Que rapporterait au Maroc, l’organisation de la Coupe du monde 2026?

En plus des retombées immédiates, liées à l’afflux de touristes durant la compétition, le Mondial laisserait au pays des infrastructures aux normes internationales et offrirait, au niveau mondial, une visibilité sans commune mesure pour le Maroc.
Les retombées à moyen terme
La Coupe du monde est l’événement le plus suivi de la planète. Aucun autre événement sportif, culturel ou politique, ne peut rivaliser avec la "reine des compétitions".
La Coupe du monde 2014 a été suivie par plus de 3,2 milliards de téléspectateurs, dont 1 milliard pour la finale seulement. Durant plus d’un mois, les yeux du monde entier étaient rivés sur les matches de la coupe et les villes qui les ont accueillis.
Des dizaines de milliers de journalistes pourront venir au Maroc pour couvrir l’événement (au Brésil en 2014, 16.746 accréditations médias ont été imprimées). De par le monde, ce seront des centaines de milliers de bulletins d’information, diffusés dans des chaînes de télé mondiales, où le Maroc sera cité. Une couverture médiatique d’une telle densité ne manque pas de toucher une plus large population, que celle des seuls supporters de football.
Par ailleurs, un vecteur de diffusion de l’image du Maroc, autrement plus important que les médias conventionnels, sera le million de smartphones, portés par les supportes qui ne manqueront pas de suivre leurs équipes dans les stades mêmes de la compétition. Plus d’un million de touristes ont visité le Brésil durant la Coupe du monde 2014 et autant de supporters sont attendus en Russie en 2018.
C’est l’équivalent de 9% des touristes qui ont visité le Maroc en 2017. Au cas où le Maroc réussit son accueil, le ou les millions de visiteurs qui s’y rendraient, seront par la suite autant d’ambassadeurs et ne manqueront de diffuser une image positive du pays.
Le capital sympathie que le Maroc engrangerait dans ce cas, devrait se traduire dans les années ultérieures, par une affluence touristique plus importante.
Le Maroc développerait son capital confiance, dans la mesure où il prouverait son sérieux, pourrait attirer plus d’investissements étrangers. L’organisation d’un événement d’une telle envergure, réparti sur plusieurs villes, exige en effet une haute efficience de la part des pouvoirs publics et un niveau minimum d’organisation et de capacités de travail des opérateurs privés, que peu de pays au monde peuvent garantir.
Une enquête menée par le ministère du Tourisme brésilien, révèle que le pays a accueilli durant sa Coupe du monde, des touristes de 203 nationalités et la plupart d'entre eux (61%), l’ont visité pour la première fois.
Pour un pays comme le Maroc, la possibilité d’accueillir des touristes d’autant de pays, qui n’auraient jamais foulé son sol sans un tel événement, est d’une grande importance. En plus de sa nature généreuse et diversifiée, le pays a une tradition millénaire. Ses costumes, son architecture et sa gastronomie sont riches et singuliers. Tous ces atouts sont souvent mal connus à l’étranger. En tous les cas, pas à une échelle suffisante. D’où l’intérêt d’un tel événement pour la visibilité du pays dans le monde.
Forte hausse ponctuelle des recettes en devises
La proximité de l’Europe pousserait ses ressortissants à se déplacer en masse au Maroc durant la compétition. Les milliards de DH qu’ils dépenseront pour leur hébergement et leurs achats dynamiseront l’économie du pays. Les données de la Banque centrale brésilienne montrent qu'en juin et juillet 2014, période de la Coupe du monde, les visiteurs internationaux ont dépensé 1,5 milliard de dollars dans le pays, un chiffre record représentant une augmentation de 60% par rapport à la même période de 2013.
Les fonds que la FIFA verserait au comité organiseur marocain, pour l’organisation de la Coupe 2026, seront autant de devises. Là encore, si l’on se fie aux chiffres de la dernière Coupe organisée, celle de 2014, son comité avait reçu 453 millions de dollars. Si on corrige ce montant par l’augmentation du nombre de participants, qui passent de 32 à 48 pays, et par l’inflation cumulée des douze années qui séparent les deux éditions (27% si on compte un taux annuel moyen de 2%), on arriverait à un montant estimé de 863 millions de dollars.
Mais ces entrées de devises, qu’elles émanent de la FIFA ou des touristes n’auraient qu’un effet ponctuel et circonscrit à 2026, l’année de l’événement. Et même pour l’année en question, leur effet serait limité. Au Brésil, l’augmentation des recettes était de 60% pour juin/juillet. Ramenée à l’année entière, elle ne représenterait plus que 10 à 12% des recettes touristiques du pays.
Les retombées à long terme
La Vie Touristique
Les investissements publics consentis par les autorités brésiliennes s’élèvent à 8,5 milliards de dollars. Le montant comprend 2,7 milliards de dollars, utilisés dans la construction et la rénovation de stades, le reste se rapportant aux travaux de mobilité urbaine, aux ports et aéroports, ainsi qu'aux investissements dans l'infrastructure touristique, la sécurité et les télécommunications. En d’autres termes, le ratio est de 1 dollar pour les stades et 2 dollars pour les infrastructures annexes.
Le Maroc est dans la même configuration que le Brésil, car ce dernier a lui aussi utilisé le Mondial, pour équiper des villes moyennes, avec des stades et des nouvelles infrastructures. En se basant sur le montant annoncé récemment par le ministre Talbi Alami, les stades couteraient 1 milliard de dollars au Maroc. Les investissements en infrastructures s’élèveraient donc au bas mot, à 2 milliards de dollars. C’est une estimation prudente, comparée aux 6 milliards investis par le Brésil en infrastructure.
14 stades proposés, 12 élus
Pour les seuls stades, il faut savoir que le prix moyen d'un siège est de 20.000 DH. Ce prix monte à 25.000 DH/siège pour les stades de haut standing. Le stade de Casablanca, pour l'ouverture et la finale, coûterait donc 2,5 MMDH pour 100.000 places.
Le Maroc propose dans son "bid book", 14 stades. La FIFA en choisira 12.
Les stades proposés sont les suivants: 5 existants (Marrakech, Tanger, Agadir, Fès, Rabat), deux en cours de travaux ou en prélancement, déjà budgétisés (Tétouan et Oujda) et 7 à construire et à financer (2 à Casablanca, un second à Marrakech, 4 autres à Ouarzazate, Nador, Meknès, Eljadida). Les 5 stades existants devront être mis à niveau, aux normes d'une Coupe du monde.
Autour de chaque stade, il faudra 3.000 lits d'hôtels déjà existants en 2018 et 5.000 lits au minimum en 2026. Chaque stade devra être à 15 mn d'un aéroport.
Le choix des emplacements proposés par le Maroc est un compromis entre les contraintes de la FIFA (aéroports, mobilité, autoroutes, infrastructure sanitaire...) d'une part, et la volonté de créer une dynamique régionale et territoriale à l'intérieur du pays.
Quels que soient les montants investis en infrastructures, ces dernières demeurent. Selon nos sources, le Maroc voudra faire du Mondial 2026 l'occasion pour mettre à niveau les infrastructures dans les villes concernées et créer une dynamique dans ces territoires.
Les villes qui les accueilleront en bénéficieront largement, pour améliorer la qualité de vie de leurs citoyens et pour dynamiser leurs économies. Certes, ces investissements n’ont pas besoin d’une telle manifestation pour être lancés et leur incidence sur l’économie s’inscrit sur le long terme et ne dépend guère d’un événement conjoncturel comme la Coupe du monde.
Cependant, l’engouement suscité par l’honneur d’accueillir une telle manifestation et l’enthousiasme que créera le défi d’être "à la hauteur" de l’événement, serviront à coup sûr, de puissant catalyseur pour une mobilisation tous azimuts des forces vives du pays. D’un objectif ultime, l’organisation réussie de la Coupe du monde, changerait de statut et deviendrait le point de départ d’une aventure plus importante, celle du développement pérenne du pays.
Le coût final pour le pays pourrait être de 50 à 60 milliards de DH au minimum. Si ces montants sont pour l'essentiel investis dans l'infrastructure et les régions, s'ils créent des dynamiques locales sur le plan social et économique, pourquoi pas?
Le 11 mars 2018
Source Web : Médias 24
Les tags en relation
Les articles en relation

