Alors que l'on annonce une vague d'annulations sans précédent depuis le marché français, le ministre du Tourisme Lahcen Haddad fait une nouvelle fois la sourde oreille et choisi de contester ces chiffres. Une stratégie de fuite en avant devenue comme une signature de la tutelle. Jusqu'à quand ? Dans notre secteur d'activité comme dans d'autres, il existe plusieurs manières de réagir à une situation de crise. Certains choisissent de dénoncer publiquement les dysfonctionnements qu'ils observent, tandis que d'autres choisissent d'arrondir les angles et de trouver le meilleur compromis possible ; c'est le plus souvent cette méthode, à tort ou à raison, que préfèrent les responsables des associations de professionnels du tourisme. Mais lorsque qu'une personne, habituée au second procédé, choisi tout d'un coup d'ouvrir les vannes et de dire tout de go ce qui ne va pas, c'est que certaines limites ont été franchies.
Votre ministre n’a pas encore assez saisi l’ampleur du phénomène
Alors, lorsque René-Marc Chikli, président du CETO et pas spécialement connu pour ces coups de gueule, dit publiquement, concernant la multiplication des annulations depuis le marché français, que notre ministre du Tourisme Lahcen Haddad « (...) n'a pas encore assez saisi l'ampleur du phénomène », cela sonne comme un coup de boutoir. En effet, après la décision du Quai d'Orsay d'émettre un message de vigilance à l'attention des Français résidant ou voyageant au Maroc suite à l'assassinat d'Hervé Gourdel, les touristes français ont déserté en masse le royaume : annulations et reports se multiplient et atteignent désormais de 15 à 50 % selon les opérateurs.
Une structure officielle telle que l'AFP n'hésite même plus à parler de « réaction épidermique » des Français vis-à-vis du Maroc.
Cela à fait sortir de leurs gonds bon nombre de professionnels : « Le classement de l'ensemble du Maghreb, dont le Maroc, parmi les zones dangereuses par les autorités françaises est une décision émotionnelle très exagérée », a ainsi déclaré à l'AFP Othman Chérif Alami, qui ajoute que "même lors de l'attentat du café Argana à Marrakech, ils n'avaient pas réagi ainsi". Même son de cloche du côté de nos partenaires français : « Les clients disent « j'ai peur, je ne veux pas y aller » », explique René-Marc Chikli pour qui « il y a eu une véritable maladresse de communication (…) du Quai d'Orsay (NDLR : ministère français des Affaires étrangères) ».
Le président du CETO appelle les autorités marocaines à « agir vite » pour « contrecarrer les effets pervers de cette communication »
Bref, comme diraient les Suisses, il y a le feu au lac… Vraiment ? Pourtant, pour notre ministre du Tourisme, il n'y a pas de quoi s'affoler. Les chiffres ? L'avis des professionnels ? Cela a-t-il une si réelle importance ? Car les « éléments de langage » de M. Haddad sont fin prêt. Vous savez bien, cette stratégie de communication qui consiste, lorsqu’un problème survient, à répéter en boucle un argumentaire huilé pour tenter de noyer le débat. Du coup, nous nous retrouvons dans la posture incongrue où nos responsables publics laissent aux professionnels du tourisme, marocains comme étrangers, le soin de réagir à la situation et de tenter de trouver une solution. Un comble… pas vraiment non. Car pour plonger, le tourisme marocain n'a pas besoin du Quai d'Orsay, il a déjà un ministre.
Ce dernier, loin de se contenter de ne rien faire, se permet même d'en rajouter une couche. Ainsi, a-t-on entendu M. Haddad expliquer à l'AFP que « les annulations et la baisse du taux de réservation restent limitées d'après les acteurs du secteur que nous avons contactés (on aimerait bien connaître le nom de ces acteurs…) », avant de se féliciter de la dite communication : « Au final, la prise en compte du Maroc, par les autorités françaises, comme destination touristique sure (sic) pour ses voyageurs est une chose positive ». En effet, comme le dit M. Chikli, il semblerait qu'il « n'a pas encore assez saisi l'ampleur du phénomène »… Aujourd'hui de nombreuses voix s'élèvent pour demander le remplacement de Lahcen Haddad à la tête du département du Tourisme ; « il ne fait vraiment pas l'affaire » n'hésitent plus à dire les professionnels.
Le fiasco des dernières Assises et l'autisme ministériel
Entre le fiasco des dernières Assises et l'autisme ministériel quant à la récente explosion des annulations depuis le marché français, les faits tendent à leur donner raison.
Toutefois, la réalité est plus complexe ; explicitons le une fois toute : M. Haddad n'est pas là pour piloter notre tourisme. Il ne fait que participer aux jeu des chaises musicales de la vie politique marocaine. Il est ministre du tourisme parce qu'il faut bien commencer sa carrière ministérielle quelque part et qu'il n'avait pas (et n'a toujours pas d'ailleurs) le poids politique pour occuper un portefeuille plus prestigieux. Car c'est la triste réalité de ce secteur stratégique de l'économie marocaine : il a beau représenter 10 % du PIB marocain, il est systématiquement laissé aux mains de profanes.
Depuis de sept ans maintenant, le tourisme marocain est comme un bateau ivre ; nous avons eu Boussaid et ses accusations à répétition envers la profession, Znagui et ses milliards imaginaires du Golfe et maintenant Haddad et ses éléments de langage…
Au final, on a beau critiquer son action (ou plutôt son inaction), Lahcen Haddad n'est que l'illustration de l'importance qu'accorde les autorités gouvernementales au secteur.
Alors, pour ceux qui aujourd'hui se retrouvent pressés de changer le titulaire du portefeuille, au vue de notre histoire récente, rappelons l'adage : on sait ce que l'on perd mais on ne sait pas ce que l'on gagne…
17 Octobre 2014 12:35
SOURCE WEB Par LaVie Economique
Tags : Alors que l'on annonce une vague d'annulations sans précédent depuis le marché français, le ministre du Tourisme Lahcen Haddad fait une nouvelle fois la sourde oreille et choisi de contester ces chiffres, une stratégie de fuite en avant devenue comme une signature de la tutelle -lorsque René-Marc Chikli, président du CETO et pas spécialement connu pour ces coups de gueule, dit publiquement, concernant la multiplication des annulations depuis le marché français, que notre ministre du Tourisme Lahcen Haddad n'a pas encore assez saisi l'ampleur du phénomène, cela sonne comme un coup de boutoir- annulations et reports se multiplient et atteignent désormais de 15 à 50 % selon les opérateurs- de nombreuses voix s'élèvent pour demander le remplacement de Lahcen Haddad à la tête du département du Tourisme ; « il ne fait vraiment pas l'affaire » n'hésitent plus à dire les professionnels- Le fiasco des dernières Assises et l'autisme ministériel- M. Haddad n'est pas là pour piloter notre tourisme, il ne fait que participer aux jeu des chaises musicales de la vie politique marocaine-le tourisme marocain est comme un bateau ivre, nous avons eu Boussaid et ses accusations à répétition envers la profession, Znagui et ses milliards imaginaires du Golfe et maintenant Haddad et ses éléments de langage-
Après un Master d'histoire à la Sorbonne et un an d'enseignement dans un lycée au Liban je réalise un vieux rêve en marchant sur les pas de Charles de Foucauld au Maroc. Ce jeune officier français était parti à 24 ans en 1883 pour renseigner la Société de Géographie sur ce pays alors très mal connu...