Köhler pousse à des négociations directes Maroc-Polisario avant fin 2018
Dans son rapport d’information présenté devant le Conseil de sécurité le 21 mars faisant état de ses récentes consultations, l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies a indiqué qu’il poussait les belligérants du conflit du Sahara Occidental pour une reprise des négociations directes avant la fin de l’année. Compte-rendu du Security Council Report
En avril, le Conseil de Sécurité devrait adopter une résolution prolongeant le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui expire le 30 avril.
Le Conseil recevra le rapport du Secrétaire général, Antonio Guterres, sur la situation dans le territoire et sera informé par le Représentant spécial du Secrétaire général, Colin Stewart, et le Département des affaires politiques de la situation avant le renouvellement de la MINURSO.
Le 21 mars, l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Horst Köhler, et le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, ont informé les membres du Conseil lors de consultations. Cette réunion faisait suite à la résolution 2351 adoptée le 28 avril 2017. En renouvelant le mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, la résolution demandait au Secrétaire général d’informer le Conseil de sécurité dans les six mois suivant la nomination du nouvel Envoyé spécial.
La résolution demandait des informations sur la manière dont l’Envoyé spécial, travaillant avec les parties, progressait vers une solution politique mutuellement acceptable qui assurerait l’autodétermination du peuple du Sahara occidental comment les mesures de performance de la MINURSO étaient élaborées et mises en œuvre et comment les structures et le personnel pourraient être réorganisés pour atteindre efficacement les objectifs de la mission.
Köhler a fait état de ses consultations récentes, qui comprenaient des réunions bilatérales avec les parties, ainsi que des réunions avec les pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie, et l’Union africaine ainsi que l’Union européenne. Köhler a également rapporté avoir rencontré les membres permanents du Conseil, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, avec l’intention de rencontrer les deux autres membres permanents, la Chine et la Russie, ainsi que d’autres gouvernements concernés. Bien qu’il n’ait pas divulgué de détails, Köhler a fait part de son intention d’organiser des négociations directes entre les parties avant la fin de l’année, soulignant que les parties devaient s’engager de bonne foi et sans conditions préalables. Les membres du Conseil ont massivement exprimé leur soutien à Köhler et à ses efforts, selon le Security Council Report.
Le Maroc refuse l’envoi d’une mission technique à Guerguerat
Lacroix a informé les membres du Conseil en réponse au paragraphe 3 de la résolution 2351 dans lequel le Conseil a reconnu que la récente crise dans la zone tampon de Guerguerat « soulevait des questions fondamentales concernant le cessez-le-feu et les accords connexes et a encouragé le Secrétaire général à étudier ces questions ». Il a fait savoir aux membres du Conseil que le Département des opérations de maintien de la paix DOMP avait transmis une note verbale aux parties sur son intention d’envoyer une mission technique à Guerguerat et de demander des informations aux parties sur leurs questions relatives au cessez-le-feu. Il a indiqué que la réponse du Maroc était qu’une telle mission était « inopportune et inappropriée » et bien que le Front Polisario ait accueilli l’envoi d’une mission, il n’a fourni aucune des informations supplémentaires demandées.
Après la séance d’information, le président du Conseil de sécurité a transmis des éléments convenus à la presse au nom des membres du Conseil. Dans ce document, ceux-ci ont exprimé leur plein soutien aux efforts de l’Envoyé personnel et se sont félicités de ses récentes réunions bilatérales avec les parties et les pays voisins pour relancer le processus de négociation avec une nouvelle dynamique et un nouvel esprit, menant à la reprise d’un processus politique sous les auspices du Secrétaire général. Les membres du Conseil ont souligné l’importance de maintenir un engagement constructif dans un effort pour faire avancer le processus politique. Ils se sont également déclarés préoccupés par la situation à Guerguerat et ont rappelé qu’il importait de maintenir le statu quo tel que mentionné dans le rapport du Secrétaire général et qu’il était nécessaire d’appliquer intégralement la résolution 2351.
Des interprétations divergentes sur le mandat de la Minurso
Le principal problème est que les parties au conflit demeurent dans l’impasse et que le processus politique est au point mort parce que les propositions respectives des parties pour la base d’une solution politique esquissée en 2007 s’excluent mutuellement. Le Conseil pourrait envisager des moyens de soutenir le nouvel Envoyé personnel dans ses efforts pour convoquer un cinquième cycle de pourparlers entre les parties. Les membres du Conseil de sécurité peuvent examiner comment ils peuvent encourager les parties, collectivement ou bilatéralement, à aborder de telles discussions de bonne foi.
Un autre problème est que les parties ont des interprétations très divergentes du mandat de la MINURSO. De l’avis du Maroc, le rôle de la mission se limite à surveiller le cessez-le-feu, à soutenir le déminage et à aider le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à prendre des mesures de confiance au cas où ces activités reprendraient après leur interruption en juillet 2014. Rabat n’inclut pas le contact avec la société civile ou d’autres acteurs civils.
En revanche, le Polisario soutient que l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination reste l’élément central du mandat de la mission, la surveillance du cessez-le-feu et d’autres activités étant subordonnées à cet objectif.
Le Conseil pourrait tenter de clarifier les objectifs et le mandat de la mission dans la résolution renouvelant le mandat de la MINURSO, mais pour cela les membres du Conseil eux-mêmes ont des points de vue divergents sur cette question.
Il existe une division parmi les membres du Conseil sur la façon dont ils voient le conflit. Cependant, il semble que la composition actuelle du Conseil soit moins polarisée qu’elle ne l’a été au cours des dernières années, lorsque les divisions ont empêché le Conseil de parvenir à des conclusions sur le Sahara occidental, même lors de crises successives.
Les membres semblent également être unis dans leur soutien à Köhler et à son travail. La France, membre permanent, soutient fermement la position marocaine et continuera probablement à travailler pour protéger les intérêts du Maroc pendant le renouvellement de cette année. Les membres africains du Conseil n’ont pas une position commune. L’Ethiopie est le seul membre africain à reconnaître la « République arabe sahraouie indépendante (RASD) », auto-proclamée par le Polisario en 1976. En revanche, ni la Côte d’Ivoire, ni la Guinée équatoriale ne reconnaissent la « RASD ». La Bolivie reconnaît également la « RASD », et le parlement d’un autre membre, la Suède, a voté la reconnaissance d’un Sahara occidental indépendant en 2012. Le gouvernement suédois n’a pas mis en œuvre cette mesure.
Une indication selon laquelle l’administration américaine cherchera à réduire le financement de la MINURSO figure dans sa proposition de budget pour 2019. Washington propose de réduire de plus de moitié la contribution américaine à la MINURSO et suggère des réductions du personnel civil et de la force de maintien de la paix. Les États-Unis sont le penholder du Sahara occidental et des résolutions sont initialement discutées entre le « Groupe des Amis », composé de France, Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis, rejoints par l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale.
Le 31 mars 2018
Source Web : Le Desk
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