LE CAP DES 10 MILLIONS DE TOURISTES ATTEINT
POURQUOI LES RECETTES NE SUIVENT PAS
LE «BRADAGE» DES PRIX N’A PAS SERVI LES OPÉRATEURS
UNE ÉNIÈME STRATÉGIE SAUVERA-T-ELLE LES MEUBLES?
Source: Ministère du
Tourisme La hausse des arrivées en 2013 a été portée essentiellement par la
progression du nombre de touristes en provenance de l’Angleterre, l’Allemagne
et l’Italie. Les Français et les Espagnols viennent en second lieu.IL était
temps! La destination Maroc vient enfin d’enregistrer l’arrivée des 10 millions de touristes, prévus initialement à l’horizon
2010. Malgré le retard pris sur cet objectif (pratiquement 3 ans), la
nouvelle met du baume au cœur des opérateurs du secteur. D’autant plus qu’elle
intervient dans une conjoncture internationale morose marquée par le recul des
voyages dans le monde. Quoi qu’il en soit, l’année 2013 aura permis au Maroc de
se décomplexer en franchissant la barre psychologique des 10 millions de touristes. Un résultat qui a aussi été favorisé par
le repli des touristes censés partir vers la Tunisie et l’Egypte, en pleine crise politique et
sociale. S’y ajoute l’effet Coupe du monde des clubs (Mondialito). Chiffres à
l’appui, «le nombre de touristes qui se sont rendus au Maroc en 2013
s’est établi à 10,04 millions de personnes, tandis que le total des nuitées a
affiché une hausse de 9%», a précisé
le ministre de tutelle Lahcen Haddad, qui a dressé le bilan de l’activité à
l’issue du dernier Conseil de gouvernement. Pour 2014, la tutelle table sur une
progression de 8%. L’accent sera mis sur le développement des marchés
émergents, le lancement de projets structurants, la refonte du système de
classement des hôtels… De l’avis de Fouzi
Zemrani, ancien président de la
Fédération des voyagistes (FNAVM), «il faut relativiser
cette performance des 10 millions de touristes, qui intègre 2,5 à 3 millions de
MRE lesquels font plusieurs allers-retours par an. Plus encore, tant que les
recettes des Marocains du monde sont comptabilisés en tant que transferts MRE,
elles ne peuvent être des recettes touristiques». Selon plusieurs opérateurs,
certes les arrivées sont bonnes, mais les recettes ne suivent pas encore. A
l’origine de cette situation, les baisses de tarifs, les braderies et autres
promotions pratiquées dans des périodes troubles (printemps arabe, attentats
d’Argana, crise économique…). Résultat: les tarifs ont beaucoup baissé ces
dernières années. Ce qui est préjudiciable pour revenir à la vérité des prix et
au positionnement tarifaire initial, estiment des professionnels qui tirent la
sonnette d’alarme. Du coup, opérateurs et ministère de tutelle viennent de
décider de mettre en place toute une stratégie afin de ne plus «brader» la
destination. L’enjeu est de capitaliser sur l’attractivité et sur l’offre
produit. «Il faut arrêter de vendre par l’argument prix bas, mais plutôt
focaliser la qualité du produit», insiste Fouzi Zemrani qui relève que le
nivellement par le bas du pricing a paupérisé les entreprises du secteur. Ce
nivellement a aussi porté préjudice au positionnement de la destination qui est
un cran au-dessus de l’offre en Tunisie et en Egypte. Lors d’une réunion, tenue
vendredi dernier à Marrakech, opérateurs et tutelle ont décidé de ne plus
rester dans le prisme des deux indicateurs arrivées/nuitées, mais plutôt
focaliser le nerf de la guerre, les recettes. «En général, lorsque l’indicateur
recettes est positif, c’est bon pour l’ensemble du secteur. Ce qui n’est pas le
cas aujourd’hui», tient à préciser l’ancien président de la FNAVM. L’argument nuitées
ne tient plus. «On n’est pas des marchands de sommeil», insiste Zemrani. Pour
l’heure, les experts préconisent de peaufiner
l’offre produit, pour développer une clientèle à forte valeur ajoutée.
D’ailleurs, l’offre développée dans les resorts devra permettre un retour sur
investissement. Les marges de progression sont encore importantes dans le Mice (Meetings, incentive, congrès,
expositions). A titre d’exemple, Marrakech devra atteindre 30% de part de
marché uniquement sur le Mice (contre 20% actuellement) et 70% sur le loisir.
