Monarchies pétrolières Crise sans précédent au sein du Conseil de coopération du Golfe
Doha regrette ce mercredi la décision de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Bahreïn, de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar. Un rappel qui constitue une première au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ces pays reprochent au Qatar ses ingérences dans les affaires de ses voisins.
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani./DR
Au lendemain d'une réunion “houleuse”, selon la presse, des ministres des Affaires étrangères des monarchies arabes du Golfe à Riyad, l'Arabie, les Emirats et Bahreïn ont rappelé ce mercredi, leurs ambassadeurs au Qatar, reprochant à Doha ses ingérences dans les affaires de ses voisins. Une première dans l'histoire du Conseil de coopération du Golfe (CCG) fondé en 1981, que Doha, dans un communiqué du Conseil des ministres, a immédiatement regretté, tout en affirmant qu'il n'appliquerait pas la réciprocité.
L’Égypte au sein de la discorde
“La décision des frères en Arabie, aux Emirats et à Bahreïn, n'a aucun lien avec les intérêts des peuples du Golfe, leur sécurité et leur stabilité”, a également indiqué le Conseil des ministres du Qatar. “Elle concerne des divergences sur des questions hors des pays du Conseil de coopération du Golfe”, a-t-il noté dans une référence à l’Égypte, où le Qatar soutient les Frères musulmans écartés par l'armée tandis que les trois pays appuient, avec un soutien massif tant politique que financier, le pouvoir mis en place après l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013. Par ailleurs, le communiqué de l'Arabie Saoudite, des Emirats et du Bahreïn souligne qu'en dépit de l'engagement de l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani -lors d'un mini-sommet avec l'émir du Koweït et le roi d'Arabie à Riyad en novembre-, à respecter ces principes, son pays ne l'a pas fait. Ce mini-sommet, à l'initiative de l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, était effectivement destiné à surmonter le profond désaccord entre Doha d'une part et Riyad, Abou Dhabi et Manama de l'autre, sur la conduite à suivre face au nouveau pouvoir installé par l'armée en Égypte en juillet 2013.
Faire pression et isoler le Qatar
“Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont tout fait auprès du Qatar pour s'entendre sur une politique unifiée (...) garantissant la non ingérence de façon directe ou indirecte dans les affaires internes de chacun des pays membres”, note encore le communiqué des trois pays. “Il a été demandé au Qatar de ne soutenir aucune action de nature à menacer la sécurité et la stabilité des Etats membres”, ajoute le communiqué en citant notamment les campagnes dans les médias, en allusion à la chaîne de télévision Al-Jazira. Cette chaîne, un outil de la diplomatie du Qatar, a toujours exaspéré par sa liberté de ton, les pays de la région et selon les experts, elle s'emploie à soutenir les islamistes, notamment en Égypte. Selon l'analyste émirati Abdelkhaleq Abdallah, “l'émir du Qatar n'a pas pu honorer son engagement (...) et il semble que la vieille garde est toujours active et influente au Qatar”, note-t-il. M. Abdallah fait référence à l'entourage de cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, qui avait abdiqué en juin dernier en faveur de son fils, Tamim. Pour Ryad, Abou Dhabi et Manama, “il est temps d'exercer des pressions sur le Qatar dans l'espoir que l'isolement de ce pays l'amène à changer sa politique, désormais inacceptable aux plans arabe et régional”, indique encore M. Abdallah. Parmi leurs griefs, ajoute cet analyste, figure aussi “la large coordination que mène le Qatar avec la Turquie, aux dépens des autres monarchies du Golfe” sur le conflit en Syrie notamment, Ankara étant redouté pour ses ambitions régionales. Outre ce dossier, le Qatar est profondément soupçonné par ses trois voisins de soutenir les islamistes proches des Frères musulmans dans leurs pays, dont des dizaines ont été condamnés à la prison aux Emirats arabes unis. La justice des Emirats vient d'ailleurs de condamner un citoyen du Qatar à sept ans de prison pour collecte de fonds au profit d'islamistes dans ce pays, accusés de vouloir renverser le régime. La crise, qui couvait depuis plusieurs mois, s'était déjà manifestée en février par le rappel par les Emirats de leur ambassadeur à Doha, pour protester contre des propos de l'influent prédicateur islamiste al-Qaradaoui, accusant Abou Dhabi d'hostilité envers les Frères musulmans.
Mars/2014 à 16:00_SOURCE WEB Par aufait avec agences
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