(Billet 670) – Ukraine, les obus tombent… les masques aussi !

Vladimir Poutine contre le reste du monde… Aucune personne sensée ne saurait soutenir ou même convenir de son action en Ukraine et, en y envoyant son armée, le président russe aura montré avec éclat comment on peut détruire une cause juste ou au moins défendable avec un comportement condamnable. Mais, pour autant, ce qui se déroule sous nos yeux montre que personne n’est blanc dans cette affaire.
Une leçon à tirer de la guerre en Ukraine est que dans le monde fortement globalisé qui est désormais le nôtre, les nationalismes divers reprennent le dessus et, dans le même temps, les blocs géopolitiques anciens (Occident, Russie, Chine) se renferment et se crispent, activant leurs menaces et menaçant l’ordre mondial qui apparaît soudain très fragile.
Les Occidentaux donnent la pleine mesure de leur capacité à la violence et de leur propension au « clanisme », il est vrai déclenché par l’agressivité slave soigneusement refoulée depuis des décennies. La Chine se pose en sage « neutre », condamnant l’attaque du bout des lèvres mais offrant sa potentielle assistance à Poutine.
Les autres pays se taisent ou murmurent une discrète condamnation, et observent… et que voient-ils ?
1/ La Grande Peur des Européens face à la Russie, mais dans une forme de duplicité coupable. D’un côté, ils n’ont jamais vraiment eu l’intention d’intégrer l’Ukraine à l’UE ou à l’OTAN, malgré les promesses et les engagements ; mais s’ils ne l’ont jamais dit clairement, ils ont montré, d’un autre côté, que les arguments de Poutine sont recevables. Toutefois, après l’attaque russe, les Etats européens ont tous, ou presque, pioché dans leurs arsenaux, fournissant des armes « létales » (la précision est utile) à Kiev pour… qu’elle se débrouille seule face à Moscou ! Une affaire russe en quelque sorte, opposant la Grande Russie et la Russie Blanche à la petite Russie.
2/ La prise en otage de l’économie mondiale, avec cette capacité occidentale à activer au besoin et en simultané une batterie de mesures de rétorsion : exclusion du swift, interdiction des espaces aériens, boycott technologique, blocage économique, sanctions personnelles… Maintenant le monde sait de quoi sont capables les Occidentaux, et cela justifie la mise en place par la Chine de tous les moyens économiques et technologiques pour contourner le cas échéant ce type de réaction groupée du monde occidental. Mais la prise en otage de l’économie mondiale est aussi l’expression d’une mise en danger de cette même économie.
3/ Le cynisme du monde, qui laisse d’autres peuples « secondaires » périr de famines, de guerres… alors même qu’il vient de montrer sa capacité à agir et réagir en déployant ses immenses capacités militaires, économiques et technologiques. Les Africains menacés par la faim pourraient donc être secourus et sauvés si la volonté est là, mais elle ne l’est pas. Le réchauffement climatique qui frappe plus les peuples qui en sont les moins responsables pourrait être atténué par une assistance plus résolue… Les conflits de basse intensité (Maroc-Algérie, Serbie-Kosovo, …) pourraient être solutionnés par une implication plus forte, les Syriens, Afghans et autres Palestiniens pourraient donc être secourus… Mais cela n’est pas.
4/ La liberté de presse recule et la désinformation explose… L’UE a décidé de bloquer la diffusion de la chaîne russe RT, présentée comme étant « financée par le Kremlin », alors même qu’elle joue le même rôle que la BBC, France24, DW, elles aussi financées par leurs Etats respectifs… Les peuples européens n’ont donc plus le droit que de s’informer sur les médias portant et rapportant la vérité des Etats du bloc occidental, une vérité à sens unique comme nous avons aujourd’hui le loisir de le constater… La liberté de la presse à double vitesse et la liberté d'expression à triple bande.
5/ L’ « occidentalisme » des instances internationales, comme le montre cette étrange décision de la FIFA d’exclure la Russie du prochain Mondial qatari, ou encore celle du CIO de bannir les athlètes russes et de retirer l’Ordre olympique à Poutine, en plus de la menace d’activer la Cour pénale internationale contre le président russe… Que George Bush ou Tony Blair aient attaqué en toute illégalité l’Irak en 2003, massacrant des populations entières et ruinant des économies jadis florissantes, n’a pas valu à ces responsables de telles sanctions et menaces. Nous l’apprenons donc : FIFA et CIO sont des organismes (géo)politiques au besoin, placées entre les mains d’Etats occidentaux.
6/ Le racisme se maintient, comme nous l’apprenons par la voix de l’Union africaine qui s’interroge, voire s’indigne, du comportement des forces de l’ordre des pays riverains de l’Ukraine, membres de l’UE, elle-même totalement indifférente au sort des milliers de ressortissants africains bloqués et menacés en Ukraine. L’indignation de Macky Sall et de Faki Mahamat n’a eu jusque-là aucun écho de la part de leurs homologues Charles Michel et Ursula von der Leyen, qui leur ont pourtant promis monts et merveilles lors du dernier sommet UE-UA de la mi-février ! L’idée est que les Africains ne peuvent entrer en Europe, sous aucune espèce de prétexte, s’ils ne passent sous les fourches caudines des consulats pour les visas !
Cette guerre se terminera sans doute rapidement, mais l’ordre mondial en sera immanquablement et profondément bouleversé. Tant de choses sont apparues après seulement six jours d’affrontements et tant de choses changeront après. Le bloc occidental n’en sortira pas grandi par son hypocrisie, la Russie en sortira durablement affaiblie par son agressivité… et la Chine engrangera des points, encore une fois.
Le 01 mars 2022
Source web par : panorapost
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