30 Mars Journée nationale des personnes handicapées
Naissance d'un Collectif pour la promotion des droits et de la citoyenneté
Dernière mise à jour : 28/03/2013 à 17:30
Loubna Cherif Kanouni, présidente fondatrice du Collectif pour la promotion des droits et de la citoyenneté des personnes en situation de handicap. /DR
Le Maroc célèbre ce samedi la Journée nationale des personnes handicapées. Une composante de la société marocaine qui représente près de 5,12% de la population, selon une enquête nationale établie en 2004, la seule réalisée à ce jour. L'absence de chiffres exacts et de stratégie dédiée aux personnes handicapées sont à signaler. Un rapport élaboré par le Conseil économique, social et environnemental, intitulé “Respect des droits et inclusion des personnes en situation de handicap” a vu le jour en juillet 2012. Ce dernier a servi de feuille de route pour une cinquantaine d'associations de la région de Casablanca-Settat, qui se sont réunies en Collectif pour la promotion des droits et de la citoyenneté. L'annonce de la création de ce collectif a été faite jeudi à Casablanca. Loubna Cherif Kanouni, présidente fondatrice de ce collectif, nous en dit plus sur ce nouveau né.
Tout d'abord, pourquoi avoir fait le choix de vous organiser au sein d'un collectif ?
Parce qu'il y a beaucoup de choses à mettre en place pour les personnes en situation de handicap dans notre pays. Il y a eu plus de 120 associations qui ont été contactées, pour voir est-ce qu'il était temps ou pas de mettre les choses en place. Parmi les choses que nous voulons mettre en lumière, l'arsenal juridique est notre priorité. Il existe effectivement des textes qui datent de plus de dix ans, repris par le rapport du CESE (Conseil économique, social et environnemental, ndlr) publié en juillet 2012. Le handicap touche d'une façon transversale tous types de domaine, aussi bien la santé, que l'éducation, l'emploi, l'accessibilité,...Mise à part l'absence d'un recensement récent, que pensez-vous de l'arsenal juridique dont nous disposons jusqu'à maintenant ?
On parle d'une famille sur quatre qui est touchée par le handicap. C'est beaucoup. Donc, qu'il y ait un arsenal juridique fait partie des choses légitimes qui sont réclamées par les associations œuvrant dans ce domaine. D'une part, l'arsenal juridique existe en partie mais n'existe pas en totalité. D'autre part, les interlocuteurs du handicap se sont démultipliés et en même temps amenuisés. Il n'y a pas une seule entité qui s'occupe du handicap, d'où la naissance de ce collectif.
Sans chiffres exacts, et avec un manque d'arsenal, quels sont vos outils de travail ?
Un rapport du CESE a présenté les priorités de travail autour des personnes handicapées. Le conseil a travaillé en concertation avec plusieurs associations et il y a eu un travail de fond qui a été fait. Bien sûr le constat est alarmant. On n'est pas du tout sur des choses ludiques, loin de là. On est à un moment clé de notre avancée économique et de notre développement. Il est temps de prendre en considération toute cette tranche de population qui pourra être productive. Une partie de ces personnes est en mesure de travailler, encore faut-il leur en donner la possibilité. Il y a également des personnes dépendantes, qui ont besoin d'aide et d'une prise en charge. Voilà un très grand moteur d'emploi.
Qu'en est-il du projet de loi qui devra voir le jour fin 2013 ?Le projet de loi n'a malheureusement pas encore vu le jour. Mais une grande partie du travail a été faite par les associations. La ministre de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a annoncé que le projet sera présenté fin 2013. Nous nous en félicitons, les choses commencent à bouger. Maintenant, il faut effectuer tout un travail de capitalisation.
Qu'est-ce qui vous semble le plus urgent s'agissant des droits des personnes en situation de handicap ?
Le droit au diagnostic précoce du handicap. Très souvent, on peut réduire un handicap, s'il est diagnostiqué assez tôt. Ainsi ces personnes pourront être prises en charge dans des centres adaptés et être insérées dans la société à travers l'éducation, la formation et l'emploi, tout en assurant un suivi médical. Tout est prioritaire à vrai dire. Ce qui me semble être le plus urgent, c'est la prise en charge des familles nouvellement touchées par le handicap d'une manière ou d'une autre, à travers une sorte de guichet unique, comme on a fait pour les entreprises. Ces familles doivent pouvoir être informées, orientées et accompagnées.
Les recommandations du CESE
Au Maroc, la loi n°07-92 relative à la protection sociale des personnes handicapées a défini le handicap dans son article 2, en stipulant qu’est considérée comme handicapée, au sens de la loi, “toute personne se trouvant dans un état d’incapacité ou de gêne permanente ou occasionnelle résultant d’une déficience ou d’une inaptitude l’empêchant d’accomplir ses fonctions vitales, sans distinction entre handicapés de naissance et ceux qui souffrent d’un handicap acquis”.
Dans son rapport de juillet 2012, le conseil économique, social et environnemental avait notamment recommandé de:
• Mettre en place une stratégie nationale globale et intégrée relative au handicap, à partir d’une approche fondée sur le Droit.
• Lutter contre les stéréotypes.
• Intégrer le handicap dans les enquêtes, les études et les recherches menées par les différents départements ministériels au niveau national, régional et local, les instituts de recherche et les universités.
• Créer une instance interministérielle, rattachée au chef du gouvernement, chargée de la coordination, du monitoring et de l’évaluation des politiques gouvernementales relative au handicap.
• Assurer l’éducation des enfants en situation de handicap dans le système de l’éducation nationale, au même titre que les enfants non handicapés.
SOURCE WEB Par Yassine Benargane Aufait Maroc
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