Maghreb-Europe ou le gazoduc de la discorde
Pour l’Espagne, comme pour l’Algérie, la probabilité que le Maroc ne puisse ou ne veuille renouveler le contrat de transit lié au gazoduc Maghreb-Europe, un pipeline acheminant du gaz algérien à l’Espagne, via le Nord du Royaume, demeure des plus fortes à en juger de la teneur des dires des médias des deux pays quant à la question. Alors que le Maroc, officiellement, n’a encore pipé mot, chez les voisins du Nord comme de l’Est, on s’agite et c’est carrément le branle-bas de combat à qui pourra détenir la vérité suprême. Mais elle est ailleurs ! Pour ainsi dire, ici au Maroc. Faut-dire, également que l’enjeu est de taille pour nos deux voisins. Replantons le décor !
A l’initiative de Enagas, devenue par la suite Naturgy, le projet du gazoduc Maghreb-Europe (GME) a vu le jour en 1990 afin de transporter le gaz algérien en Espagne et en Europe. Il y a de cela, un quart de siècle, après avoir été érigé, le gazoduc Maghreb-Europe était lancé à l’exploitation et ce dans le but de diversifier la structure espagnole et européenne d’approvisionnement en gaz naturel et d’intégrer les systèmes gaziers d’Espagne et du Portugal.
Egalement appelé gazoduc Pedro Duran Farell, cette prouesse technique gazière part de Hassi R’mel en Algérie pour rejoindre Cordoue en Espagne en passant par le Maroc et en en traversant le Détroit de Gibraltar. La longueur totale est d’environ 1 300 km (tronçon Algérien 520 km, tronçon Marocain 540 km, tronçon maritime 45 km et tronçon Espagnol 270 km).
C’est aussi un succès technico-économique total. Le projet a en effet depuis le début de son exploitation (novembre 1996) réussi à atteindre tous les objectifs qui lui furent assignés. Vingt-cinq ans durant, le gazoduc a constitué un axe d’articulation économique et de coopération entre les deux rives de la Méditerranée, sous l’impulsion d’un projet de grande envergure et d’une grande complexité auquel ont participé quatre pays : l’Algérie, le Maroc, l’Espagne et le Portugal.
Voilà pour l’histoire car c’est une histoire qui risque fort de finir en novembre prochain lorsqu’il s’agira ou non de renouveler le contrat de transit. En attendant cette date, il reviendra de droit au Maroc du moins dans sa partie traversant le Royaume. A notre pays d’en fermer ou non les vannes ou de les destiner à d’autres usages que celui du transit car si l’histoire se termine d’un côté elle ne fera que débuter d’un autre.
Cela étant, on aura beau aboyer du côté de l’est de l’Eden que les revenus tirés du transport du gaz algérien ont baissé de 55% en 2020, pour nous autres ici-bled, cela ne reste qu’un petit pourboire car notre économie ne dépend pas que des hydrocarbures, faut-il le rappeler. Qu’à cela ne tienne ! On a mangé et bu à saturation et comme dirait la chanson il faut savoir quitter la table quand …. La table on va dire, est desservie. Eh oui ! C’est que d’après un journal électronique algérien qui se veut « maghrébin » bien peu intelligent pour la cause, l’Algérie aurait décidé de ne pas renouveler le contrat d’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe.
D’autant plus que le conflit entre Madrid et Rabat a compliqué ce renouvellement qui permet d’acheminer le gaz algérien vers l’Europe, en traversant le Maroc. Le contrat d’exploitation du gazoduc Maghreb-Europe expire en novembre prochain après un quart de siècle d’exploitation. Une décision, autant pour « des raisons économiques que politiques et même un peu plus », (phrase copiée-collée dans Hespress fr du 6 mai) nous conte le média algérien bien peu scrupuleux pour la circonstance. Mais en réalité le dos tourné de l’Algérie s’explique ou s’inscrit dans le cadre de l’exportation du gaz algérien via le gazoduc Medgaz qui relie Béni Saf au port d’Almeria en Andalousie et qui exporte 60% du gaz destiné au marché espagnol.
D’ici-bled on ne peut qu’applaudir cette cordiale entente. C’est que la crise diplomatique entre Rabat et Madrid risque de s’aggraver, l’attitude marocaine semble être prise au sérieux par les autorités espagnoles. D’ailleurs celles-ci travaillent à l’élaboration de pistes de solutions, dont l’augmentation du volume des importations gazières via Medgaz. Mais faites donc ! Voyons. L’Espagne pourra transporter via Medgaz les 10 milliards de mètres cubes de gaz qu’elle a contractés avec l’Algérie.
Le gazoduc Maghreb-Europe transportait chaque année près de 12 milliards de mètres cubes de gaz algérien vers l’Espagne et le Portugal des partenaires traditionnels de l’Algérie en matière d’importation de gaz. Ils ont acheté, au premier trimestre 2021, 4,3 milliards de mètres cubes de gaz à l’Algérie, soit une augmentation totale de 122% par rapport à la même période en 2020. Si c’est pas beau ça ! alors pourquoi diable, et l’Espagne et l’Algérie se soucient-elles du manque à gagner du Maroc ? C’est un peu l’histoire de la poule qui pond et du coq qui se tord de douleur.
Source web Par : hespress
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