Un exploit peu commun: Gravir les 4167 m du Toubkal deuxième sommet d'Afrique à faire en une journée !
Pourquoi le Toubkal fait partie des six meilleures randonnées du monde
L’ascension dure entre 6 et 8 heures. Le retour entre 3 et 4. En somme, une douzaine d’heures, à répartir sur deux jours de préférence
Caressé par la lumière, l’eau, le vent et l’air, le Mont Toubkal est une promesse d’immensité. Mais pas que. Le plus haut sommet du Maroc, et le second en Afrique, culminant à 4167m d’altitude, derrière le Kilimandjaro (5 149 m), est aussi le creuset d’une biodiversité riche et variée, ainsi qu’un terrain de jeu parfait pour les amateurs de randonnées. Dans ce constat, le chauvinisme n’a pas sa place, puisqu’il nous vient d’outre-Atlantique, et de la chaine américaine, CNN.
En listant les 23 meilleurs circuits de randonnée au monde, la chaîne d’information en continu classe en 6ème position, le circuit qui mène vers les cimes du Mont Toubkal. D’ailleurs, excepté la Forêt impénétrable de Bwindi, en Ouganda (15ème), le géant du Haut Atlas est l’unique site africain représenté dans ce classement, sur lequel trône le chemin de randonnée Pennine Way, situé le long de la frontière entre l’Angleterre et l’Ecosse.
Si le média américain a été séduit par le sommet qu’il décrit comme l’endroit « où les montagnes de l’Atlas s’étalent pour une vue majestueuse », le chemin qui y mène l’est tout autant. En parcourant sentiers pédestres et muletiers, les randonneurs ont l’opportunité de vivre une expérience inoubliable. Unique. Le Parc du Mont Toubkal regorge d’atouts touristiques, à même de faire passer au second plan, le sentier qui mène au Kilimandjaro, comme cela nous a été confirmé par Abderrahim Oukioud, guide de montagne.
Après des dizaines de voyages organisés dans le mont et sa région, celui qui a été sacré troisième meilleur guide au monde, selon les célèbres Wanderlust World Guide Awards 2018, s’est lié d’affection pour cette montagne et ses vallées de toute beauté. Une affection qui ne l’empêche pas de porter un regard critique sur les disgrâces qui y font tache.
Un sommet à conquérir en un week-end
Aux yeux d’Abderrahim Oukioud et des nombreux randonneurs qu’il a guidés par le passé, la possibilité de conquérir le sommet du Mont Toubkal en un week-end, représente un atout majeur. En effet, excepté le circuit de ‘’La grande traversée’’, qui dure 21 jours, au départ d’Azilal, en passant par la vallée d’Ait Bouguemez, le M’goun, pour finir au Toubkal « Si le randonneur est en bonne condition physique et qu’il a uniquement envie de grimper le Toubkal, on lui propose un transfert vers Imlil, avant d’aller au refuge de Toubkal, la Base Camp qui se trouve à 3200 m d’altitude. Et le lendemain, de s’attaquer au sommet », précise Abderrahim Oukioud. Et d’ajouter un autre atout de taille, et non des moindres : « Contrairement au Sahara où les randonnées sont organisées seulement en hiver et en automne, le Toubkal, s’offre aux touristes tout au long de l’année. En hiver, quand il y a de la neige, une période à ravir les randonneurs friands de challenge et de conditions climatiques difficiles, ou bien en été, lorsque la météo est plus clémente ».
Cela dit, quelle que soit la durée de l’ascension ou le circuit choisi, l’empreinte sauvage du Mont Toubkal lui confère un attrait particulier. « La majorité des randonneurs que j’ai rencontrés, et qui avaient déjà atteint le sommet du Kilimandjaro, m’ont avoué avoir eu un coup de coeur pour le Toubkal, du fait de son aspect sauvage, dû notamment à l’érosion et aux conditions climatiques parfois extrêmes qui font que les sentiers sont mouvants, à l’inverse du Kilimandjaro qui dispose d’un sentier artificiel jusqu’à son sommet », nous indique notre interlocuteur, tout en rappelant que cette particularité dont jouit le Toubkal a aussi son inconvénient « L’ascension n’est pas à prendre à la légère. Quasiment toutes les personnes qui y sont décédées, n’avaient pas pris de guide. A cause d’un trop plein de confiance en soi, nombreux sont ceux qui ont cru, à tort, être capables d’atteindre le sommet rien qu’en suivant des coordonnées GPS. Un risque inutile d’autant plus que les guides d’Imlil, sont aussi compétents qu’avenants ».
Une altitude à apprivoiser et un environnement à respecter
Toujours dans la série des difficultés, l’altitude se dresse en tête de liste. A partir de 3200m, le sentier devient plus technique, ses effets sur le corps se font durement sentir, « d’où l’intérêt d’un temps d’adaptation. Ce qui passe forcément par la répartition de l’ascension en deux jours, contrairement à certains qui la réalisent en un seul. Principalement les Marocains», prévoit A. Oukioud. Et d’avertir : « En un jour, c’est dangereux, car cela peut causer des problèmes de santé et surtout, on ne profite pas du paysage. Ça devient une course contre la monde qui peut être désagréable ».
Enfin, un avertissement en appelle un autre, quand on a demandé à Abderrahim Oukioud de nous parler des points à améliorer dans le circuit du Mont Toubkal, il a d’emblée et sans hésitation fustigé le manque de conscience environnementale des visiteurs. «Le Toubkal est devenu une poubelle à ciel ouvert», se désole-t-il, en pointant du doigt les voyageurs solitaires, qui « laissent derrière eux de nombreux déchets, à chaque fois qu’ils campent quelque part». Un problème dont la solution passerait, selon lui par la mesure qui consiste à « monnayer l’entrée au Parc National du Toubkal. A l’instar de l’Himalaya où le droit d’entrée peut atteindre les 2000 DH environ; randonneurs, campeurs ou simples visiteurs, devraient tous payer ce droit. La manne financière récoltée permettra d’entretenir les lieux, en termes d’hygiène notamment. ».
Le 28 mars 2019
Source web : le matin
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