Comment insérer les jeunes au cœur de nos sociétés ?
Farida Moha Le matin : 18 - 08 - 2011 La société civile pourrait contribuer à l'effort de modernisation de la démocratie, notamment locale. Tunis, Madrid, Londres, Rabat, Bangkok, partout dans le monde, l'irruption des jeunes se fait dans le désordre, l'indignation, parfois dans la violence comme en témoignent les derniers événements de Grande-Bretagne. La crise aidant et la peur des lendemains de la précarité et du chômage nourrissent la désespérance des jeunes qui ont l'impression d'être la génération sacrifiée, celle sans futur, qui regardent passer « les trains de la richesse ». L'expression est d'un sociologue, Michel Fize, praticien de nombreuses thérapies sur le terrain, notamment dans les banlieues, et spécialiste des questions de la jeunesse à laquelle il a consacré une vingtaine d'ouvrages. Pour lui, « la violence juvénile n'est pas une fatalité. Les déviances dont peuvent se rendre coupables certains jeunes traduisent avant tout une grande souffrance et un grand désarroi devant leur incapacité à rejoindre la vie active Il existe pourtant des réponses ». Il décline dans une récente contribution au journal le Monde quelques solutions qui, dit-il, demandent courage politique et bonne volonté économique. Quelles sont ces solutions ? Un meilleur partage des richesses pour faire de nos sociétés des sociétés plus justes et plus équitables où chacun puisse vivre décemment. Une classe politique plus proche des réalités sociales et moins des puissances d'argent. L'établissement par voie de médiation d'un dialogue entre les pouvoirs publics et la jeunesse qui a besoin que l'on reconnaisse la gravité de la situation et qui a moins besoin d'être punie ou rééduquée que d'être acceptée et insérée au cœur de nos sociétés ». Cette dernière proposition prend tout son intérêt pour le Maroc où plus de la moitié de la population a moins de 30 ans, les 15-30 ans représentant quelque 7 millions et donc un enjeu politique majeur. Le contexte est également favorable pour peu que les jeunes soient entendus. La dernière réunion à Rabat des organisations de la jeunesse de plusieurs partis doit être décryptée avec soin par les responsables politiques Les propositions faites, notamment celle d'instituer un quota de 45 sièges consacré aux jeunes et un autre aux femmes dans les listes nationales, méritent d'être entendues et la mobilisation des jeunes à travers une collecte de signatures visant à réunir un million de signatures pour montrer l'intérêt des jeunes à la politique et à la chose publique doit être encouragée comme la création de ces mouvements de veille citoyenne qui peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la corruption et la transparence des élections. Le contexte est également favorable avec l'émergence de la société civile qui a désormais une légitimité, autre que celle issue des élections, et avec la dynamique de décentralisation qui fait apparaître de nouveaux acteurs locaux qui devront travailler avec les acteurs associatifs pour les associer à la gestion des affaires locales. Depuis près d'une décennie, la société civile s'est développée dans de nombreux champs, défense des droits, l'action sociale et lutte contre la pauvreté, micro-finance …Mais sans doute pourrait-on mieux capitaliser avec plus de concertation, de création d'espaces de dialogue, de renforcement des réseaux, de gouvernance et d'accompagnement de la dynamique ONG…L'Etat pourrait s'appuyer davantage sur le travail associatif qui permet aux personnes de se regrouper, de réfléchir collectivement, de s'organiser, d'anticiper, d'interpeller et d'apporter une valeur ajoutée aux côtés des représentants et des élus. De nouveaux espaces de dialogue peuvent être créés si les associations étaient mieux aidées et si elles faisaient elles-mêmes un effort de « professionnalisation». SOURCE WEB Le Matin par Maghress