Casablanca est en train de se positionner sur le segment du Mice. Il y a aussi
des relais de croissance dans le city break, le produit familial, les circuits,
balades, culturel, balnéaire…
Sur le registre des statistiques, la destination Maroc a enregistré une
progression de 7% sur les arrivées en 2013. Cette évolution est attribuée principalement
à la hausse du volume des arrivées des touristes étrangers. Ce sont
essentiellement les marchés britannique, allemand et italien qui ont tiré la
croissance avec respectivement 12%, 13% et 15%. S’ensuivent juste après les
touristes français et espagnols qui ont progressé de 4% par rapport à 2012.
Côté nuitées, la tendance s’inscrit également à la hausse. Sur l’ensemble des
mois de 2013, les établissements touristiques classés ont affiché une
progression de 9% par rapport à 2012. Bien évidemment, ce sont les deux pôles
(Marrakech et Agadir), qui ont servi de locomotive. A elles seules, ces deux
villes ont absorbé 65% des nuitées additionnelles. Ce qui représente une hausse
respective de 10%. Mais il y a aussi les hôtels casablancais qui ont affiché
10% de croissance, suivis de ceux de Tanger (+7%) et de Fès (+20%). Pour sa
part, Rabat s’est contentée d’une progression de 3%. Grosso modo, le taux
d’occupation dans les établissements hôteliers a enregistré une hausse de 3
points l’an dernier. Ce taux aura été de l’ordre de 43%.
Le statu quo des recettes
SEUL bémol, la progression des arrivées n’a pas été accompagnée par une hausse des recettes. Or, ce sont les rentrées en devises qui comptent le plus. Selon l’Office des changes, le tourisme a généré 57,5 milliards de DH en 2013. Une recette qui est en léger recul (-0,5%) par rapport à 2012 (57,8 milliards de DH). Sur le seul mois de décembre dernier, l’Office des changes relève une baisse des recettes de près de 7%, soit 4,2 milliards de DH.
Amin RBOUB
Guides: La réglementation revue et corrigée
LA profession de guide touristique revient sous les projecteurs. Le projet consistant en la modification de la loi 05-12, relative à la profession (publiée au Bulletin officiel en octobre 2012), vient tout juste d’être adopté au Conseil de gouvernement.
Des amendements au texte de loi ont été apportés pour parer à quelques imprécisions. C’est ainsi que l’article 4 garantissant la liberté de circulation des guides sur l’ensemble du territoire précise: «et ce, dans les limites fixées par voie réglementaire».
«Cet article posait problème car il prêtait à confusion. Les guides pensaient qu’avec cette loi, ils pouvaient exercer de façon permanente dans une autre ville, mais ce n’est pas du tout le cas! Tout guide touristique peut circuler librement dans le cadre d’un circuit, mais il n’a jamais été question de s’installer dans une autre ville. Tous les guides du Maroc se dirigeraient vers Marrakech qui compte plus de 720 guides à l’heure actuelle! », explique Jamal Saadi, ex-président de la Fédération nationale des guides.
Saadi tient à rappeler que les négociations
avec le gouvernement ne datent pas d’hier. Plusieurs études ont été élaborées à
l’époque du mandat d’Adil Douiri, ministre du Tourisme entre 2002 et 2007. La Fédération avait alors
de grands projets de restructuration, prenant pour exemple le modèle turc. Le
plus ressemblant au système marocain, selon Saadi.
Malgré les récents amendements, l’Association des guides de Marrakech tire la
sonnette d’alarme. Deux articles de la présente loi sont qualifiés de dangereux
pour la profession. Jamal Saadi pointe du doigt surtout l’article 31. «Cet
article nous tue! Le ministère se donne le droit d’accorder des agréments à des
personnes n’ayant pas suivi la formation nécessaire. Dans un pays où l’on
combat encore la corruption et le clientélisme, cet article est dangereux pour
la profession!», annonce Saadi. Pour
être guide aujourd’hui, il faut obtenir une licence suivie d’une formation de 2
ans à l’Institut supérieur de tourisme de Tanger.
SOURCE WEB Par S. E. Amin RBOUB et L’Economiste_03/02/2014
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