutions multilatérales, etc.».
La mise en place d’une telle structure permettra de résoudre une grosse partie de la problématique de financement du secteur touristique en apportant une réponse à la problématique des fonds propres. Les autorités de tutelle se penchent actuellement sur la faisabilité de ce méga-fonds.

24 OCTOBRE, 2014 AT 17:59
SOURCE WEB Par Tourisme et Gastronomie

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