CONSEIL DE BANK AL-MAGHRIB RÉFORMES, BUDGET,… LES PETITES PHRASES DU GOUVERNEUR
A la sortie du Conseil, mardi 18 juin, le wali de Bank Al-Maghrib a commenté la situation économique du pays. Comme à son habitude, il a lancé plusieurs messages notamment sur les réformes
Le Maroc doit rester en première division :Malgré une baisse substantielle des dépenses de compensation (-31,9% à fin avril) due à la détente des prix internationaux du pétrole et au recul de la consommation des produits pétroliers, le gouvernement s’est engagé sur un déficit de 5,5% du PIB.
Ce serait dommage qu’après avoir traversé les tempêtes du «Printemps arabe» de la crise financière internationale et d’être pris pour benchmark dans la région Mena, l’on perde le bénéfice de ce «capital confiance » faute de la mise en œuvre des réformes. Empruntant une métaphore footballistique, Abdellatif Jouahri précise que «le Maroc doit rester en première division».
■ Bons de caisse anonymes: Après les avoir interdits, les autorités monétaires les ont finalement rétablis depuis le début de l’année à la demande pressante des banquiers qui redoutaient l’effet psychologique de cette mesure sur la clientèle. Certains directeurs d’agences commençaient à se plaindre d’importants retraits d’argent liquide, un mouvement qu’ils imputaient en partie à la suppression des bons de caisse anonymes et aux ATD (avis à tiers détenteurs). Le wali de Bank Al-Maghrib n’a pas justifié les raisons de la marche arrière de la banque centrale sur ce dossier. Il estime que le rétablissement de ces instruments de placement n’entravera pas l’efficacité de la lutte contre le blanchiment d’argent, car les banques ont les moyens d’assurer la traçabilité des épargnants.
■ «Crise politique»
et risque-pays: «Je ne juge pas le politique»,
précise d’emblée le patron de la banque centrale. Il s’autorise un conseil au
monde politique: «Quand il y a une majorité qui travaille dans la sérénité et
l’entente, cela ne peut que donner de la visibilité aux opérateurs économiques
et aux investisseurs». Sous-entendu, les querelles actuelles de la majorité
gouvernementale causent des dégâts auprès de ceux qui créent de la richesse.
Et il poursuit dans une forme de mise en garde: «Les agences de notation et les
organismes internationaux observent avec attention ce qui se passe chez nous,
et pondèrent de manière substantielle le facteur politique dans leur analyse».
La preuve ? Regardez la Tunisie et l’Egypte. L’accord de stand-by avec le FMI a été longtemps retardé à cause de manque de visibilité politique.
Tout déclassement par les agences de notation coûte de l’argent, car il se traduit par le renchérissement du coût de financement du Trésor sur les marchés internationaux. En raison de la situation des finances publiques, le Maroc a été placé sous perspective négative par les grandes agences de notation. S’il n’y a pas de progrès sur ce plan, relève le gouverneur de Bank Al-Maghrib, il est clair que le risque d’être déclassé devient réel.
■ BAM et la réforme de la compensation: La banque centrale n’intervient pas dans les modalités de la réforme, celles-ci relèvent de la décision politique. Reste que le niveau atteint par les dépenses de compensation est structurellement insoutenable pour le budget, malgré la détente attendue cette année (43 milliards de dirhams prévus).
Le rapport 2012 de la banque centrale (adopté par le Conseil du mardi 18 juin) devrait insister sur cette réforme. Abdellatif Jouahri, qui connaît les dégâts du statu quo, dit «ne pas vouloir revivre la situation des années quatre-vingt, celles du PAS». Il annonce la couleur: dans son schéma actuel, « la compensation est aveugle et lorsque vous consacrez autant de ressources à cette politique, vous vous privez de marges de manœuvre et de leviers d’action dans les politiques sociales. Les études techniques sont prêtes depuis des années, la question c’est le ciblage et la volonté politique».
■ Peut-on perdre la ligne de précaution du FMI? La dernière mission d’évaluation du FMI que L’Economiste a révélée en exclusivité a fait beaucoup jaser. Le rapport sera présenté le 2 août au Conseil d’administration, et l’on saura alors si cette ligne de précaution et de liquidité sera maintenue ou pas. Celle-ci n’est pas assortie de conditionnalités, assure le wali de Bank Al-Maghrib et «on peut la tirer tout de suite», mais cela ne suffit pas. Il faut montrer un beau visage. Le Fonds n’impose rien, mais il demande d’apporter la preuve que vous êtes en mesure d’assurer les équilibres fondamentaux à moyen terme dont le retour à un niveau de déficit budgétaire à 3% du PIB, la maîtrise de la dette (60% du PIB) et l’équilibre des comptes extérieurs. Cela passe par la mise en œuvre de deux réformes majeures : la compensation et les retraites.
■ Flexibilité du régime de change, dévaluation,…: La
dévaluation du dirham n’est pas envisageable en raison de son coût économique,
tranche le gouverneur de la banque centrale. Les arguments contre suffisent à
balayer une telle option : le poids des importations incompressibles, le
renchérissement de la dette, etc. Il ne faut pas se leurrer, prévient
Abdellatif Jouahri: «La dévaluation vient en soutien à la compétitivité, mais
elle n’est pas un médicament».
A propos de la flexibilisation du régime de change, les autorités monétaires ne
ferment pas la porte, mais les conditions d’une telle évolution ne sont pas
encore toutes réunies: soutenabilité budgétaire à moyen terme, des réserves de
change qui permettent de défendre la parité de la monnaie et un secteur
bancaire solide et résilient. Mais avec la multiplication des accords de
libre-échange, le Maroc ira inévitablement vers le régime de change flexible,
conclut le gouverneur de Bank Al-Maghrib.
SOURCE WEB Revue de presse
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