L’investissement au cœur des messages royaux

En l’espace de quelques jours, le Roi Mohammed VI s’est adressé à deux reprises aux Marocains, l’une à l’ouverture de la nouvelle législature, et l’autre dans une adresse à la 2e conférence internationale de Marrakech sur la justice. Le cadre était certes différent, mais le message presque le même : Faire de l’investissement une composante incontournable dans le nouveau modèle de développement du Royaume.
Ainsi, après avoir invité les banques à jouer pleinement leur rôle de financement et d’accompagnement, notamment des jeunes porteurs de projets, le Souverain a également appelé la justice à tout mettre en œuvre pour fortifier le climat des affaires, promouvoir la liberté d’entreprendre et protéger l’entreprise.
La continuité dans le discours est donc évidente, et l’accent est mis sur l’investissement et son étroite corrélation avec la justice.
Dans cet ordre d’idées l’analyste politique et économique, Driss Aissaoui a livré à Hespress FR, une lecture croisée des deux messages royaux.
« Dans le discours prononcé devant le Parlement, le Roi avait des messages pour les partis politiques, les représentants de la nation, mais également les banques…C’était une forte composante économique qui a été imprimée à ce discours-là « , nous dit-il.
Mais pour ce qui est du message adressé à la conférence de Marrakech, poursuit-il, « le Roi pouvait choisir d’autres angles d’attaque mais il a considéré que la protection de l’investissement était une nécessité et surtout une composante fondamentale de la confiance que pourrait mettre l’investisseur national ou étranger dans l’économie marocaine« .
Notre interlocuteur rappelle dans ce sens les nombreuses études et approches consacrées à l’investissement, et qui ont à chaque fois souligné la question de la justice comme étant un point noir, « soit parce qu’elle était tatillonne, soit qu’elle était en retard par rapport aux évolutions que connaissait l’économie marocaine« .
De fait, souligne Driss Aissaoui, « le message a été très clair : La justice doit s’adapter à la dynamique que le Maroc est en train de vivre« .
…Comment ?                        Â
Si cette adaptation reste liée à une nouvelle version du code du commerce et aux lois sur les sociétés, elle est aussi tributaire, tel que souligné par le Roi, « de la consolidation de l’approche qui incite les magistrats à dépasser les limites de leur mandat traditionnel pour remplir des missions à visée économique et sociale, en les encourageant à garantir la sécurité et la paix sociale dans l’entreprise« .
Pour l’analyste, la consolidation de cette approche passe aussi par « une question forte, celle de la formation« .
« Les magistrats au Maroc sont d’un très bon niveau, très certainement sur leur connaissances juridiques (…) Mais il faut qu’ils soient au fait de tout ce qui se passe en entreprise et particulièrement dans le domaine de l’investissement« , estime-t-il.
Et de faire remarquer que « quand l’application de la loi ne se fait pas de la bonne manière, elle peut constituer un frein à l’évolution du secteur dans lequel elle agit. On lui demande de protéger, de prévenir des problèmes, mais on ne lui demande pas de bloquer c’est pour ça que dans la formation il y a des gros efforts qui ont été faits dans beaucoup de domaines« .
Il s’agit, selon notre interlocuteur, d’aller au-delà du savoir-faire acquis dans la profession, pour « passer à un cran supérieur, à savoir la formation des ressources humaines« .
Pour ce faire, avance Driss Aissaoui, le magistrat devrait disposer d’une équipe de travail, avoir la possibilité de recourir à des expertises pour la construction de ses dossiers. « S’il y a des amendements et des révolutions à faire, ce serait au niveau de la formation continue des magistrats« , assure-t-il.
Convergence des politiques publiques
Toujours en matière de réforme et leur impact sur le climat des affaires dans le Royaume, l’analyste évoque l’indice Doing Business, qui a été bon pour le Maroc cette année, le Royaume ayant gagné 9 places (de la 69e à la 60e place).
Pour lui, le calcul de cet indice « se fait essentiellement sur ce qu’on peut appeler la perception«.
« Vous avez des équipes qui viennent qui s’intéressent à ce que fait un pays et aux réformes qu’il introduit dans le climat des affaires et c’est cette perception chez les investisseurs qui vous donne une notation et qui vous situe à un niveau de satisfaction par rapport à ce qui est requis à la base chez les pays qui ont les meilleures pratiques«, explique-t-il.
S’il est vrai, selon Driss Aissaoui, que le Maroc a un certain nombre d’indicateurs intéressants, en termes de transmission de la propriété, la fiscalité, la protection des investisseurs minoritaires, il est nécessaire de continuer parce qu’il y a encore des choses qui tirent vers le bas.
« Le Maroc aspire à devenir une économie émergente, et pour être émergent, ce sont des conditions importantes qui devraient être réunies. Tout cela intervient dans le cadre de la bonne gouvernance globale de toute l’économie. Il suffit de mettre tout cela ensemble mais de surtout de travailler à la convergence des politiques publiques, aux réglementations et à la législation «, conclut notre interlocuteur.
Le 23 octobre 2019
Source web Par hespress
Les tags en relation
Les articles en relation