Comment la Task Force de la FIFA a noté le dossier Morocco 2026
Avec une note générale de 2,7/5, la note éliminatoire étant de 2/5, c’est in extremis que la candidature marocaine a relevé l’épreuve de la Task Force...

Foot : Heurts à Bruxelles après la qualification du Maroc
Des échauffourées ont eu lieu, hier soir à Bruxelles, après la qualification du Maroc en Coupe du monde. Quelque 22 policiers ont été blessés d’après ...

Les 12 villes marocaines choisies pour accueillir les matches du Mondial 2026
Quatorze stades seront construits dans 12 villes marocaines, d'ici 2026, afin d'accueillir le Mondial, annonce Mountakhab, citant Rachid Talbi Alami, mi...

Mondial 2026 : La France soutient le Maroc
La France soutient la candidature marocaine pour l’organisation de la Coupe du monde 2026. C’est ce qu’a indiqué, jeudi 22 mars, la Fédération royale m...

Mondial 2026. Pourquoi le Maroc ne va pas battre l'Amérique le 13 juin prochain
Maroc 2026 a fait le plus dur en passant le cut de la Task Force. Mais les deux dossiers en lice doivent passer une autre épreuve avant le vote fatidique. Faut...

Mondial 2026: voici les bid books du Maroc et du trio
La FIFA a publié ce lundi 26 mars le dossier de la candidature nord-américaine ainsi que le dossier de la candidature marocaine pour l'organisation de la ...

Maroc 2026 aurait déjà garanti 103 voix
Les chances du Maroc de gagner l’organisation de la Coupe du monde 2026 sont bien réelles. A tel point qu’un média espagnol n’a pas hésité, démonstra...

Mondial 2026: après les menaces, Trump lance un message à l’Afrique
Le président américain, Donald Trump, a reçu, lundi 30 avril, son homologue nigérian, Muhammadu Buhari. Il s’agit du premier dirigeant d’Afrique subsaha...

Ahmad Ahmad : «la candidature du Maroc aura des effets bénéfiques sur la communauté et la jeunes
Lors d’une conférence de presse organisée mardi à Marrakech en marge du symposium de football féminin africain, le président de la CAF, Ahmad Ahmad, a r�...

Coupe du monde 2026 A deux jours de vote, le Maroc 2026 ne lâche rien
Alors que son duel avec United 2026 bat son plein en vue de l'attribution de la Coupe du monde 2026, le Comité de candidature marocaine pour l'organisa...

Mondial 2026: la FIFA veut-elle écarter la candidature marocaine?
Le président de la FRMF et membre du Comité de candidature Maroc 2026, Fouzi Lakjaa, a récemment envoyé une lettre au président de la FIFA, Gianni Infantin...

Du bon, du moins bon, des ratages et un certain blocage
Ainsi soit-il. Difficile de résister à la tentation de faire avec cette inéluctable tradition consistant à dresser un bilan ou du moins ressortir les évén...