Croissance économique: pour 2020, on parie sur la pluie
C’est une certitude, l’activité économique nationale connaît un net ralentissement en 2019. Tous les organismes de prévisions conjoncturelles annoncent un taux de croissance en 2019 en dessous des 3%. Pour 2020, on table sur un effet de base.
Selon le Centre marocain de conjoncture (CMC) qui a organisé jeudi 27 septembre une rencontre avec les médias, le taux de croissance de l’économie marocaine prévu pour l’année en cours sera de 2,6%. Il s’établirait en 2020, selon les projections du Centre, à 4,6%, soit 2 points de plus.
Ce dernier taux ne doit pas être perçu comme découlant de signes annonciateurs d’une reprise franche de l’activité. Il s’explique par la faiblesse du taux de croissance de l’année de base qui est en train de s’achever, fait observer avec prudence le CMC.
Du reste, insiste-t-il, même en prenant comme année de base la moyenne des quatre dernières années (2016-2019), cela ne changerait rien à l’affaire puisque le taux moyen sur cette période est de 2,8%.
Une économie toujours dépendante de la pluviométrie
Du côté de l'offre, les mauvaises performances en 2019 s’expliquent pour une large mesure par la chute remarquable de la production agricole en raison de l’insuffisance de la pluviométrie durant les premiers mois de 2019. La production céréalière qui pèse fortement dans la contribution du secteur primaire à l’économie s’est établie à 52 millions de quintaux, soit une chute de 30% par rapport à une année moyenne et de 49% par rapport à l’année précédente. Et ceci, précise-t-on au CMC, malgré la bonne tenue des autres segments de l’agriculture (maraîchère, industrielle et autres) qui ne pourront pas compenser les pertes dues au manque de pluie.
D’autre part, le secteur industriel et celui des services sont encore loin de porter à bras le corps la croissance de l’économie nationale, mais il faut souligner malgré tout la bonne résistance de certaines activités en même temps qu’une petite reprise pour d’autres durant le premier semestre de 2019.
Selon le CMC, les industries de transformations évoluent lentement avec une augmentation de leur valeur ajoutée de 3,2% prévue pour 2019 contre 2,8% en 2018 ; le secteur du Bâtiment et Travaux public (BTP) connaît depuis peu une légère reprise. Le CMC prévoit un taux de croissance pour le BTP de l’ordre de 2% en 2019.
Quant au secteur des services observé partiellement à travers les activités liées au tourisme (hébergement, transport, restauration etc), il témoigne aussi d’une certaine stabilité mais reste encore sujet à beaucoup d’aléas. Certes les arrivées touristiques, les nuitées et les recettes sont en hausse, mais on est encore loin des grandes promesses annoncées il ya quelques années...
Ralentissement de la consommation et de l'investissement
Du côté de la demande, les analystes du CMC mettent en avant des données qui n’incitent pas à l’optimisme :
- La croissance de la consommation des ménages ralentirait à 4,3% contre 5,2% en 2018, ce qui, compte tenu de l'inflation, correspondrait à une quasi-stagnation du pouvoir d'achat.
- La croissance de l'investissement ralentirait à 5,1% contre 6,3% en 2019.
- Les importations (+7,8%) croitraient plus vite que les exportations (7,2%). Le commerce extérieur contribuerait ainsi négativement à la croissance.
"On ne pourra pas avoir deux années de sécheresse successives"
L’année n’est certes pas terminée, mais avec un tel tableau brossé sur la base de chiffres officiels, la prévision de 4,6% laisse songeur sachant que Bank Al Maghrib s’est contenté dans ses prévisions pour 2020 d’un taux de croissance de 3,8%.
En outre, on peut se demander quel chemin ou raccourci l’économie nationale emprunterait-t-elle pour réaliser une telle performance.
Qu’on en juge : l’hypothèse la plus importante sur laquelle s’appuie cette prévision réside en une une progression de plus de 10% de la valeur ajoutée agricole au terme de la prochaine campagne. “On ne pourra pas avoir deux années de sécheresse successives”. Un pari sur la pluie !
Les autres hypothèses se résument au maintien de l’activité des secteurs estimés résilients, cités plus haut, ou qui montrent des signes de reprise, et l’espoir que les conditions de l’offre ne soient pas trop contraignantes. Le tout dans un contexte international dominé par les tensions politiques et économiques qui n’augurent rien de bon pour “une petite économie” qui a fait le choix de l’ouverture tous azimuts sur l’extérieur.
Le 28 septembre 2019
Source web Par Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation
Conjoncture: Les chefs d’entreprises dépriment
Les patrons jugent la situation «inquiétante» selon le baromètre CGEM La réforme des délais de paiement, très attendue La contraction de l’activi...
Projet de loi de finances 2017 : Une fin de non-recevoir
Le projet de budget 2017 présenté par le gouvernement sortant suit la longue liste des budgets présentés par lui depuis 2012, marqués du sceau de la noncha...
Au Maroc, le développement industriel en question
Beaucoup de voix s’élèvent ici et là pour critiquer le modèle de développement industriel suivi au Maroc. Ce dernier, essentiellement basé sur une polit...
Patronat basque : Le Maroc, une destination de choix pour les opérateurs économiques étrangers
Le Maroc a mis en place une stratégie sectorielle claire et bien définie’’ pour assurer une croissance économique soutenue et se consolider comme une des...
Prévisions de croissance 2016 Une bataille des chiffres dans l'air
Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a jeté un pavé dans la marre, en annonçant la semaine dernière 1% de croissance seulement pour cette année. La réaction d...
La croissance économique au Maroc passera de 3,2% en 2019 à 3,8% en 2020
Des perspectives positives par la BERD pour la région Semed La Banque européenne pour la restructuration et le développement (BERD) émet des anticipation...
PLF 2019: Les investissements des entreprises publiques par secteur et par région
Les entreprises et établissements publics prévoient d’investir 99 MMDH dans le cadre du PLF 2019. Un montant en baisse de 8% par rapport aux prévisions ini...
Marrakech attire de plus en plus les investisseurs immobiliers belges et français (L'Echo)
Marrakech, principale ville touristique du Maroc, attire de plus en plus les investisseurs immobiliers belges et français, particulièrement séduits par l'...
A Rabat, les institutions financières arabes courtisées pour investir en Afrique
Dans une lettre adressée aux participants des assemblées annuelles communes des institutions financières arabes, le Roi Mohammed VI a appelé ceux-ci à se p...
Le potentiel du Maroc et son attractivité en matière d'investissement présentés à Paris à des
Le potentiel du Maroc et son attractivité en matière d’investissement ont été présentés, mercredi soir à Paris à des chefs d’entreprise français, l...
Parlement: plus de 25% des députés n’ont pas le niveau du Baccalauréat
La session parlementaire printanière vient de clore ses travaux. Mais l’heure était à un bilan d’un genre particulier. Des chiffres précis, et surprenan...
Le Maroc, meilleur pays du Maghreb pour faire des affaires selon Forbes
Le magazine américain Forbes a dressé son classement 2016 des meilleurs et pires pays où faire des affaires. Le Maroc se situe en 51e position sur les 137...