Ramadan La Nuit du Destin, mieux que mille mois
Publié le : 26.08.2011 | 17h22 Malgré l'évolution et l'ouverture que connait la société, le Ramadan en général et «Laylat Al Qadr», en particulier, ont su garder toute leur importance et leur sacralité aux yeux des Marocains. Il est vrai que depuis quelques années, la société marocaine a tendance à «s'occidentaliser». Les jeunes, et même les moins jeunes, donnent l'impression de s'éloigner chaque jour un peu plus, des coutumes et traditions marocco-musulmanes. Il est vrai également, que les cafés, voire les cabarets, débordent de clients y compris pendant les soirées de ce mois sacré. Et pourtant...! Ramadan conserve sa sacralité. En effet, plus nombreux d'année en année, des centaines de milliers de citoyens affluent aux mosquées chaque soir pour la prière des «Tarawih». Et c'est «Laylat Al Qadr» (la nuit du destin ou du mérite) qui bat tous les records de fréquentation des mosquées. Les prieurs ont pris l'habitude, depuis toujours, de passer une bonne partie de la nuit à la mosquée. «Je passe la nuit de Laylat Al Qadr à la mosquée chaque Ramadan, depuis plus de trois ans. Je m'y rends avec mes amis. Nous ne sommes pas très pieux à l'origine et comme tous les jeunes de notre âge, nous commettons beaucoup d'erreurs. Mais, nous essayons de ne pas trop nous égarer du droit chemin. Laylat Al Qadr est l'occasion rêvée de se faire pardonner et en même temps de se rapprocher d'Allah», affirme Alaa, 28 ans. «J'attend Laylat Al Qadr avec impatience chaque année. Avec le reste de ma famille, nous nous organisons pour passer cette nuit sacrée à prier à la mosquée. Nous avons pris cette habitude depuis quelques années. Avant, mon père était le seul à le faire, mais depuis nous nous sommes tous joints à lui, hamdolillah. Rien ne pouvait nous arriver de mieux», assure Ilham, 27 ans. Sa sœur Meriem, 32 ans, ajoute: «C'est une formidable occasion de se purifier de ses pêchés et de se sentir proche de Dieu». Contrairement aux apparences, on remarque que c'est une population assez jeune qui fréquente les mosquées durant le Ramadan. Il suffit de se rendre à une mosquée pour le constater «Al hamdolillah, beaucoup de jeunes viennent faire la prière à la mosquée, surtout durant la nuit du destin. Il y a tellement de monde pendant cette veillée qu'on est obligé de rompre son jeûne dans la mosquée afin d'être sûr d'avoir une place», souligne Hassan, 48 ans. Certaines personnes vont même jusqu'à passer les dix dernières nuits de Ramadan à la mosquée. C'est ce qu'on appelle «Al Iêtikaf» ou «la retraite pieuse». «Je fais ça depuis des années pour ne pas rater la «Vraie» nuit du destin. Dire que la nuit du 26 Ramadan est Laylat Al Qadr, n'est pas très précis. Nous devons faire preuve de diligence pendant les dix dernières nuits, pour espérer se faire pardonner. C'est ce que j'enseigne à mes enfants», indique Mohammed, 46 ans Les enfants sont également présents en grand nombre dans les mosquées durant ce mois. «J'accompagne mon père tous les soirs à la mosquée depuis deux ans et pendant Laylat Al Qadr, j'arrive à faire la moitié de la nuit, avant de me sentir fatigué et être obligé de rentrer. Mais cette année, j'espère que je vais pouvoir rester jusqu'à l'aube. En tout cas, je vais tout faire pour atteindre cet objectif», lance Ayoub, 12 ans Il faut dire que les Imams font également la réputation de certaines mosquées et participent, de ce fait, à cette grande affluence. Beaucoup de personnes fréquentent les mosquées, rien que pour écouter tel ou tel Imam. «J'ai commencé à fréquenter la mosquée pendant le Ramadan, depuis que j'ai découvert certains Imams. Je dois avouer que c'est grâce à eux que je suis devenu un habitué des mosquées Ils y sont pour beaucoup dans cette affluence. Beaucoup de mes amis partagent cet avis. Les femmes sont aussi touchées par ces religieux», indique Houssam, 34 ans «C'est très réjouissant de voir autant de personnes fréquenter les mosquées pendant ce mois sacré. Ramadan est, en effet, l'occasion de renouveler son pacte avec Allah. Et la prière est le meilleur moyen de le faire, surtout quand elle est pratiquée en mosquée avec ses frères musulmans», explique un Imam de mosquée. Et d'ajouter: «Ceci dit, cette habitude doit se prolonger aussi après le Ramadan». Des traditions et des coutumes Laylat Al Qadr a toujours été un évènement de grande importance dans la société marocaine. Pour cela, elle est liée à différentes coutumes qui varient selon les régions. Cependant, certaines de ces traditions touchent tous le Royaume. On pense par exemple au jeûne des enfants. En effet, les petits sont encouragés à jeûner pour la première fois le 26e jour de Ramadan. A cette occasion, les familles, comme certaines associations, organisent chaque année de petites fêtes pour célébrer le premier jeûne de ces petits «prodiges». Aussi, les familles marocaines ont pris l'habitude de se réunir pendant le ftour de cette nuit Sacrée où encens et fruits secs sont de rigueur. Pour le repas, les plats varient entre couscous et «Rfissa» selon les coutumes de chacun. Repères La retraite pieuse De nombreuses personnes pratiquent, de plus en plus, la retraite pieuse ou l'Iêtikaf, durant les dix dernières nuits du Ramadan afin de se concentrer sur le recueillement et l'adoration. Tendance femmes Les femmes représentent presque la moitié des adeptes des mosquées. La gent féminine préfère, en effet, opter pour la prière en «collectivité», plutôt qu'en solitaires. SOURCE WEB Par Hafsa SAKHI | LE MATIN