Attaque massive
Au début de 2014, l’euro valait 3 livres turques. Au 15 août 2018, il en vaut 8, sachant que le recul fut d’abord lent puis d’un seul coup très brutal depuis deux petits mois.
C’est comme s’il fallait 30 DH pour un euro, là où il n’en fallait que 11, quatre ans plus tôt. La différence entre le Maroc et la Turquie est qu’Ankara a toujours géré sa politique économique avec le prix de sa monnaie.
Ce qui lui a plutôt bien réussi, vu le développement industriel depuis les années 1970. La limite actuelle du système est la concentration des clientèles autour du parti et de la famille d’Erdogan.
Ces troubles ne concerneraient pas le Maroc, si nous n’avions pas un accord de libre-échange avec Ankara. Ainsi, les importations en provenance de Turquie ont explosé de 50%.
Dans le commerce du Maroc, aucune importation, d’où que ce soit, n’atteint cette progression. Dans l’autre sens, à part vendre des engrais (face à une concurrence russe puissante), rien ne passe plus vers la Turquie.
Le cas est inédit. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut rester passif. Cette situation n’a que trop duré. Notre naïveté, notre complaisance font que nous subventionnons la création d’emplois en Turquie, avec notre argent!
Et ce n’est pas tout, puisque, dans l’autre sens, nous laissons nos emplois être détruits par l’attaque turque, une attaque massive via sa monnaie.
Nous ne sommes plus dans un commerce normal, entre gens ayant la même pratique loyale des échanges et de la concurrence. Le Maroc est une cible parmi les autres, mais plus fragile que les autres.
Ses industries et ses emplois ont affaire à une attaque violente, dangereuse, terriblement accentuée aujourd’hui.
On a compris qu’il y avait eu une certaine communauté entre l’ancien gouvernement de Benkirane et les Frères musulmans d’Erdogan, mais ceci doit être repesé, repensé en fonction des intérêts du Maroc et des Marocains. Seulement de ces intérêts-là. Et vite.
Le 16 août 2018
Source web par : l’économiste
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