Paris peaufine son leadership au Maroc L’ambassade de France à Rabat met en place un Conseil économique
Après avoir retrouvé sa place de premier partenaire économique du Royaume, la France n’est pas prête à céder à nouveau cette place à son rival ibérique.
En effet, l’ambassade de France à Rabat vient de mettre en place un Conseil économique, composé d’une douzaine de personnes dont des chefs d’entreprise, qui se réunit 3 à 4 fois par an, a annoncé l’ambassadeur de France au Maroc, Charles Fries, dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde.
Ce conseil a pour mission de préparer des visites politiques au Maroc en débroussaillant certains sujets, ou d’identifier les obstacles au développement de la présence française dans le Royaume, a précisé Fries.
Une initiative qui fait partie d’une stratégie visant à contrecarrer les ambitions des Etats-Unis, de la Chine et surtout de l’Espagne. «Au Maroc, la France joue une partie importante. Nous sommes leur premier client et leur premier fournisseur avec une part de marché de 13,7% contre 13,1% pour le voisin ibérique. Notre objectif est de tenir cette position dans un contexte concurrentiel de plus en plus rude», a expliqué le diplomate.
Ces déclarations ont, dans ce sillage, remis en surface la course entre les deux premiers partenaires économiques du Royaume sur le renforcement de leur présence commerciale sur le marché marocain.
Constituant un second marché à l’export, le Maroc est perçu par les entreprises espagnoles et françaises comme une aubaine qui peut constituer une alternative suite à l’effondrement ou la saturation de leur marché intérieur après des années de récession résultant de l’éclatement de la crise dans la zone euro.
Cédant à l’Espagne sa place de premier fournisseur en 2012, après plus d’une décennie de chute continue de ses exportations, la France a retrouvé sa place de premier fournisseur du Maroc en 2013, qu’elle ne compte pas reperdre. En effet, l’Hexagone a pu depuis la visite d’Etat de François Hollande, les 3 et 4 avril dernier, inverser la tendance en ce qui concerne sa présence commerciale au Maroc.
Ainsi, elle est redevenue le premier partenaire économique et commercial du Maroc avec 8 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels, plus de la moitié sont des investissements directs étrangers, avec 750 filiales d’entreprises françaises qui génèrent plus de 120.000 emplois.
Et cette reconquête de la première marche du podium des fournisseurs du Maroc est due à une reprise des importations marocaines en provenance de l’Hexagone. Celles-ci ont progressé de 6,4%, soit 1,57 milliard d’euros. Cette bonne performance française est essentiellement imputable à la hausse des ventes de blé avec plus de 31% et des pièces détachées pour véhicules industriels avec 237%.
Cependant, l’Hexagone a quelques longueurs d’avance sur son concurrent ibérique, ce qui laisse présager que la concurrence sera de plus en plus rude entre les deux premiers partenaires du Royaume. Les exportations françaises et espagnoles ont représenté, respectivement, 13,7% et 13,1% des importations totales du Maroc au terme du premier semestre 2013.
Rappelons que la concurrence entre les entreprises des deux pays s’était accentuée ces dernières années. Les Espagnols ayant œuvré activement à la conquête de cet intéressant débouché qu’est le Maroc. En effet, bénéficiant d’un euro plus faible, les exportations ibériques vers le Royaume ont progressé en 2012 de près de 29%, pour s’établir à 5,3 milliards d’euros. Dans le même temps, les exportations françaises chutaient de 6,5%, à 4,3 milliards d’euros. Pour le Royaume ibérique, il s’agit du second marché à l’export, hors zone euro, juste derrière les Etats-Unis et devant la Chine. Le solde commercial de la péninsule ibérique avec le Maroc avait plus que doublé en 2012, à 2,6 milliards d’euros, soit environ cinq fois celui de la France. Les entreprises espagnoles, environ 19.000, ont progressé dans tous les domaines, avec des hausses particulièrement marquées dans le textile (50%) les pièces détachées automobiles (40%) ou encore la sidérurgie (30%).
Reste à souligner que le Maroc se doit d’exploiter cette concurrence accrue qui s’est installée sur son marché au profit de ses intérêts économiques mais aussi politiques et diplomatiques.
Mardi 14 Janvier 2014_SOURCE WE Par Mohammed Taleb Libération
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