Gestion durable
Le traitement des déchets pose problème Publié le : 02.10.2011 | 12h33 L'enterrement sans prétraitement des matières engendre l'infiltration du lixiviat, un liquide toxique, dans le sol et la pollution de l'air par le biogaz. Au Maroc, le taux d'urbanisation sera d'environ 75% à l'horizon 2025. Ce basculement à grande échelle vers la société de consommation générera davantage de déchets. Pour faire face à ces défis, un Programme national des déchets ménagers et assimilés (PNDM), qui vise à atteindre un taux de collecte et de nettoiement des déchets domestiques de 90% en 2015 et 100% en 2020, a été lancé ces dernières années. Le PNDM a prévu également la réalisation de décharges contrôlées au profit de tous les centres urbains et la fermeture de quelque 300 décharges sauvages à l'horizon 2015. Toujours à cette même échéance, ce programme national s'est fixé le développement de la filière «tri-recyclage-valorisation» pour atteindre un taux de 20% de recyclage. Mais pour le moment, seulement 10% des déchets sont recyclés tandis que la majorité est enterrée sans aucun prétraitement. «En Allemagne et en France, il est obligatoire de prétraiter les déchets avant leur enfouissement. Le prétraitement évite l'infiltration du lixiviat (liquide toxique) dans le sol et la pollution de l'air par le biogaz. Malheureusement au Maroc, il n'y a pas d'obligation de prétraitement et tous les déchets sont enterrés à l'état brut», a souligné Hassan Chouaouta, président de l'Association marocaine des experts en gestion des déchets et en environnement (AMEDE). Pour les experts de la gestion des déchets, cette situation pose des difficultés aux autorités et aux sociétés délégataires qui n'arrivent pas à faire fonctionner ces décharges selon les cahiers de charges. Ces entreprises se trouvent avec un taux de lixiviat beaucoup plus important que celui pris comme base de calcul dans la conception de l'installation. Toujours selon les spécialistes, une politique de gestion durable des déchets exige d'enterrer le minimum de déchets. Et cela nécessite la mise en place d'installations de traitement des déchets. «Ce choix permettra de valoriser le recyclage des matières organiques pour la production du compost, éventuellement de l'électricité ou du combustible alternatif utilisé notamment pour les cimenteries et les centrales électriques», a ajouté Chouaouta. Il est vrai que la gestion durable des déchets permet entre autres la réduction d'impact sur l'environnement, et la création d'une économie de recyclage. Toutefois, cela demande beaucoup d'argent En l'absence d'un système de recouvrement des coûts (taxes et redevances), il sera difficile de mettre un tel système de gestion des déchets d'où la nécessité de l'Etat de mettre la main à la poche ou de réaliser des partenariats avec les professionnels du secteur pour trouver d'autres mécanismes par le financement de ces installations L'autre problème des décharges, c'est qu'une grande partie de ces unités reçoivent aussi des déchets industriels (60% dans l'axe El Jadida-Kénitra), sans que les industriels prennent en charge leurs déchets conformément aux dispositions de la loi. Quant aux déchets dangereux, la seule installation censée recevoir ces matières, en l'occurrence le Centre national d'élimination de déchets spéciaux (CNEDS), est toujours dans la phase d'étude. Autre obstacle, les autorités locales ont du mal à faire accepter des sites comme décharges publiques auprès des présidents des communes. La solution serait de proposer que le choix du site soit réalisé dans un cadre régional et de marketing territorial. «De manière générale, entre l'étude et la prise de décision pour la réalisation d'une décharge contrôlée, il faut deux à trois ans au minimum.Cela risque de retarder la mise en œuvre du PNDM », a conclu Chouaouta. Tri à la source La gestion des déchets constitue un problème majeur au Maroc Elle est déficitaire dans plusieurs villes et centres urbains et a des conséquences fâcheuses sur la qualité de vie et la santé de la population ainsi que sur l'environnement La dégradation de l'environnement causée par la gestion non rationnelle des déchets a été évaluée en 2003 à 0,5% du PIB soit 1,7 milliard de DH Des initiatives importantes ont été prises pour remédier à cette situation, telles que l'adoption d'une loi relative à la gestion des déchets et à leur élimination en 2006. Par ailleurs, un Programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM) a été lancé. Son coût est de l'ordre de 40 milliards de DH. Ce programme vise notamment à organiser et développer la filière de «tri-recyclage-valorisation» pour atteindre le taux de 20% de récupération des déchets générés en 2015, avec des actions pilotes de tri à la source. Repères Communes Les communes n'ont pas de personnel qualifié pour contrôler et suivre les opérations d'installation, de fonctionnement et d'exploitation des décharges quand il s'agit de gestion déléguée. Secteur Au Maroc, quelque 10% des déchets ménagers sont recyclables par le secteur informel (plastique, papier-carton, chiffon, etc.). Lixiviat Le lixiviat est le liquide résiduel et toxique engendré par l'infiltration de l'eau et des liquides à travers une zone de stockage de déchets. SOURCE WEB Par Rachid Tarik | LE MATIN