710 projets retenus et une enveloppe budgétaire de 587,59 MDH
Dans la province de Beni Mellal, 710 projets ont été réalisés avec une enveloppe budgétaire de 587,59 MDH au niveau des quatre programmes de la 3ème phase...

Maroc Tourisme : les espoirs déçus d’une relance du tourisme
Depuis la suspension de tous les vols vers le royaume pour deux semaines devant la menace du variant Omicron, les annulations de réservations se multiplient. ...

Omar Hilale : La décolonisation du Sahara marocain est définitivement scellée depuis 1975
Exerçant plusieurs droits de réponses aux déclarations provocatrices et tendancieuses du représentant permanent algérien à l'ONU, Amar Benjama, lors d...

Radisson Hotel Group prépare un grand plan de développement au Maroc
Le vice-président du développement pour le Moyen-Orient, la Turquie et l’Afrique francophone au Radisson Hotel Group, Ramsay Rankoussi, prévoit de mettre e...

Marathon des sables au Maroc : Coup d'envoi de la 33ème édition avec la participation de 49 pays
Le coup d'envoi de la 33ème édition du Marathon des sables (MDS-2018) a été donné, dimanche matin à Timgaline dans la province de Tinghir. "On a 1....

Tarik Hammane Nommé Directeur Général de l’ONEE par le Roi Mohammed VI
Tarik Hammane, récemment nommé par le Roi Mohammed VI au poste de directeur général de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau potable (ONEE)...

La construction du "Solar Decathlon Africa" avance à grands pas
A moins de deux semaines de son ouverture officielle, le village solaire du "Solar Decathlon Africa" commence à démontrer ses formes avec des maisonnettes tou...

Les décisions du conseil des ministres présidé par le Roi Mohammed VI
Le Roi Mohammed VI a présidé, mardi 4 juin 2019 au Palais Royal à Rabat, un Conseil des ministres, au cours duquel il a été procédé à l’approbation de...

Au Maroc, « on te traite comme un insecte »
Où va le Maroc ? Personne ne sait répondre à cette question. Pas même le roi Mohammed VI. Il a officiellement reconnu les limites d’un modèle qui, en 199...

Marrakech: Prochaine réunion des spécialistes des monuments et des sites du monde
Le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) tiendra sa 19è Assemblée Générale du 12 au 18 octobre prochain à Marrakech. Placé sous le ...

Maroc-Espagne: et maintenant, le tunnel ferroviaire du détroit de Gibraltar!
Le tunnel du détroit de Gibraltar prévoit le transport de passagers et de marchandises avec des rames navettes pour les véhicules accompagnés et les camions...

Conflit israélo-palestinien : Les cinq messages du Maroc lors du Sommet de la Paix
Le Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, Président du Comité Al Qods, souhaite que ce sommet émette cinq messages principaux à l'adresse de la ...